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Que faire quand une plate-forme crypto s’effondre ?

Comme Celsius ou Montgox avant elle, la plate-forme FTX a déclaré faillite. Si vous avez des cryptomonnaies stockées sur un exchange centralisé qui menace de s’écrouler, ou qui vient de déposer le bilan, on vous recommande de prendre quelques précautions.

Le géant FTX s’est effondré. En quelques jours, la plate-forme d’échange a fait faillite, engloutissant les économies de ses clients. Malheureusement, ce n’est pas la première fois qu’un exchange de cryptomonnaies disparaît brutalement en lésant sa clientèle. On se souviendra notamment de Celsius, qui a déposé le bilan au début de l’été à la suite de la mort du stablecoin UST. Plus récemment, la plate-forme BlockFi a également déposé le bilan, après des mois de suspense. Dans les mois à venir, d’autres acteurs phares de l’écosystème devraient connaître le même sort que FTX et Celsius. Pour Changpeng Zhao, PDG de Binance, la chute de l’empire FTX risque de provoquer un effet domino :

« Surtout ceux qui sont proches de l’écosystème FTX, ils seront affectés négativement. Quelques autres projets seront dans des situations similaires ».

Vous l’aurez compris : déposer vos cryptomonnaies sur une plate-forme centralisée représente actuellement un risque. Si la plate-forme sur laquelle vous avez placé des cryptos se retrouve prise dans la tempête qui bouleverse l’industrie, on vous conseille d’adopter certains bons réflexes.

A lire aussi : Krach historique des cryptomonnaies – toutes les infos en direct

Les cryptomonnaies verrouillées

Tout d’abord, énonçons l’évidence : retirez vos cryptomonnaies si c’est possible. On vous conseille chaudement de demander le retrait de tous vos crypto-actifs, du moins le temps que la tempête se calme. Cette décision vous permettra de réduire les risques de pertes et de vous épargner du stress inutile. Rien ne vous empêche d’y redéposer vos cryptomonnaies, pour du trading ou pour générer des intérêts, plus tard, quand le marché sera redevenu stable.

En règle générale, une plate-forme qui traverse une crise de liquidités montre des signes inquiétants avant de suspendre les retraits. En restant à l’écoute des marchés, il est possible de retirer ses avoirs avant que ceux-ci ne soient bloqués. Comme le dit l’adage, il vaut mieux prévenir que guérir.

On vous recommande donc de ne pas déposer des crypto-actifs sur des plates-formes qui bloquent vos devises pendant un certain laps de temps, sans possibilité de récupération. Vous devez idéalement pouvoir déplacer vos fonds à n’importe quel moment. Quand le marché est incertain, le mieux est de rester le plus agile possible. Personnellement, j’ai préféré retirer la majorité de mes crypto-actifs de tous les exchanges par précaution au moment où FTX a déclaré faillite. J’attendrais que les turbulences se soient calmées pour envisager de confier à nouveau mon argent à un acteur centralisé.

Wallet crypto Ledger
© Unsplash / Max Saeling

On vous conseille de rapatrier vos devises sur des portefeuilles de cryptomonnaies physiques, comme ceux des marques Ledger ou Trezor. Ces outils, semblables à une clé USB, permettent de sécuriser vos tokens sans passer par un tiers. Notez que l’accessoire ne stocke pas littéralement vos cryptos. Il permet uniquement de sécuriser le wallet. Vos avoirs se trouvent directement sur la blockchain. Notez qu’il est également possible de migrer vos cryptos sur un wallet numérique, comme Metamask ou Green de Blockstream. Optez pour un wallet « non custodial », qui vous permet de détenir vos clés privées.

Conservez des preuves pour le fisc

Si vous n’avez pas eu le temps de retirer vos fonds, ou si ceux sont verrouillés dans un programme d’épargne par exemple, il est important de conserver des preuves que vos cryptomonnaies sont bien coincées sur la plate-forme. Ces preuves seront d’abord utiles lorsque vous remplirez votre déclaration fiscale.

En France, la fiscalité prévoit actuellement une taxe à hauteur de 30 % de la plus-value dès que vous vendez vos cryptomonnaies contre une monnaie fiduciaire (euro, dollar…). En conservant ces preuves, et en cas d’effondrement de la plate-forme, ce qu’on ne vous souhaite pas, évidemment, vous pourrez déclarer vos cryptomonnaies comme perdues. Vous pourrez donc prouver à l’état que vous n’avez pas échangé celles-ci contre des euros. Bref, c’est indispensable pour éviter une éventuelle taxe inutile.

Vous pourrez même utiliser vos éventuelles pertes pour réduire le montant de vos impôts. En effet, la législation fiscale prend en compte les pertes de cryptomonnaies dans le calcul. Attention, il y a évidemment des nuances à prendre en compte. Comme l’explique le cabinet spécialisé Revo Avocats, la perte d’une partie de vos devises « ne permet pas de constater une moins-value brute d’un point de vue fiscal ».

