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L’ordinateur fait des pompes

Au centre technique du cuir de Lyon, les chaussures sont testées sous toutes leurs coutures. Ici, comme dans la création, l’informatique est roi.

On est loin de penser, en circulant dans la rue ou en faisant du trek que nos pieds se trouvent à la pointe de la technologie. En effet, il est déjà loin le temps où la conception d’une chaussure se faisait à la main.Pour la chaussure de ville ou de sport, les ordinateurs sont devenus des outils indispensables à la création, à la conception, aux tests de qualité et à la mise en production. Sans rien enlever à la griffe des stylistes qui reste la clé du succès d’un modèle.Dans le milieu des chausseurs, les fabricants ­ et plus particulièrement ceux spécialisés dans le sport ­, sont presque tous dotés de bureaux de style ou de centres d’essais. Il leur arrive aussi de faire appel au centre technique du cuir (CTC), situé à Lyon, pour les aider dans la création, et, surtout, pour faire passer des batteries de tests techniques à leurs produits.Créé en 1961, le CTC est un prestataire de services qui a étendu ses activités à d’autres secteurs (maroquinerie, bagagerie et textile). Il a aussi ouvert des antennes à Cholet, au Portugal, au Vietnam et à Hong Kong.Avant la conception 3D d’une chaussure, le CTC se penche sur la création de pieds en images de synthèse. Pour ce faire, ses équipes travaillent sur des formes numérisées à l’aide d’un crayon optique placé sur un bras articulé. En multipliant les mesures, on obtient un nuage de points qui permet de visualiser la forme du pied sur écran. En utilisant des logiciels comme Solid Works ou Solid Thinking, les ingénieurs du CTC peuvent ensuite travailler sur des rendus réalistes et définir les volumes des pieds.

Panorama du pied français

Cette même méthode sert à construire une base de données sur la taille des pieds d’une population. A l’aide d’une trentaine de points caractéristiques, le CTC peut en dresser un panorama complet. Le centre participe d’ailleurs à la campagne nationale de mensuration pour l’habillement, réalisée par l’institut français du textile et de l’habillement (MH n?’ 267 p. 30).Prédominante, l’imagerie 3D permet aussi de créer des moules des semelles faites en matière injectée. A l’aide de logiciels de CAO, les ingénieurs font ensuite des simulations pour connaître le temps de remplissage, la pression d’injection du flux liquide, la température, le cisaillement, la viscosité… une série d’informations indispensables à la fabrication. Malgré le nombre de tests, une telle méthode garantit un gain de temps certain. ‘ On peut ainsi baisser à cinq jours de conception les parfois huit semaines exigées par un vrai prototype ‘, assure Jean-Luc Chaverot, responsable du département produit. Il ne reste plus qu’à mettre en place la production.Le centre dispose aussi d’une batterie de machines pour faire passer des tests chimiques, physico-mécaniques et bio-mécaniques aux modèles envoyés par les fabricants. Un rapide survol des principaux permet de jauger le savoir-faire de l’entreprise lyonnaise. Par exemple, les ingénieurs effectuent des analyses spectrales des composants au contact de la peau. Ils pratiquent également des tests de ‘ respirabilité ‘ en projetant un liquide sur la membrane de la chaussure. En biomécanique, ils étudient les interactions entre pied, chaussure et sol.Qu’il s’agisse d’évaluer l’abrasion de la chaussure, sa résistance aux flexions ou la qualité de ladhérence des semelles, la liste des tests et des machines utilisés par le CTC est longue. Selon Jean-Luc Chaverot, ‘ on peut pratiquer 55 tests différents sur une chaussure de sport. ‘

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Laurent Garrigues