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Procès pour contrefaçon à cause d’une revue de presse en ligne

Le quotidien bourguignon Le Bien Public reproche à Dijonscope.com de lui prendre du trafic Internet à travers une revue de presse.

Comme de nombreux sites Internet, Dijonscope.com propose une revue de presse, appelée « Revue du Web ». Internet s’y prête d’ailleurs plutôt bien. En pratique, une page de Dijonscope affiche une série de liens pointant vers des articles d’autres journaux en ligne. Mais c’est justement ce mécanisme que le groupe Ebra, éditeur des quotidiens bourguignons Le Bien Public et Le Journal de Saône-et-Loire, met en cause.

Le 1er juin 2010, le groupe de presse a assigné en référé le site Internet pour concurrence déloyale et contrefaçon. Il demande un total de 40 000 euros de dommages et intérêts. L’audience est prévue pour le 29 juin, devant le tribunal de grande instance de Nancy.

« Le Dijonscope pille ses confrères », affirme Le Bien Public dans un communiqué. Ebra pointe du doigt non pas le principe de la revue de presse en ligne mais le moyen technique par lequel Dijonscope y donne accès. En effet, lorsque l’internaute clique sur le lien renvoyant vers un article de, par exemple, Rue89, RFI.fr, Arrêt sur images, nouvelobs.com, lejsl.com (Le Journal de Saône-et-Loire), une page intermédiaire de Dijonscope.com s’affiche, avec le titre de l’article, ses premières lignes et, sous l’intitulé « Ailleurs sur le Web » un lien vers le texte en intégralité sur le site du journal cité. Cette page arbore des publicités. Ce qui fait qu’avec des extraits de contenus d’autres sites, Dijonscope.com génère des revenus publicitaires. C’est en tout cas le grief formulé par les plaignants.

« Pillage » contre « atteinte à la liberté d’informer »

Mais il y en a un autre. Dijonscope pointe vers les sites de journaux concurrents par des liens profonds, c’est-à-dire allant directement vers un contenu précis, « permettant d’éviter le passage par la page d’accueil », précise le communiqué du Bien Public. Une pratique qui prive le journal, toujours selon le quotidien dijonnais, d’« une manière équitable de partager à la fois l’information et les connexions que cet élargissement de l’audience attire ».

Les articles cités sous une têtière Dijonscope.
Les articles cités sous une têtière Dijonscope. – Les articles cités sous une têtière Dijonscope.

D’autant que Dijonscope y ajoute une autre astuce. Lorsque l’internaute clique effectivement sur un lien, la page de l’article s’affiche bien, mais en restant sous la têtière Dijonscope.com (voir ci-contre). Un article de Rue89, du JSL, de lyonne.fr ou autre sera chargé dans une frame intégrée au site du Dijonscope. Résultat : l’internaute consulte tous ces contenus en restant connecté à Dijonscope (l’URL est celle du site). Au final, Le Bien Public et Le Journal de Saône-et-Loire n’hésitent pas à parler de « pillage » ainsi que de « détournement » d’audience et de contenus.

En réponse, Dijonscope.com dénonce dans un communiqué « une atteinte à la liberté d’informer et aux usages du journalisme ». Il est vrai que la technique de la revue de presse avec liens profonds est assez répandue sur le Web. Il n’est qu’à songer à la rubrique « La Vigie » de Rue89, à la Revue de Net du Figaro.fr, à la revue de presse de Telerama.fr ou, dans un autre genre, celles de la Quadrature du Net ou du site de l’April. Autant dire que le jugement de cette affaire est attendu.

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Arnaud Devillard