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Donnez du mouvement : le flou de bougé

Le principal flou de bougé est dû au bougé de l’appareil lui-même, particulièrement sensible et visible, en longue focale, en long temps de pose et sans…

Le principal flou de bougé est dû au bougé de l’appareil lui-même, particulièrement sensible et visible, en longue focale, en long temps de pose et sans stabilisation physique ou optique de l’appareil.Plus on zoome, plus le cadre se resserre et plus le tremblement du photographe est visible, gêne la visée et joue des tours au moment du déclenchement. Voici pourquoi les photographes de sport appuient leurs impressionnants téléobjectifs (très lourds) sur un trépied (ou un monopode), même à des temps de pose relativement courts. Pour avoir un ordre d’idées, on peut retenir cette règle simple pour éviter le bougé : il ne faut pas utiliser de temps de pose plus long que l’inverse de la focale exprimée en équivalent 24 x 36 mm. La formulation est alambiquée mais facile à retenir : avec un 50 mm, il ne faut pas descendre en dessous du 1/50 ; avec un 100 mm, il ne faut pas descendre en dessous du 1/100, etc. C’est une règle générique. Chacun a sa propre capacité à rester stable, sans compter que le bougé dépend également de l’appareil (un appareil un peu lourd et avec une bonne tenue en main sera plus stable qu’un modèle plus léger, etc.).Si vous vous retrouvez en faibles conditions lumineuses, sans trépied, et que le bougé semble inévitable… servez vous-en ! En déplaçant l’appareil ou, avec un reflex, en zoomant pendant la pose, donnez du mouvement et du graphisme à votre sujet. Affranchissez-vous des préjugés sur les photos bougées.Un autre type de flou apparaît lorsque le sujet lui-même bouge. Quand le temps de pose devient trop long au regard de la vitesse de déplacement du sujet, il est ‘ filé ‘, telle une trace floue dans le décor. Ce flou donne et renforce une impression de vitesse, de dynamique, de temps qui s’écoule et se prête aussi bien aux photos sportives, qu’à celles d’enfants ou de nature… Tant que ça bouge ! L’effet est encore plus net lorsque le sujet mobile se détache bien de l’arrière-plan : flou sur net, le filé, ou inversement net sur flou, le contre-filé.

Un bougé filé

Dans ce cas de figure, seul le sujet mobile est en mouvement. Pour s’assurer que le reste, décor et sujets immobiles seront nets, utilisez un trépied. Faites le point préalablement sur l’arrière-plan et choisissez un mode de prise de vue avec priorité à la vitesse et un temps de pose suffisamment long : autour de 1/10 seconde pour un piéton, à 1/500 seconde pour une voiture de course… En forte lumière, il n’est pas toujours simple d’obtenir des temps de pose longs. Pensez à ajuster les autres paramètres : baissez la sensibilité ISO au minimum et fermez le diaphragme au maximum.Plus le temps de pose est long, plus sa trace va se diffuser dans le décor. Multipliez les essais en adaptant les temps de pose aux changements de lumière (attendez que la lumière baisse, qu’un nuage passe pour favoriser un temps de pose plus long, etc.).La couleur et la luminosité du sujet, en contraste avec celles de l’arrière-plan, ont aussi leur importance. Si le sujet est particulièrement rapide (une voiture, un cheval de course), ne ratez pas le bon moment, photographiez en mode Rafale et déclenchez dès que le sujet entre dans le champ. Tirez parti de cet avantage numérique : la photo à volonté. Vous choisirez ensuite les meilleures positions et compositions. Patience, cette technique requiert beaucoup de pratique et de bonnes occasions à saisir. Les photographes les plus téméraires pourront essayer de combiner le filé avec un coup de flash en synchro lente, qui combine lumière flash et lumière ambiante, pour tout sujet distant à moins de trois mètres.

Un bougé contre-filé

C’est le cas inverse. Vous figez l’action et traduisez son mouvement en floutant le fond. Comment ? En essayant d’épouser le mouvement, dans le sens et avec la vitesse de votre sujet. Votre mouvement panoramique balaiera et brouillera l’arrière-plan fixe mais, s’il est identique, annulera celui de votre ‘ cible ‘. Il s’agit d’un flou de contre-filé. Dans l’option idéale, il faudrait disposer d’un système de mise au point automatique mobile qui détecte le mouvement. De façon plus réaliste, il faut faire la mise au point sur un élément situé sur la trajectoire du sujet, puis la mémoriser. Toujours en mode Priorité vitesse, vous ferez des essais entre 1/15 et 1/45 seconde, en fonction de la vitesse de votre sujet (plus il va vite, moins vous posez) et de votre distance par rapport au sujet (à focale constante, plus vous êtes près, plus vite le sujet traversera le champ, et moins vous poserez). Deux méthodes s’offrent à vous poursuivre sa trajectoire, du déclenchement jusqu’à la fin de la pose : la plus simple consiste à faire pivoter sur trépied ou soi-même l’appareil ; la seconde, plus compliquée et aléatoire, à imiter le mouvement (en marchant, pour un sujet lent – attention toutefois aux secousses – ou en roulant pour un sujet rapide, sans être le conducteur). Ne vous laissez pas piéger par l’écran qui fige l’affichage après déclenchement. Contentez-vous de l’étroit viseur optique, c’est la seule solution. Comme pour le filé, patience et pratique sont nécessaires. Apprenez à maîtriser et conjuguer les différents temps qui composent une image en mouvement : le temps de latence de l’appareil au déclenchement, le temps de pose, celui du sujet et le vôtre. Multipliez les essais et le sujet (couleurs, luminosités) pour saisir le flou le plus dynamique et le plus esthétique.

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Élisa Mordatti