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Fabriquer un papier qui enferme les couleurs

Une cavité pour chaque goutte d’encre

Le papier utilisé pour les impressions jet d’encre représente un cauchemar pour les chercheurs des laboratoires des fabricants. Il doit offrir les mêmes caractéristiques en Alaska et sous les Tropiques qu’à Saint-Germain-l’Auxerrois. Pourtant, les conditions de chaleur, d’humidité et d’agression chimique ne sont pas identiques, loin de là ! Quelles que soient les conditions d’utilisation, l’encre doit pénétrer la couche protectrice supérieure de la page et se déposer sans baver sur les fibresqui la composent. De plus, ces fibres doivent être suffisamment planes pour que les encres soient bien à l’horizontale et réfléchissent donc toujours la même couleur. Enfin, ces fibres doivent être chimiquement neutres, malgré les agents blanchissants utilisés lors de la fabrication du papier, afin de ne pas dénaturer les pigments. Mais la couche qui reçoit les pigments n’est pas la seule composante du papier. Il faut également déposer sur la feuille un léger film protecteurqui va préserver l’encre des rayures et des frottements, mais aussi des attaques acides telles que celles provoquées par l’ozone ou la sueur, sans parler de la fumée de cigarette. Pour y parvenir, les chercheurs ont imaginé utiliser un matériau qui fond au contact des solvants contenus dans l’encre. Le principe est assez simple : lorsque l’encre arrive sur la feuille, ses solvants attaquent les ‘ pores ‘du papier.Ces pores se dilatent, laissent pénétrer l’encre, puis se referment. Un système idéal car il recouvre chaque goutte d’encre d’une sorte de bouchon en plastique. Seul problème : certains pores échappent à ce traitement puisque la surface de la feuille n’est pas imprimée dans sa totalité. Et s’il reste des alvéoles par lesquelles des agents peuvent passer, le papier sera plus facilement taché ou sali. Une autre solution consisterait à utiliser un papier dont la couche supérieure serait sensible aux ultraviolets.Ainsi, après un certain temps d’exposition aux UV, les polymères se dilateraient, bouchant ainsi les trous. Avec cette méthode, plus de problème de surface non-imprimée, mais des conditions de stockage très contraignantes… Une dernière solution, qui semble aujourdhui abandonnée, serait de remplacer la couche photosensible par un film thermosensible.Mais cela imposerait un dispositif de chauffage dont le coût serait disproportionné au regard de ce que les utilisateurs sont prêts à dépenser pour une imprimante.

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Guy Leroy