Passer au contenu

Sony et la fondation Raspberry Pi forgent une alliance

En investissant dans la fondation Raspberry Pi LTD, le groupe électronique Sony pousse ses pions technologiques. Déjà principal fabriquant des célèbres cartes, le Japonais sera désormais en position de faire la promotion interne de ses composants professionnels, comme ses capteurs ou ses solutions logicielles d’IA.

La division composants de Sony vient de sortir son carnet de chèques pour s’offrir une part minoritaire dans Raspberry Pi Ltd., l’entreprise qui gère, sous l’égide de la Fondation du même nom, le développement et la production des célèbres micro cartes mères que les passionnés – et les professionnels – s’arrachent. Le deal ne sort pas d’un chapeau de magicien. Les liens entre Sony Semiconductor Solutions Corporation (connue dans le milieu des composants comme SSS) et la carte au logo de framboise datent en fait des débuts de l’aventure du Britannique. Les cartes à destination de l’Europe et des Etats-Unis sont en effet fabriquées dans l’usine de Sony BV (filiale néerlandaise) à Pencoed au Pays-de-Galles. Idem au Japon, où Sony fabrique les cartes à destination de son marché local.

À lire aussi : Raspberry Pi 5 : pourquoi il va falloir être (très) patient (déc. 2022)

Ce lien qui relie les deux entreprises s’est depuis bien étendu, notamment dans le choix des capteurs d’image des modules caméra. Après avoir utilisé un capteur OmniVision dans son premier module, la fondation Raspberry a depuis toujours utilisé des capteurs d’image de Sony (Camera Module V2, V3, V3 Wide, HQ et GS). La collaboration va aujourd’hui plus loin. D’une part, Sony donne du cash à la fondation. D’autre part, la présence du géant japonais à la direction de l’entreprise britannique va lui permettre de pousser plus en avant ses composants.

Sony veut s’imposer dans l’électronique embarquée

En matière de capteurs, Sony est à la pointe avec, par exemple, ses capteurs basés sur les événements (Event Cameras).
En matière de capteurs, Sony est à la pointe avec, par exemple, ses capteurs basés sur les événements (Event Cameras).

Sony n’est pas le champion des SoC et autres processeurs embarqués : les géants comme Broadcomm ou Marvell sont bien installés. Mais le Japonais lorgne sur tous les marchés où il peut tirer profit de son savoir-faire en matière de capteurs d’image, et d’IA. En 2020, Sony a conçu le premier capteur d’image intégrant directement en son sein un accélérateur d’IA dont nous vous avions parlé à l’époque. Un premier pas qui a encouragé l’électronicien nippon à développer une plateforme de logiciels et de services en 2021 appelée Aitrios. Une plateforme qui ne peut décoller (et rapporter de l’argent), que grâce à une forte communauté.

À lire aussi : Sony dévoile le premier capteur d’image intégrant un processeur d’IA (mai 2020)

Or, il ne faut pas oublier ici que si ces marchés ont l’air d’être des niches de bidouilleurs de labo débouchent en fait sur des contrats bien plus gros en bout de chaîne. Quand vous avez développé une solution sur tel processeur et tel capteur, vous êtes (logiquement !) plus enclin à ne pas réinventer la roue et utiliser votre code et vos logiciels sur les mêmes composants pour vos produits finis. Lesquels peuvent être, dans le cas d’un combo capteur Sony + Raspberry Pi, aussi bien de l’ordre des panneaux d’affichage intelligents, de la robotique, des applications de tracking de véhicules ou de vidéosurveillance.

Sony est déjà le kking des modules caméra pour les Raspberry Pi.
Sony est déjà le roi des modules caméra pour les Raspberry Pi.

Et si vous voulez des chiffres, en 2022, la fondation Raspberry Pi annonçait avoir vendu plus de 40 millions de cartes pendant sa première décennie d’existence. Et la fondation souffre d’une pénurie depuis deux ans à la suite de la pandémie. Une pénurie qui a révélé l’appétit des pros pour ces cartes peu chères, robustes et très capables. Une fois pris en compte le marché des accessoires (modules caméra), le potentiel de développement de la carte qui est devenu le standard de facto aussi bien dans l’éducation que dans les laboratoires, on réalise que Sony (SSS) réalise ici une superbe opération de placement technologique.

Le milieu des SBC va-t-il en pâtir ?

Des Single Board Computers (SBC)

 

Le monde des cartes de type SBC (single board computer) auquel le Raspberry Pi appartient est une espèce de Far West avec plein de petits acteurs – Orange Pi, BeagleBone, Odroid, Asus Tinker, Banana Pi, Libre Computer, Udoo, etc. Cet écosystème, très riche, est aussi un problème pour les développeurs. Car plus que la puissance ou la complexité matérielle, l’écosystème que forment utilisateurs et logiciels est capital. Et la réussite (et la domination) des Raspberry Pi en est la parfaite illustration.

Cela étant, le caractère fourmillant de cet univers est aussi un gage de progrès, de rapide adoption de nouvelles technologies. Or, la position des Raspberry Pi de plus en plus dominante sur le marché pourrait avoir un effet néfaste : celui de ralentir le rythme des innovations. Alors même que les éducateurs et autres responsables de projets éducatifs n’ont plus de question à se poser quant au choix de la carte, il faudra voir s’il en ira de même sur le marché professionnel. Et si quelques petits acteurs ne risquent pas de se faire balayer par cette alliance entre Raspberry et Sony.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.

Source : Tom's Hardware (US)


Adrian BRANCO
Votre opinion
  1. Si le RPi avait été optimisé pour du LTSP, à l’époque où la version était concentrée sur le serveur et les clients juste des relais d’affichage/clavier/souris, il y avait vraiment un bon coup à jouer, surtout dans les écoles… Maintenant que LTSP est sorti de cette philosophie qui faisait tout son intérêt, je ne vois plus trop d’intérêt à la bestiole. Je prends un PC DELL d’occas à 200€, j’ai une machine complète sur laquelle le RPi ne peut juste pas s’aligner côté perfs… Et avec du SSH standard, vous mettez à jour vos 200-300 machines en 15mn, donc là encore l’intérêt du LTSP s’est effondré.
    Certes : les bricolos et ceux qui aiment jouer avec les IO continueront de faire mumuse avec ces cartes. Mais pour ceux qui espéraient tous les avantages d’un PC à bas coût, c’est trop tard. Enfin sur le pinephone on a des switch matériel pour activer/désactiver caméra, bluetooth, wifi, etc. Dommage que le RPi ne propose pas cette option, pour des raisons évidentes de sécurité… On verra bien ce que donne la prochaine version. Mais la dernière en tout cas ne m’aura vraiment pas convaincu.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *