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Fier d’être libre !

Open Office, The Gimp, Firefox… Gratuits, ces logiciels ne sont pas des freewares, mais des logiciels dits ‘ libres ‘. Interview.

Logiciel libre, bonjour. On entend souvent parler de vous, mais on ne sait pas vraiment qui vous êtes…

Je suis en effet un peu difficile à cerner, car je suis avant tout un concept. L’idée ? Un logiciel libre peut être utilisé, modifié, copié, distribué… comme son possesseur l’entend. En un mot : celui-ci est libre d’en faire ce qu’il veut !

Et tout cela gratuitement ?

Oui et non. Vous m’offrez justement ici l’occasion d’éclaircir un point qui peut prêter à confusion. J’ai été inventé par des Américains sous le nom de Free software. Or, en anglais, free signifie tout aussi bien libre que gratuit. Dans mon cas, ce nom a été choisi en référence à la liberté, et non à la gratuité… même si, dans les faits, la plupart des logiciels libres sont aussi gratuits !Cela dit, rien n’empêche une personne ou une société de se procurer un logiciel libre et de le revendre. Cela se fait beaucoup, par exemple, pour le système d’exploitation Linux. La plupart du temps, c’est en fait le service qui est alors vendu : la mise en boîte du produit, l’édition d’un manuel sur papier, l’assistance technique, etc. Mais même dans ce cas, l’utilisateur qui achète un tel logiciel reste libre d’en donner des copies sans aucune contrainte.

Mais alors, comment peut-on vous reconnaître ?

Selon mes inventeurs, pour être qualifié de libre, un logiciel doit répondre à quatre critères stricts :
il doit pouvoir être utilisé comme on l’entend et pour tous les usages, même commerciaux ;
on doit pouvoir le redistribuer librement, ce qui inclut également la revente ;
son fonctionnement doit pouvoir être étudié par tous ceux qui le souhaitent ;
il est toujours permis de modifier le programme à sa guise.L’exercice de ces quatre libertés fondamentales ne doit pas nécessiter d’en faire la demande à l’auteur du logiciel. Dans tous les cas, pour garantir le respect de ces libertés, le code source du logiciel doit toujours être disponible facilement et gratuitement.

En quoi les utilisateurs en tirent-ils bénéfice ?

Grâce à un tel modèle de distribution, des logiciels très complets et qui évoluent rapidement sont mis au point. Les logiciels libres sont, par essence, le résultat de travaux communs de programmeurs. Cette accumulation de compétences aboutit à une logithèque considérable, efficace et souvent très innovante. D’où un bénéfice pour les utilisateurs.

Comment les programmeurs de logiciels libres sont-ils rémunérés ?

La plupart travaillent gratuitement… Mais des programmeurs professionnels contribuent souvent activement à notre développement. Car nous sommes aussi utilisés par les administrations, l’armée et des entreprises privées, qui pour leurs besoins spécifiques nous font modifier par leurs équipes de développeurs.

Résumons… Un logiciel libre, c’est comme un freeware ou un shareware ?

Non, surtout pas ! Les logiciels libres ont une spécificité : pour les redistribuer, il faut se conformer aux termes d’une licence, c’est-à-dire d’une autorisation unilatérale, dont le texte est livré avec le logiciel. Le respect des termes de cette licence est obligatoire, car les logiciels libres, comme tous les autres, sont protégés par le droit d’auteur.Mais, paradoxalement, le copyright est utilisé dans mon cas pour que l’auteur renonce à l’exclusivité de la plupart de ses droits ! Cette utilisation paradoxale a un nom : le copyleft ?” jeu de mots anglais dont l’équivalent pourrait être ‘ gauche d’auteur ‘. Dans les faits, une entreprise ou une administration a le droit d’utiliser et de modifier un logiciel libre selon ses besoins. Elle est aussi libre de diffuser ou non le logiciel modifié.Mais si elle décide de le faire, elle est contrainte par la licence de distribuer sa version en tant que logiciel libre et de mettre son code source, modifications comprises, à disposition de tous.Il existe plusieurs licences libres, mais la plus commune, adoptée par 70 % des logiciels libres, est la licence GNU GPL. D’autres licences imposent plus ou moins de contraintes pour l’usage, la copie, la modification et la redistribution des logiciels. Parmi elles, la licence BSD et ses dérivées n’imposent, par exemple, que la seule citation des auteurs.Enfin, il existe un autre courant, l’Open Source, qui ne s’attache qu’à la diffusion publique du code source du logiciel, sans aucune autre contrainte. Tout logiciel libre est par essence Open Source, puisqu’il est diffusé avec son code source. En revanche, tous les logiciels Open Source ne sont pas forcément libres : cela dépend de la licence qui les accompagne.

Garantissez-vous d’être aussi fiable que les logiciels propriétaires ?

Oui et non… Dans le cas de petits projets, de logiciels peu connus, la publicité du code source peut être un danger : les failles de sécurité sont plus facilement décelables par des programmeurs malveillants. Mais dans le cas de grands projets, tels Linux ou Firefox, la disponibilité du code source, relu par des communautés de milliers de programmeurs, favorise la découverte et la correction rapide des erreurs et la mise au point de nouvelles fonctions brillantes.

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Stéphane Viossat