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Vous avez un message !

Qui sont les SMS et les MMS, ces messages que l’on envoie et reçoit sur les téléphones mobiles ? Voici leur interview virtuelle.

Une première question un peu indiscrète : si l’on pouvait vous voir, à quoi ressembleriez-vous ?A un colis postal ! A l’extérieur, j’arbore une étiquette portant l’adresse du destinataire, et une autre avec celle de l’expéditeur. Il s’agit de leur numéro de téléphone respectif. A l’intérieur, je contiens le message proprement dit. En fait, je suis un minuscule fichier informatique, un paquet de zéros et de uns, qui voyage sur le réseau des opérateurs de téléphonie mobile.En somme, vous ressemblez à un courriel ?Un peu, oui. Mais ma taille est fixe et je ne peux pas transporter de pièces jointes.Cette taille fixe, ce sont les fameux ‘ 160 caractères au maximum ‘ ? Pourquoi cette limitation ?Mon nom signifie Short Message Service, c’est-à-dire Service de messages courts. Tout est dit ! Ma capacité maximale réelle est de 140 octets. Mais comme je code chaque caractère avec 7 bits (et non 8, comme un ordinateur), j’arrive à en caser 160 dans les 140 octets. N’oubliez pas que la technologie GSM, qui limite le débit à 9,6 kilobit/s, ne permet pas de transmettre de gros fichiers.Pourtant, il est possible d’envoyer des SMS longs, de plus de 160 caractères…Il y a un truc ! Votre mobile envoie en réalité plusieurs SMS à la suite les uns des autres. Mais votre opérateur vous facturera autant de SMS qu’il en aura acheminés… Remarquez que 160 caractères, avec le clavier d’un mobile, c’est déjà beaucoup !L’aide à l’écriture a pourtant bien amélioré les choses !Vous voulez parler des systèmes d’écriture prédictive comme T9 ? C’est vrai, cela facilite les choses. A l’aide d’un dictionnaire, le mobile essaie de deviner le mot que vous êtes en train de taper et en propose un ou plusieurs. Cela double quasiment la vitesse d’écriture. Mais il y a une autre solution, que les humains ont inventée eux-mêmes : le langage SMS. taP en abréG,C + cour ! (rires)Une fois saisi, vous êtes envoyé. Comment faites-vous pour vous promener sur le réseau GSM, conçu pour la voix ?C’est votre opérateur qui s’occupe de moi. En gros, il fonctionne comme la Poste. Sur son réseau se trouvent de nombreux centres de tri ­ des serveurs en langage informatique ­ pour gérer les communications téléphoniques. Nous, les SMS, nous sommes pris en charge par d’autres serveurs, qui forment un peu un réseau dans le réseau. Le premier serveur que je rencontre lit le numéro du destinataire et interroge une base de données pour localiser le destinataire, c’est-à-dire savoir près de quelle cellule il se trouve (les fameuses antennes relais). Ce serveur m’envoie alors vers le serveur le plus proche de cette cellule.Et que faites-vous si le mobile vers lequel je vous envoie est éteint ? Vous attendez qu’il s’allume ?De la même manière que votre bureau de Poste conserve un colis que le facteur n’a pas pu vous remettre, je suis envoyé sur le serveur le plus proche de la cellule qui l’a localisé la dernière fois. J’y suis enregistré sur un disque dur. Dès que le destinataire allume son mobile, il est repéré par l’antenne la plus proche qui envoie l’information à la base de données du réseau. Celle-ci la transmet à tous les serveurs de SMS. On me récupère alors et je finis mon voyage dans le mobile de votre destinataire.Il arrive qu’on reçoive un SMS alors que l’on est en train de parler avec un correspondant. Comment cela se peut-il ?Le secret, c’est que je ne transite pas par le même canal que la voix. Une liaison téléphonique entre deux mobiles est composée de plusieurs canaux, comme un tunnel à plusieurs voies. Parmi ces canaux, l’un sert à acheminer la voix, et un autre, le canal de signalisation ou canal sémaphore, sert à acheminer des données comme les SMS. C’est un peu comme si votre mobile avait deux connexions simultanées : une pour la voix et une pour les données.Aujourd’hui, la mode est au MMS. Avez-vous peur de disparaître ?Un peu… Mais cela prendra du temps. C’est toujours moi que l’on utilise le plus : en 2004, selon les prévisions, vous, les humains, vous aurez envoyé 550 milliards de SMS.Micro Hebdo : A votre tour, MMS ! Votre ami le SMS se porte encore très bien pour son âge et assure que vous ne le remplacerez pas de sitôt. Qu’en pensez-vous ?Je viens à peine de naître… A ses débuts, le SMS aussi était très peu utilisé, et puis il a eu un succès formidable. Je suis persuadé qu’il en sera de même pour moi et que mon heure est proche. N’oubliez pas que je ne fonctionne pas sur le réseau GSM classique, il me faut au moins le GPRS, cette évolution du GSM, plus rapide et plus moderne, plus proche d’une liaison Internet que d’une communication téléphonique. J’ai dû attendre que les opérateurs le déploient sur leurs réseaux pour connaître le succès.Qu’avez-vous de plus que le SMS ?Mais je n’ai rien à voir avec cette antiquité ! Regardez mon nom : Multimedia Service Messaging. Alors que le ‘ M ‘ de SMS signifie Message, le mien veut dire Messagerie. C’est en effet un système complet de messagerie que l’on a bâti pour moi, sur le même principe que le courrier électronique d’Internet. Je suis un fichier informatique plus complexe, comportant un message textuel auquel vous pouvez attacher n’importe quelle pièce jointe, de tout format : photo, vidéo, musique, etc. Pour me créer, le mobile utilise le langage WML, un dérivé spécial du langage HTML. Du coup, je peux contenir des codes pour la mise en page, pour régler les marges ou afficher un cadre. Dans le corps du message peuvent aussi se trouver des liens hypertextes qui pointent vers un site Web ou Wap.Vous ne fonctionnez pas sur les mêmes mobiles que le SMS ?Pas sur les anciens modèles, qui ne sont pas compatibles GPRS. Et pas non plus si votre carte SIM est trop ancienne. Mais je suis compatible avec 95 % des mobiles vendus actuellement, particulièrement ceux avec un appareil photo numérique intégré. Vous prenez une photo, et vous l’envoyez en quelques secondes à un ami via un MMS. Il faut pour cela effectuer quelques réglages sur le mobile. Côté réseau, je n’ai que des avantages. Comme je suis bâti sur les standards du Web, je pourrai m’adapter aux évolutions futures des réseaux, des débits et des mobiles. Par exemple, je fonctionne très bien sur l’UMTS, le réseau de troisième génération qui va bientôt arriver et dont les débits atteignent 2 Mbits par seconde. Comparez avec le SMS : lui est cantonné au canal sémaphore du GSM. Moi, je suis transporté par le réseau dans lequel je passe, selon ses méthodes à lui. Un abonné GPRS peut m’envoyer sur un réseau UMTS.Vous êtes en train d’expliquer que vous n’avez pas de limite ?Tout à fait ! Pour la taille des pièces jointes, par exemple, les débits actuels empêchent d’envoyer des photos de plus de 50 ou 100 Ko. Avec l’UMTS, vous pourrez envoyer des vidéos ! On imagine même de m’utiliser pour regarder un petit film en streaming : il ne sera pas stocké dans le téléphone et vous commencerez à le regarder alors que la totalité du message ne sera pas encore arrivée. Vous navez pas fini de me voir !

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Jean-Luc Goudet