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Mélodies sur mesures

L’Institut de recherche et de coordination acoustique et musique (Ircam) a mis en ligne une base de données ne comprenant pas moins de 21 000 sons.

A l’ère du numérique, les compositeurs créent leurs ?”uvres en utilisant des sons échantillonnés : un bout de violon, ici, de la trompette, là. Partant de ce constat, Vincent Puig, directeur des relations extérieures de l’Institut de recherche et de coordination acoustique et musique (Ircam, www.ircam.fr), a envisagé dès 1994 de concevoir un outil à leur intention. L’idée de départ visait à enregistrer des sons avec des instrumentistes issus de formations de musique contemporaine, puis à les stocker dans une base de données. Celle-ci devait être accessible au sein de l’Ircam, mais aussi à l’extérieur de l’institut via un site Web.Le projet a abouti à une première version nommée Studio, mise en ligne en 1998. Mais très vite les programmes de transformation du son, qui avaient été ajoutés à la base de données, se sont révélés trop lourds pour le débit du réseau alors disponible.L’équipe de l’Ircam a alors orienté ses recherches non pas sur le traitement du son à distance, mais sur la classification des sons. Le fruit de ce travail constitue toute la sève de la deuxième version de Studio en ligne (www.forumnet.ircam.fr) lancée cette année. L’outil est conçu comme une palette musicale à partir de laquelle on peut télécharger des extraits sonores : un peu de harpe, du violon, de l’accordéon…Cette base de données, qui réunit au total 21 000 sons issus de 16 instruments d’orchestre, permet d’envisager des mélodies encore plus variées.

Une base ouverte à la recherche…

On peut naviguer dans la base en utilisant un moteur de recherche. Moyennant un abonnement payant, l’utilisateur peut rechercher par mots-clés un instrument ou une ambiance sonore.Concrètement, il doit préciser soit le nom d’un instrument, soit celui d’un mode de jeu. Dans le premier cas, il sélectionne l’une des notes enregistrées à partir d’une harpe, par exemple : mi bémol, sol dièse, etc. Dans le second, il choisit des sons très précis, tel celui obtenu en frappant le corps d’un luth ou encore un trémolo effectué du bout des doigts sur une harpe.Vincent Puig, explique l’utilité de ces critères : ‘ En frappant avec le doigt sur une touche sans souffler, un clarinettiste peut produire un son très sec, comme s’il frappait en pizzicato sur une corde de violon. Studio en ligne met en valeur ces sons enregistrés, par exemple, à partir d’un instrument à vent, et qui ressemblent à ceux d’un instrument à corde. ‘ Ainsi, l’utilisateur peut choisir un son selon sa dynamique basse, haute ou variable. Celle-ci définit l’intensité du son selon une échelle allant de pianissimo à fortissimo. En optant pour la catégorie pianissimo, par exemple, on obtient des sons d’accordéon et d’alto.

…et à toutes les inspirations

Tout abonné peut enregistrer des sons d’instrument, puis les charger sur le serveur. L’outil lui propose alors une classification, qu’il est libre de refuser. Ainsi un trompettiste peut préférer que son échantillon soit classé dans la catégorie du trombone et non dans celle de son instrument.Le résultat est désormais accessible à partir du forum de l’Ircam, où se retrouvent les utilisateurs des logiciels professionnels créés par l’institut. Cet espace réunit près de 2 500 utilisateurs, dont Peter Gabriel, qui s’est abonné en août dernier… Preuve que le travail de l’Ircam n’intéresse pas les seuls amateurs de musique contemporaine

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Valérie Quélier