En revanche, l’indisponibilité des cryptos permet de diminuer la valeur du wallet à prendre en compte lors des prochaines cessions. Il sera dès lors possible de réduire le montant de la plus-value déclarée dans le cadre d’autres ventes. En effet, la fiscalité française prend en compte le montant intégral des avoirs en cryptomonnaies lors du calcul des taxes. Le montant de la plus-value est calculé en comparant le prix de vente d’une crypto avec la valorisation complète de votre portefeuille. En tirant la valorisation de celui-ci vers le bas, le montant de la plus-value baisse mécaniquement. De facto, la taxe de 30 % sera appliquée sur une valeur moins élevée. Bref, vous payerez moins d’impôts.

« Cette méthode de calcul revient à valoriser votre #wallet #cryptos dans son ensemble, en considérant que chaque cession est un “retrait partiel” de cet ensemble », explique Revo Avocats. 

De plus, si vos plus-values annuelles n’excèdent pas les 305 euros lors de la conversion en euros, l’État ne réclamera pas d’impôts. Pour les plus petits portefeuilles, la déclaration de pertes peut théoriquement éviter un casse-tête. En déclarant les cryptos perdues, vous pourriez en effet vous retrouver sous le seuil limite de 305 euros.

Des preuves pour les tribunaux

Ensuite, les preuves seront aussi indispensables dans le cadre d’une éventuelle procédure judiciaire. Dans le cadre d’une faillite, la plate-forme, sous le contrôle des tribunaux, va chercher à rembourser ses clients. C’est présentement ce qu’il se passe avec FTX. L’entreprise est dirigée par un groupe d’avocats chargés de remettre de l’ordre et de rembourser le million de créanciers du groupe.

crypto blanchiment d'argent
Unsplash

Au terme d’une longue procédure judiciaire, les investisseurs peuvent espérer retrouver une partie de leurs cryptomonnaies perdues. C’est ce qu’il s’est passé avec Montgox, la plate-forme d’échange piratée en 2014. À la suite de plusieurs années de procédure, certains clients ont obtenu la possibilité d’un remboursement dans le cadre d’une procédure de réhabilitation de leurs fonds organisée par le fiduciaire japonais. Les créanciers pourront se partager les bitcoins restants. Notez que la procédure est seulement sur le point d’aboutir… huit ans après le piratage de Montgox. Les clients ont jusqu’au 10 janvier 2023 pour faire une demande de remboursement auprès de la justice nippone. Pour remplir cette demande, il est nécessaire de fournir des documents attestant de la propriété d’une partie des bitcoins piratés en 2014.

Plus récemment, les clients de la plate-forme Celsius se sont retrouvés dans une situation analogue. Les utilisateurs ayant perdu de l’argent dans la faillite sont invités à se manifester, preuves à l’appui, avant le 3 janvier 2023. Le cabinet new-yorkais Stretto, en charge de la faillite, a en effet mis en ligne un formulaire à remplir pour déposer une demande de remboursement. Ce document réclame une pléthore de données pour donner suite à la requête.

« Joignez des copies de tous les documents à l’appui de la réclamation, tels que des listes de transactions, bons de commande, factures, relevés détaillés des comptes courants, contrats », déclare Stretto dans le formulaire.

On vous recommande de ne pas mettre trop d’espoir dans la procédure de faillite. Une fois que tout est terminé, il ne reste généralement que des miettes pour les utilisateurs lésés. De plus, il s’est dernièrement avéré que la gestion financière de FTX était tout simplement désastreuse. La firme ne dispose que d’un peu plus d’un milliard de liquidités, ce qui ne suffit même pas à rembourser ses 50 principaux clients. Dans ces conditions, on imagine mal que la procédure de faillite puisse aboutir à de bons résultats.

Idéalement, on vous recommande de télécharger un historique de vos dépôts et de toutes vos transactions. La plupart des plates-formes proposent d’obtenir celui-ci sous la forme d’un PDF. Sur FTX par exemple, l’investisseur peut obtenir un historique de ses transactions en suivant la manipulation ci-dessous :

  • Rendez-vous sur FTX.com
  • Connectez-vous à votre compte
  • Allez dans Soldes
  • Téléchargez l’historique de votre solde en cliquant sur l’icône Téléchargement
  • Répétez l’opération pour les sections suivantes, comme les Dépôts, Retraits, Positions, Exécutions, Conversions, Collatéral et Transferts P2P

Vous n’êtes pas obligé de télécharger l’historique des fonctionnalités que vous n’avez jamais utilisées. Par ailleurs, on vous conseille de faire le plus de captures d’écran que vous pouvez tant que la plate-forme est encore accessible. Prenez aussi note de votre numéro d’utilisateur et de tous vos identifiants. Ils seront potentiellement utiles pour démontrer l’étendue de vos pertes.

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Florian Bayard
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