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Télécoms : pandémie et 5G, une année 2020 entre amour et haine

Parce qu’ils se sont révélés indispensables pour communiquer depuis les débuts de la pandémie, les réseaux apparaissent aujourd’hui comme vitaux. Dans le même temps, ils cristallisent des critiques sociales et environnementales de plus en plus grandes.

Rarement les réseaux auront été soumis à autant d’épreuves qu’en 2020. D’abord, il y a eu la pandémie. Le télétravail a dopé la consommation des plate-formes de streaming et des applications de visioconférence, les confinements et la distanciation sociale ont provoqué une augmentation des appels téléphoniques et des messageries instantanées. Il s’en est suivi une hausse soudaine et conséquente du trafic que les opérateurs ont réussi à absorber.
Les réseaux sont alors apparus comme salvateurs, voire vitaux pour continuer à communiquer dans cette situation de crise permanente. Depuis le printemps, les Français se sont rués en masse sur les abonnements d’accès à Internet fixe fournissant de la fibre optique chez tous les FAI. Et les derniers exclus de la 4G s’impatientent, alors que la couverture de la population est presque totale dans notre pays en cette fin d’année.

Vandalisme et théories du complot

Le paradoxe, c’est que les réseaux ont aussi cristallisé en 2020 une défiance très forte vis-à-vis des nouvelles technologies. Dès le printemps, des antennes mobiles ont été vandalisées, avec pour conséquence de couper des communications au niveau local dans dix pays européens dont la France.
Les auteurs de ces destructions ont des profils très variés : militants de l’extrême-gauche, complotistes, anti-ondes ou écologistes. Les réseaux sociaux ont également dû supprimer quantité de contenus accusant la 5G de propager et même d’inoculer la Covid-19.
La dernière théorie farfelue, celle du Great Reset, est véhiculée par le film Hold-up. Elle prétend qu’il y a un plan des plus riches pour asservir le monde et que le déploiement de la 5G comme le Coronavirus est l’un des outils pour y parvenir.
Les opérateurs comme Free Mobile ne ratent pas une occasion de tourner en ridicule les complotistes anti-5G. Sans se demander s’ils ne sont pas le symptôme exacerbé d’un malaise plus profond qui touche toute la société.

Des choix technologiques mis en cause

Le lancement de la 5G en cette fin d’année dans notre pays a été l’occasion pour la première fois pour des forces politiques de s’interroger légitimement sur les choix de société qu’imposent la téléphonie mobile et son cycle d’innovation.
C’est le cas de peu de pays dans le monde. En France, après les élections municipales, une vague de maires écologistes et critiques face à la 5G est arrivée à la tête de plusieurs grandes villes. Une tribune signée par des élus de gauche a réclamé un moratoire sur cette technologie comme plusieurs associations de protection de l’environnement.
Pourquoi faut-il sans cesse passer à une nouvelle génération ? Est-ce vraiment la promesse d’un progrès ? Cela en vaut-il la peine étant donné le coût environnemental induit ? De riches débats auraient pu en découler, mais le président Emmanuel Macron a préféré y couper court et caricaturer les partisans d’un moratoire pour des rétrogrades tenants de « la lampe à huile ».

Le problème, c’est que l’impact carbone du numérique ne cesse de croître. Et que le Haut Conseil pour le climat vient de livrer un rapport pessimiste sur les futures émissions de gaz à effets de serre de la 5G.
Le marché des télécoms a conscience que la question fait polémique et multiple les promesses pour apaiser les esprits. L’Arcep s’est emparée du sujet et veut soumettre les opérateurs à de nouveaux engagements pour réduire leur empreinte écologique, tout en incitant les utilisateurs à davantage de sobriété dans leur recours aux réseaux.
Mais l’idée de limiter nos usages par la loi émerge aussi, portée par un groupe de sénateurs qui propose, par exemple, d’interdire les forfaits mobiles avec data illimitée. Ce qui pose la question du respect des libertés individuelles. Un débat qui promet encore de belles empoignades cette année.

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Amélie CHARNAY