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Filmer c’est raconter une histoire

Si l’objet d’une photo est de faire naître une émotion, l’objet d’une vidéo, et ce, quelle qu’elle soit, est de raconter une histoire.La conséquence est qu’une…

Si l’objet d’une photo est de faire naître une émotion, l’objet d’une vidéo, et ce, quelle qu’elle soit, est de raconter une histoire.La conséquence est qu’une vidéo, là encore quelle qu’elle soit, a un début, un déroulement et une fin. En photo, le résultat est influencé par le cadrage, par le choix de la zone de netteté, dans une certaine mesure par l’exposition et, dans de nombreux cas, lorsque la photo inclut un mouvement, par le désormais célèbre ‘ instant décisif ‘.En vidéo, les choses sont un peu différentes. Tout d’abord, plus le matériel est léger, moins il offre de latitude sur les paramètres de l’image. Un caméscope permet parfois d’intervenir sur l’exposition ; un appareil photo ou un téléphone, pas du tout, et même chose pour la mise au point.

Vidéo et photo : de grosses différences

Même lorsque les réglages sont possibles, ils sont toujours placés de façon assez peu judicieuse. Sur le plan de l’ergonomie, les ‘ machines à filmer ‘ sont très loin des appareils photo. Il n’y a guère que sur les caméscopes haut de gamme que l’accès aux réglages est réellement possible dans des conditions de tournage.Heureusement, l’étape du montage autorise, dans certains cas, à rattraper un peu les problèmes techniques mais, là encore, en vidéo, et sauf à vouloir faire des effets spéciaux, la marge de man?”uvre à l’ordinateur est infiniment plus réduite qu’en photo.Morale de cette triste histoire, en vidéo, les paramètres relevant strictement de la qualité d’image passent souvent au second plan (ou sont dévolus à l’étape du montage). Les paramètres concernant le cadrage sont en revanche à la fête. Lapalissade, sans doute, mais que tout vidéaste débutant a eu à un moment ou à un autre à expérimenter : la vidéo, ça bouge ! Concrètement, cela implique que si, en photo, on pouvait se contenter de peaufiner un cadrage soigné, en vidéo, entrent en ligne de compte : le cadrage, la gestion des mouvements et celle de la continuité.

Cadrer n’est pas un geste naturel…

L’écueil classique, lorsque l’on filme, consiste à regarder son sujet. C’est à partir de là que les choses peuvent se gâter. Pour obtenir un résultat de qualité, il faut toujours, en filmant, regarder la globalité de ce que l’on cadre et, lorsqu’il y a un sujet principal, le regarder en situation à l’intérieur du cadre. Cela vous paraît fumeux ? Un petit exemple simple va éclaircir les choses. Imaginez que vous filmiez quelqu’un (c’est la situation la plus fréquente). Si vous êtes concentré sur votre sujet, vous allez vous attacher à le placer bien au centre de votre écran et vous assurer qu’il reste impeccablement cadré. Lorsque vous allez visionner votre film, dans l’hypothèse la plus optimiste, vous aurez une séquence plutôt ennuyeuse. Dans la pire option, vous aurez une séquence penchée, déséquilibrée et un cadrage moyen. Pourquoi une séquence penchée ? Parce qu’il est assez rare que les personnages se tiennent droit. Lorsqu’on se focalise sur le personnage principal, instinctivement, c’est son corps que l’on va utiliser comme référence verticale. Cela n’est pas problématique avec une photo (parfois même un cadrage un peu déséquilibré peut être utilisé pour donner de la dynamique à l’image). En revanche, c’est très gênant en vidéo. Si votre personnage est vertical, mais que les lignes qui sont censées l’être (murs, arbres, etc.) sont penchées, votre film aura l’air penché, c’est aussi simple que ça. C’est inesthétique avec un plan fixe et c’est catastrophique lorsque votre séquence comporte un mouvement (par exemple, si vous suivez votre personnage en le filmant). En pratique, la première recommandation est d’essayer de regarder votre cadre comme un ensemble et votre sujet principal comme un des éléments de votre cadrage. Les écrans LCD qui permettent une observation un peu distanciée (on est moins ‘ dans ‘ le sujet qu’avec un viseur) facilitent la chose.

Donner à voir la vidéo… pas le vidéaste

Nous venons de parler de ‘ regarder le sujet ‘ comme un des éléments du cadre. C’est une des différences fondamentales entre photo et vidéo. Une photo est un élément autonome, indépendant du photographe. Lorsque vous présentez une photo que vous avez réalisée, vous ne vous montrez pas en train de la réaliser.En vidéo, les choses sont plus complexes. Celui qui filme doit s’effacer devant son film. Si ce conseil vous paraît un peu étrange, imaginez un film de votre choix, par exemple un vieux western avec John Wayne chevauchant dans la vaste prairie. Que voyez-vous en pareil cas, à l’écran ? John Wayne chevauchant dans la vaste prairie. Et pourquoi ? Ne haussez pas les épaules, la réponse n’est pas simple : vous voyez notre héros et seulement lui, en oubliant qu’en fait il galope devant une caméra qui le filme parce que la caméra est stable, que son mouvement est fluide, l’angle de prise de vue naturel, etc.Si la caméra avait été mal positionnée, légèrement penchée, bougeant un peu pendant la prise de vue, en regardant le film, vous auriez eu la sensation d’être à la place d’un cameraman en train de filmer John Wayne.

Traquer le naturel

Toujours en ce qui concerne le cadre, essayez de conserver la façon de filmer la plus naturelle possible.Le recherche de la stabilité en vidéo passe non seulement par une tenue en main qui écarte tout risque de tremblement ou de vibration, mais également qui vous assure des mouvements souples et lents.Enfin, soignez votre axe de prise de vue et n’hésitez pas à faire preuve d’originalité dans le point de vue. Spontanément, vous allez tenir votre appareil à hauteur d’?”il, c’est-à-dire avec un point de vue légèrement plongeant, ce qui est rarement intéressant.Baissez-vous ! A minima, filmez les gens à hauteur des yeux, ou en très légère contre-plongée. Cette dernière position est intéressante si le sujet se déplace. En effet, un suivi en légère contre-plongée donne une sensation plus dynamique et amplifie légèrement le mouvement. N’en faites pas trop non plus, gardez à l’esprit que les plans doivent pouvoir être assemblés au montage. Pour les enfants, n’hésitez pas à vous mettre à genoux, voire à poser l’appareil au ras du sol.

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Luc Saint-Élie