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Comment Télécoms Sans Frontières apporte son soutien aux Ukrainiens

Cette organisation française fournit de la connectivité aux réfugiés et des équipements aux ONG qui secourent les populations près des lignes de front. Car si les réseaux tiennent globalement bon à l’intérieur du pays, les appuis extérieurs demeurent nécessaires.

Assiégée par les Russes depuis le 24 février, l’Ukraine résiste et ses réseaux de télécommunications ne sont pas tombés. Si la mobilisation des opérateurs locaux est forte pour veiller sur l’intégrité des réseaux, la solidarité internationale joue aussi à plein.

Il y a des opérateurs privés comme T-Mobile, Orange ou Play, qui fournissent des cartes SIM avec de la data et des appels gratuits pour les réfugiés. Mais aussi des ONG comme Télécoms Sans Frontières qui compte désormais huit personnes sur place, réparties entre la Pologne, la Roumanie, la Moldavie et l’Ukraine.

« Nous avons deux grands axes d’intervention», nous indique Sébastien Latouille depuis Rzeszów, en Pologne, où il a installé la base opérationnelle de TSF. « Nous aidons les réfugiés qui vont dans les pays limitrophes et nous soutenons les ONG en Ukraine en leur fournissant des équipements pour qu’elles puissent secourir les populations », complète-t-il. 

Des connexions Wi-Fi dans les bus

TSF a, par exemple, installé des connexions Wi-Fi gratuites dans les convois quotidiens en bus organisés par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) qui relient la Moldavie à la Roumanie. Depuis Lviv, l’organisation fournit aussi des téléphones satellites à l’ONG ukrainienne Vostok-SOS, qui apporte du ravitaillement médical et alimentaire en Ukraine. Pas seulement pour pallier des infrastructures qui seraient tombées, mais tout simplement parce qu’il y a des zones blanches dans des villages qui n’étaient déjà pas couverts avant la guerre.

Le recours au satellite comporte malgré tout un risque. « Quand vous n’avez pas ou plus de communications dans une zone et que vous émettez des signaux, ils sont immédiatement visibles et peuvent être triangulés, vous transformant ainsi en cible », détaille Clément Bruguera, le responsable IT et Urgences de Télécoms Sans Frontières. Les consignes données aux ONG sont donc de passer des appels les plus courts possibles et de se déplacer aussitôt après.

Le satellite pour assurer la continuité des réseaux

À la demande de la mairie d’Odessa qui se prépare à être attaquée, TSF est également en train d’acheminer des kits Starlink. « Les autorités ukrainiennes ont exprimé ces besoins parce que le satellite, c’est l’un des meilleurs moyens d’assurer la continuité des communications en cas de bombardement quand les infrastructures terrestres sont tombées », souligne Clément Bruguera.

Même si ce n’est pas sa vocation première, TSF relaye aussi volontiers les demandes en équipement des opérateurs ukrainiens centralisées depuis la plate-forme néerlandaise « Keep Ukraine Connected ». Ils ont besoin de routeurs, de switchs, de serveurs, de talkies-walkies, de points d’accès Wi-Fi ou encore d’outils pour réparer la fibre optique.

Mais la situation est assez inédite pour l’ONG qui intervient sur toutes les crises internationales majeures depuis 24 ans. Tout d’abord, il y a la multiplication des points d’intervention, car l’Ukraine dispose de nombreux voisins frontaliers. Ensuite, les communications n’ont pas été volontairement coupées comme en Libye en 2011, par exemple. En-dehors des sites attaqués, la population n’est pas isolée du reste du monde et les secours sur place continuent même d’être joignables via le réseau de téléphonie mobile. TSF a vite compris qu’elle devrait répondre à des besoins plus ciblés que d’habitude et qui évoluent vite en fonction de la situation.

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Quelles sont les capacités de nuisance des Russes ?

Il y a aussi une interrogation. Pourquoi Moscou ne s’en est-il pas pris davantage aux télécommunications ukrainiennes ? Il y a bien eu l’épisode de la cyberattaque ciblant le réseau satellitaire au sol de Viasat. Des hackers russes tentent aussi de compromettre les réseaux ukrainiens à distance. Mais il n’y a pas de volonté de neutraliser massivement les infrastructures, ni de provoquer un black-out d’Internet ou du réseau GSM. La Russie y a probablement intérêt pour assurer les communications de son armée.

Le problème, c’est que l’incertitude demeure sur ses capacités de nuisance le moment venu en termes de brouillage et d’interception. Elle pourrait sans trop de peine couper de la fibre dans des points d’interconnexion et même sectionner des câbles sous-marins. Mais serait-elle en mesure de pirater le système de Starlink, abondamment utilisé par l’Ukraine ou de neutraliser ses satellites en orbite basse qui défilent en permanence  ? La question reste en suspens. Et les équipes de Télécoms Sans Frontières en alerte.

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Amélie CHARNAY