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Quand Internet s’invite dans le TGV

En conjuguant liaison satellite, connexions Wi-Fi et fibre optique, les TGV vont désormais proposer à leurs passagers des séances de surf à grande vitesse.

Si vous ne faites pas partie des 12 000 voyageurs qui ont déjà eu la chance de surfer à plus de 300 km/h, pas de panique… vous ferez certainement partie du prochain train. Car après avoir expérimenté, de décembre à juin dernier, son service d’accès sans fil à Internet sur trois rames, la SNCF devrait décider en ce mois de septembre de le généraliser aux 52 rames du TGV Est qui dessert Strasbourg, le Luxembourg, la Suisse et l’Allemagne. Une période de six mois qui a permis de valider la faisabilité technique du projet et de mesurer le niveau de satisfaction des clients.

Trois serveurs par rame

Pour vous connecter, il vous suffit d’avoir un portable Wi-Fi et de vous identifier sur le portail TGV. Après avoir rempli un formulaire en ligne, vous recevrez vos identifiants, réutilisables lors d’un voyage ultérieur. À partir de là, libre à vous de surfer sur le Web et d’échanger des e-mails, ou bien encore de profiter des services du portail tels que la géolocalisation pour connaître la position et la vitesse de votre train, sans oublier les vidéos, jeux, actualités, etc. Cette évasion sur la Toile vous sera facturée environ 6 euros de l’heure.La SNCF, elle, a déjà investi 20 millions d’euros dans ce projet mené en partenariat avec Eutelsat, Alstom Transports, Orange Business Services et Capgemini, les uns gérant l’infrastructure embarquée, les autres, la liaison dite sol-bord.Première étape de notre visite : la voiture 3. Trois serveurs connectés au réseau local assurent la gestion des flux Internet en les transmettant d’un côté au satellite et de l’autre à l’ensemble du train, puisque tous les wagons comportent des points d’accès Wi-Fi. Voiture 3 toujours, mais cette fois sur le toit, une antenne pointe constamment vers le satellite Atlantic Bird 2 d’Eutelsat, grâce à un système mécanique. Cette antenne placée dans un radôme (un couvercle protecteur) est conçue pour fonctionner dans des conditions difficiles (vitesse, vibrations, température, perturbations électromagnétiques…). Figurent également un aileron avec une antenne satellite utilisée pour le service de géolocalisation et deux autres ailerons pour les antennes Wi-Fi assurant la liaison sol-bord.En pratique, lorsqu’un usager surfe sur Internet, les données sont envoyées par le lien satellite vers un hub (concentrateur) Eutelsat, situé à Turin. Elles sont ensuite redirigées, par fibre optique, vers une plate-forme d’Orange située à Aubervilliers en banlieue parisienne. C’est depuis cette plate-forme, qui fait office de passerelle Internet, que les flux sont traités. Les données renvoyées vers l’usager prennent alors le chemin inverse. Lorsque le satellite n’est plus visible par le TGV (tunnels, gares, zones couvertes), la connexion s’effectue via les antennes Wi-Fi du TGV et les hotspots disposés à intervalles réguliers le long de la voie. Les données rejoignent ensuite le réseau fibre optique placé le long de la voie pour être acheminées vers la plate-forme d’Orange. La commutation automatique du lien satellitaire vers le lien Wi-Fi s’opère à l’aide d’un routeur IP placé à bord de chaque rame. Ce système garantit la continuité de service pour les voyageurs.La solution déployée permet aux internautes du TGV de disposer d’un débit de 2 Mbit/s en réception et de 512 kbit/s en émission, le réseau local interne affichant des débits supérieurs à 20 Mbit/s. L’architecture mise en ?”uvre autorise une cinquantaine de connexions simultanées.

Des flux sécurisés

Pour réduire les besoins en bande passante et du fait du coût du kbit/s satellitaire, Eutelsat s’appuie sur le système de codage des transmissions CRMA (Core Reuse Multiple Access), une variante du CDMA (Code Division Multiple Access), couramment utilisé sur les réseaux GSM et 3G. Avec ce système, chaque train et le hub Eutelsat peuvent utiliser la même fréquence sans risque d’interférence entre les connexions des usagers.Le bouquet de services est hébergé dans la baie de serveurs. Le portail d’accès est réalisé en langage Ajax (Web 2.0) avec un noyau open source. Plusieurs types de flux circulent conjointement dans la rame. Les contenus du portail sont rafraîchis de façon automatique et régulière, toutes les 15 minutes par exemple pour les dépêches AFP, par liaison sol-bord. Le téléchargement sur les serveurs est programmé pour perturber au minimum l’utilisation de la bande passante.Les contenus lourds sont, quant à eux, mis à jour hors circulation du TGV. Les informations techniques (données clients, paramètres de surveillance du système…) sont collectées sur les serveurs à bord puis transmises au sol en priorité basse pour y être stockées. Les flux sont sécurisés de bout en bout (authentification et cryptage). Reste maintenant à attendre la généralisation à l’ensemble du réseau TGV !

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Rémi Langlet