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Kodak ressuscite la Super 8, la reine des caméras amateur de l’ère analogique

Dans un monde 100% numérique, Kodak joue la carte de la nostalgie en validant la commercialisation cette année de sa caméra Super 8 annoncée en 2016. De quoi retrouver les sensations d’antan… mais à un tarif douloureux.

Il n’y a pas que le monde de la photographie qui connaît un regain d’intérêt pour l’analogique : Kodak sort le grand jeu dans le domaine de la vidéo avec le lancement cette année d’une nouvelle caméra Super 8. Après avoir signé un deal avec plusieurs réalisateurs phares d’Hollywood (dont Tarantino) pour maintenir en vie la production de pellicule pour caméras de cinéma, Kodak ressuscite donc sa caméra amateur la plus célèbre. Une caméra qui a lancé bien des vocations autour de la vidéo dans les années 70 – ce n’est pas pour rien que le film à la « E.T » de J.J. Abrams produit par Spielberg s’appelle « Super 8 » – et qui avait comme avantage d’être accessible tant en termes techniques que financiers, les films Super 8 mm étant largement moins chers que le précieux 16 mm (sans même parler du 35 mm utilisé dans le Super 35 et le Cinemascope.

À lire : CES 2016 : Kodak ressuscite la caméra analogique Super 8 (maj)

En 2018 cependant, le paradigme change et le Super 8 ne sera pas l’arme du réalisateur fauché : quand un (jeune) cinéaste pourra tourner tout un film avec un smartphone à 400 €, la nouvelle caméra Super 8 devrait être commercialisée entre « 2500 et 3000 $ » dixit les équipes de Kodak. Loin des estimations premières du Wall Street Journal (WSJ) en 2016 qui estimait que l’appareil couterait entre 400 et 750 $ (lire notre article de 2016) ! A ces 2500-3000 $ dollars s’ajoute aussi une cartouche Super 8 qui coûterait (toujours selon les estimation WSJ de 2016) entre 50 et 75 $ – espérons qu’ils se soient trompés à la hausse ! Un tarif non validé pour l’heure, qui comprend non seulement le film, mais aussi son développement chimique, sa numérisation, son renvoi par la poste et son envoi dans le cloud. Un envoi qui permet non seulement de télécharger le fichier avant même d’avoir récupéré la bobine… mais aussi de monter son fichier dans un logiciel numérique, le montage du Super 8 en mode analogique se jouant aux ciseaux ! En tous cas, votre fiction de 15 minutes vous coûtera bien chez puisque chaque cartouche ne permet de capturer que 2 min 40 de contenu à 24 i/s.

Côté technique, la fiche actuelle colle à celle de l’annonce de 2016, avec un écran LCD pour viseur, un enregistrement numérique du son sur carte SD et des optiques en monture C. Selon les équipes de Kodak cependant, un gros effort a été fait dans le développement de la partie mécanique pour stabiliser au mieux la pellicule, ce afin d’éviter la déviation du film qui était un défaut presque signature du Super 8.

Super c’est mieux que parfait… sérieusement ?

Entre les difficultés de stabiliser la vidéo, les poussières, la petite taille du film (8 mm) et les limites de la pellicule, autant vous dire tout de suite que la qualité d’image sera loin d’un Panasonic GH5… et même d’un iPhone – regardez les passages analogiques dans le clip promotionnel si vous en doutez.

L’angle de Kodak pour séduire est d’affirmer que « Super (8 donc) c’est mieux que parfait », comprendre que le film Super 8 et son look argentique c’est mieux que la perfection numérique. Un point de vue tout à fait défendable – après tout on utilise bien des filtres pour ajouter du grain argentique à nos fichiers numériques. Mais si la pression de filmer en analogique peut effectivement influer sur l’engagement du cadreur – vu les contraintes, il faut bien préparer le tournage – il n’empêche que le Super 8 nouveau est loin de la mission de démocratisation de la vidéo de son ancêtre. Et s’adresse donc à un public aussi averti que restreint.

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