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Ebooks trop chers : pourquoi la France bloque les prix des livres numériques

On a frôlé l’enthousiasme : après la musique et la vidéo, nous allions enfin pouvoir goûter aux joies de la lecture illimitée sur nos liseuses. Et bien non, ça coince… et voilà pourquoi ça fait mal à tout le monde.

Les offres illimitées de musique et de vidéo sur la toile ont réussi ce petit exploit de faire payer (modestement) les internautes… qui jusqu’ici ne trouvaient satisfaction que dans le piratage. Or, que se passe-t-il sur le livre ? La France a donné trois mois aux vendeurs d’e-books pour revenir sur leurs abonnements illimités… qui ne seraient pas conformes à la loi. Pourquoi ? Parce qu’en France, la loi impose que le prix de vente des livres soit fixé par les éditeurs et non par les distributeurs.

Or, c’est un vrai casse-tête dans le cas des forfaits illimités. Car, comment un cybermarchand peut-il fixer un prix mensuel pour un accès illimité à des livres, alors que les prix de vente ne dépendent pas de lui et sont différents selon les éditeurs ?

On pourrait imaginer des packages par maison d’édition. Mais qui a envie de payer tous les mois un forfait pour n’accéder qu’à une seule partie de l’offre littéraire ? Pas grand monde, je le crains. Alors, l’américain Amazon, lui, ne s’est pas posé tant de questions et a lancé au nez à la barbe des maisons d’édition et de la loi française son forfait Kindle Unlimited à 10 euros/mois. Résultat : le ministère de la Culture est monté au créneau et a fixé un ultimatum à tous les cyberlibraires, y compris les français Youscribe et Youboox. Ils ont trois mois pour trouver la recette (miracle !) qui les mettra à la fois en conformité avec la loi française et avec les attentes des internautes.

Pourquoi les ebooks sont-ils si chers ?

Les cyberlibraires le savent mieux que personne : beaucoup d’internautes trouvent qu’il n’y a pas assez de différence entre le prix du livre en version papier et son prix en version numérique. En général, l’éditeur fixe une décote de 20% pour la version numérique. Un livre papier à 15 euros coûte ainsi autour de 12 euros chez un distributeur en ligne. Une remise bien insuffisante en effet pour la majorité des lecteurs d’ebooks qui concentrent du coup leurs achats sur des petites romances à 3 ou 4 euros… et encore plus massivement sur des oeuvres exclusivement gratuites.

Enfin une embellie en 2015 ?

Logiquement, ce marché reste très petit. Il a même du mal à décoller. Et rien ne dit que les conditions d’une embellie seront réunies en 2015. Car il y a au minimum deux couperets. Le premier, on l’a vu, c’est la possibilité sur le web français de voir naître des offres de lecture vraiment attractives, les mêmes qui ont fait le succès de la musique, du jeux ou encore de la vidéo en ligne.

Deuxième couperet : la TVA sur le livre. La France est dans une situation illégale au regard de l’Europe car elle applique un taux de 5,5% sur le livre numérique… alors que l’Europe demande à ce qu’il soit de 20% d’ici la fin du premier semestre de cette année.

Et là, si les prix des ebooks grimpent encore, on peut plutôt parier sur un essor du piratage que sur celui des ventes en ligne…  

 

Cette chronique a été diffusée en vidéo :

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Delphine Sabattier