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Les pirates suédois visent le parlement

Nouveau venu dans le paysage politique suédois, le Piratpartiet s’est jeté dans la bataille des élections générales. Objectif : défendre le droit des internautes à télécharger librement.

A quelques jours des élections, dimanche prochain, la campagne électorale bat son plein en Suède. Sur la place Sergels-Torg, l’une des principales places de Stockholm, les grands partis tiennent leur permanence dans de petits chalets de bois, et les militants tentent de séduire les indécis. A quelques pas de là, une affichette discrète, flanquée d’un drapeau noir, appelle à voter pour le Piratpartiet, un nouveau venu insolite dans la vie politique suédoise.A sa tête, Rick Falkvinge n’a pourtant rien de l’adolescent blagueur ni du hacker fou. Cet ingénieur de 34 ans, ancien de Microsoft, entend défendre les internautes adeptes du téléchargement : ‘ Les hommes politiques ne comprennent pas cette question et adoptent des lois toujours plus répressives. Il était temps de les affronter directement sur leur terrain ‘, plaide-t-il.

Déjà plus de 8 000 membres

En quelques mois, le programme du Piratpartiet a déjà mobilisé plus de 8 100 membres. Les pirates ont même vu leurs effectifs tripler lors de la fermeture par la police suédoise, en juin dernier, du site Pirate Bay, un moteur de recherche de liens de téléchargement. L’entrée au parlement leur semble, du coup, à portée de canon : les flibustiers suédois doivent recueillir un minimum de 4 % des voix pour participer à la répartition des sièges. ‘ Une fois au parlement, nous comptons peser sur les partis et, pourquoi pas, jouer un rôle d’arbitre. Nous sommes prêts à soutenir le prochain gouvernement, quelle que soit sa couleur politique, s’il accepte les trois points de notre programme ‘, anticipe Rick Falkvinge.Reste à savoir si les pirates remporteront leur pari. Le Piratpartiet n’apparaît pas dans les sondages préélectoraux et, dans la rue, l’accueil reste plutôt froid : ‘ Je préfère voter pour un grand parti ‘, lâche Lars, 66 ans, avec ironie. Jennifer et Mattias, un jeune couple, sourient : ‘ C’est un Donald Duck party, comme nous les appelons en Suède : de petits partis dont tout le monde se moque. ‘
‘ Leurs revendications ne me semblent pas très importantes face aux problèmes d’aujourd’hui ‘,
renchérit Henrik, 22 ans. Erik, 21 ans, affirme, quant à lui, partager les idées du parti pirate, mais son vote ira aux écologistes : ‘ Cela ne sert à rien de voter pour eux, car le téléchargement finira par être légalisé. La Suède ne pourra mettre en prison plusieurs millions d’internautes ! ‘Le parti doit aussi contourner un handicap administratif : étant donné que seuls les partis ayant obtenu au moins 4 % des voix lors du scrutin précédent disposent de bulletins distribués gratuitement dans les bureaux de vote, le Piratpartiet doit imprimer et répartir lui-même les bulletins dans tout le pays : ‘ C’est un point crucial pour nous, car, si les électeurs ne voient pas notre bulletin, ils ne voteront pas pour nous. ‘ Mais Rick Falkvinge reste confiant : ‘ Il nous suffit d’un électeur sur 20 pour entrer au parlement. Autre signe encourageant : nous disposons de plus de 8 100 membres, alors que les écologistes, présents au parlement, ne comptent que 7 000 membres. ‘ Le parti pirate peut d’ailleurs s’appuyer sur des militants jeunes et très actifs, y compris à l’étranger. Joignant le geste à la parole, le président du parti exhibe fièrement la photo d’une affiche électorale accrochée face à l’ambassade suédoise à Lima, au Pérou.En attendant les résultats, Rick Falkvinge prépare la suite. Si le parti pirate atteint les 4 %, le président du parti prédit une onde de choc à travers l’Europe. En deçà de 1 %, il ne cache pas que l’avenir sera bien moins dégagé. Quoi qu’il arrive, pas question d’abandonner le navire : ‘ Je suis allé trop loin maintenant ‘, confie-t-il, en fixant l’échéance suivante, les élections européennes de 2009.Alors que de nombreux partis pirates inspirés du modèle suédois ont fleuri en Europe, y compris en France, Rick Falkvinge imagine une internationale pirate avec un seul pavillon et un seul programme dans tous les pays européens. Le pavillon noir est hissé !* à Stockholm

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Didier Forray*