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‘ L’objectif numérique reste un concept à mettre vraiment en place ‘

Guillaume est un photographe mordu de technique et un grand collectionneur d’appareils anciens. En 2003, il a consacré son mémoire de fin d’études à la question…

Guillaume est un photographe mordu de technique et un grand collectionneur d’appareils anciens. En 2003, il a consacré son mémoire de fin d’études à la question de l’objectif numérique. Il nous résume ici ses conclusions : ‘ Si l’objectif numérique n’est peut-être perçu pour l’instant que comme un concept commercial, il n’est pas sans fondements. Un capteur n’a en effet rien à voir avec un film, et un objectif mixte découle forcément d’un compromis. La conception d’objectifs vraiment optimisés doit répondre à un nouveau cahier des charges. ‘ Pour définir l’objectif numérique ‘ parfait ‘, Guillaume s’est penché sur la structure d’un capteur numérique : ‘ Contrairement à un film, un capteur à une structure matricielle, composée d’une mosaïque de photosites, véritables puits de lumière. Or cet agencement régulier peut causer certains artefacts : si la résolution de l’optique est trop fine par rapport à celle du capteur (photosites trop larges), on observe alors du moiré sur les détails de l’image. Pour remédier à ce problème, les constructeurs placent devant le capteur un filtre passe-bas qui floute l’image mais provoque de nouveaux défauts. La véritable solution consisterait à réduire la résolution de l’objectif, jusqu’à obtenir le meilleur compromis. Car, au-delà d’un certain seuil, on perd des détails, et le capteur, qui devient trop fin pour l’optique, souligne alors des imperfections, en premier lieu les aberrations chromatiques. ‘ C’est là que réside le problème avec les reflex à objectifs interchangeables : les capteurs du marché étant très variés, il faudrait pour chacun d’entre eux une gamme d’objectifs dotés d’une résolution adaptée. De plus : ‘ Cette structure en puits pose le problème de l’incidence des rayons. Sur les bords du capteur, les rayons arrivent avec un angle plus prononcé qu’au centre et ne pénètrent pas correctement. Les photosites sont donc moins sensibles dans les coins, ce qui provoque du vignettage. ‘ Pour corriger ce défaut, Olympus a lancé ses objectifs 4/3 télécentriques dont les rayons sortent presque parallèles. Les autres fabricants posent sur chaque photosite une microlentille convergente qui redresse les rayons inclinés, ce qui ne va pas sans poser d’autres soucis : ‘ Les microlentilles causent en effet des réflexions parasites qui réduisent le contraste de l’image, phénomène qui peut être limité par l’emploi d’un traitement multicouche sur la lentille arrière de l’objectif. Certaines optiques, dites optimisées pour le numérique (chez Sigma par exemple, Ndlr), se contentent d’ailleurs de cette unique solution. ‘ Enfin, dernière contrainte concernant les capteurs, et sans doute la plus connue : leur dimension réduite par rapport à un négatif 24 x 36. ‘ Employer un objectif classique avec un capteur de petite taille est un contresens. Les rayons non utilisés en périphérie sont une source de réflexions indésirables pour le capteur. L’objectif idéal a un cercle image optimisé à la dimension du capteur, afin d’offrir un meilleur contraste. ‘ C’est la solution adoptée par Canon, Nikon et Olympus. Les optiques EF-S, DX et 4/3 sont adaptées à une surface définie de capteur, même s’il faudrait en théorie une gamme d’optiques pour chaque taille de photosite, donc pour chaque définition de capteur. Selon Guillaume : ‘ Ces objectifs ont en tout cas l’avantage d’être plus légers et compacts. Ils sont également moins chers à fabriquer ?” les éléments optiques étant plus petits ?”, même si cela ne se ressent pas encore sur le prix de vente… ‘ L’objectif numérique idéal n’est donc pas encore né, chaque fabricant semblant avoir sa propre théorie sur le sujet : ‘ Toutes ces optimisations ne sont pas encore exploitées simultanément et révèlent le potentiel d’évolution des objectifs numériques dans les années à venir. En l’absence d’optimisation révolutionnaire, les constructeurs sont tentés d’enjoliver les documentations commerciales avec plus ou moins de succès. La première condition est que les constructeurs limitent le nombre de dimensions de capteur. ‘ C’est déjà le cas chez certains (Nikon, Olympus, Pentax), mais la logique est moins évidente pour dautres comme… Canon.

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Julien Bolle