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ARM va-t-il bientôt interdire les puces customisées de Google et Samsung ?

Concepteur des « plans » des puces utilisées notamment dans les smartphones et tablettes, l’anglais ARM est en train de revoir son modèle de licence. Dans sa recherche à la rentabilité, ARM voudrait interdire les tiers pourvoyeurs de technologie. Remettant en cause les puces des Pixel et des Galaxy.

Les puces customs des Google Pixel et autres Samsung Galaxy vont-elles devoir disparaître dans leur forme actuelle d’ici à 2024 ? C’est ce que soutient Qualcomm, en pleine bataille contre ARM. Alors qu’ARM veut faire interdire l’usage par Qualcomm des cœurs CPU que ce dernier a acquis après le rachat de Nuvia, Qualcomm a dévoilé des informations concernant les futurs modes de licence d’ARM. Qui semblent être un futur frein à l’innovation et aux véritables puces personnalisées. Ainsi qu’à tout l’écosystème ARM en fait.

Qualcomm soutient en effet qu’après 2024, ARM cessera d’octroyer les Technology Licence Agreements (TLA) aux concepteurs de puces, mais pas aux fabricants des produits finis. La licence sera donc dans les mains de celui qui utilisera la puce, et non dans celles de celui qui la conçoit. Plus grave encore, Qualcomm explique qu’ARM interdira l’usage de blocs technologiques (GPU, NPU, ISP) conçus par des tiers, dès lors qu’ARM en proposera dans son catalogue. Et ARM serait en train de faire passer le message à tous ses partenaires et OEM.

Lire aussi : Pourquoi ARM a peur que Qualcomm conçoive ses propres cœurs processeur (octobre 2022)

Et c’est là que ce bât blesse pour des entreprises comme Samsung ou Google. Pour ce dernier, qui utilise ses propres puces Tensor dans ses smartphones Pixel, cela signifierait l’interdiction d’ajouter son NPU maison, puisque ARM développe des NPU. Pour Samsung, qui fait appel à AMD pour le GPU de son Exynos haut de gamme, cela signifierait repasser sur un GPU maison ou bien se rabattre sur les blocs GPU d’ARM.

Faire payer la « trahison » de Qualcomm ?

La future puce pour PC de Qualcomm intègrera les premiers coeurs Phoenix développés par Nuvia

À titre de comparaison, un acteur comme Apple ne serait pas touché. Sa licence architecture lui permet de faire ce qu’il veut dans tous ses blocs technologiques qu’il développe lui-même (CPU, NPU et GPU). Selon Semi-Analysis, non seulement Apple, mais aussi Broadcom seraient à l’abri, les deux ayant de longues relations avec ARM. De même que Nvidia, qui a su négocier une licence de 20 ans lors de son échec du rachat d’ARM. Mais de nombreuses entreprises de l’écosystème ARM, comme Imagination qui a notamment développé les GPU pour Apple, seraient menacées.

Loin de sortir de nulle part, ces informations sont révélées par Semi-Analysis, une publication reconnue pour son sérieux dans l’analyse globale des marchés, technologies et acteurs du monde des semi-conducteurs. Or, Semi-Analysis a mis la main sur les documents légaux que Qualcomm présente pour sa contre-attaque face à ARM. On pourrait être tenté de rétorquer qu’il s’agit là d’un élément de campagne dite de « FUD », de la désinformation visant à faire peur à l’écosystème pour qu’il prenne le parti de Qualcomm.

Le souci, c’est qu’ARM est loin d’être une entreprise au clair dans ses méthodes. Il y a bien sûr le problème inscrit dans l’actualité qui pose des questions : pourquoi diable ne pas laisser Qualcomm intégrer les cœurs CPU Nuvia chèrement acquis dans ses futurs produits ? Certains pensent qu’il s’agit non pas d’une vraie inquiétude légale, mais d’un moyen de faire payer Qualcomm pour avoir activement et ouvertement lutté contre l’acquisition d’ARM par Nvidia.

ARM sait la jouer sale… mais à la fin, c’est RISC V qui va gagner

Mais plutôt que Qualcomm, c’est plutôt d’ARM dont il faut se méfier, puisque l’entreprise avait financé une campagne et un site web de dénigrement de RISC V en juin 2018. Une initiative qui visait à déprécier l’image d’un concurrent open-source. Et qui a tourné court : un mois après, le site était retiré (et bloqué d’enregistrement par The Wayback Machine). Non seulement la fondation RISC V avait fait de même en répliquant avec un site, mais en plus ce sont les employés d’ARM qui avaient haussé le ton contre leur direction pour le caractère « sale » de ces méthodes. Qui visaient, rappelons-le, à éviter que la concurrence ne se penche trop sur RISC V.

Lire aussi : Pourquoi Apple se prépare à abandonner (partiellement) ARM pour RISC-V (sept. 2022)

Ces méthodes douteuses, les menaces vis-à-vis de Qualcomm ou les tentatives de contrôle de son écosystème : toutes les actions « violentes » d’ARM semblent pousser l’industrie dans les bras de RISC V. Car si ARM semble prêt à tout pour augmenter ses bénéfices, l’industrie a besoin d’une souplesse… qu’ARM pourrait faire ici disparaître. ARM devrait se souvenir que c’est notamment pour sa souplesse par rapport à x86 que l’entreprise a été sélectionnée par Apple, qui pu contrôler ses puces comme jamais. Mais que ce soient les processeurs spatiaux du futur, les disques sur Seagate ou certains éléments de puces embarquées d’Apple, RISC V a le vent en poupe. Surtout parce que la fondation qui la gère ne peut, structurellement, rien interdire à qui que ce soit dans la conception de puces utilisant ce jeu d’instruction ouvert.

ARM ferait donc bien de calmer ses ardeurs et choyer ses clients. Plutôt que de renforcer sa plus sérieuse concurrence. Et braquer son plus gros client.

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Source : SemiAnalysis


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