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Et maintenant, les livres…

Le lancement par Google du projet de mise en ligne gratuite de 15 millions d’ouvrages issus des grandes bibliothèques universitaires américaines et anglaises a eu au…

Le lancement par Google du projet de mise en ligne gratuite de 15 millions d’ouvrages issus des grandes bibliothèques universitaires américaines et anglaises a eu au moins le mérite de réveiller en sursaut le monde du livre. Les
éditeurs américains ont en effet peu apprécié cette décision, prise sans leur accord ni celui des auteurs, et contraint Google à suspendre ses travaux. L’autre réaction est venue d’Europe, avec l’appel des responsables de dix-neuf bibliothèques
nationales, puis de six chefs d’Etat (France, Pologne, Allemagne, Italie, Espagne et Hongrie) pour la création rapide d’une bibliothèque numérique européenne réunissant ouvrages libres de droit et archives audiovisuelles. Un comité de pilotage
français a déjà été créé pour présenter un projet avant la fin de l’année. On ne peut que se féliciter de cette réaction au risque d’hégémonisme anglo-saxon que fait courir Google sur ‘ l’idée que les prochaines générations se
feront du monde ‘
. Encore faut-il que les moyens suivent. Pour le moment, la Commission européenne a annoncé le déblocage de 60 millions d’euros sur trois ans ; la France dépense environ 15 millions d’euros par an pour
numériser son patrimoine et le système Gallica, mis en place par la Bibliothèque nationale de France, n’a numérisé que 80 000 ouvrages en cinq ans. En face, Google affiche un budget prévisionnel de quelque 150 millions d’euros… D’une
certaine façon, cette histoire de gros sous nous ramène au débat de fond ?” que les éditeurs américains posent aussi d’une autre façon : celui de l’explosion de l’économie culturelle provoquée par Internet. Après la musique, la vidéo, la
photo, c’est au tour du livre d’être pris dans le remous de la numérisation, de la dématérialisation… et de la gratuité, consentie ou non. Certes, cette fois, le ‘ pirate ‘ n’est pas l’internaute
anonyme, mais une entreprise florissante qui cherche à créer du ‘ contenu ‘ autour de son moteur de recherche pour maintenir ses parts de marché et vendre ses pages à la publicité (son unique source de
revenus) ; il n’en reste pas moins que pouvoir accéder facilement, depuis le monde entier, à des millions d’?”uvres, représente un vrai progrès pour l’humanité. Face à cette obsédante contradiction, on peut rêver que ce soient les
collectivités humaines à but non lucratif (parmi lesquelles les Etats, mais pas seulement) qui organisent cette mise en ligne, en trouvant les moyens de ne pas léser les créateurs. Un programme encore plus vaste et plus ardu, je le reconnais, que la
numérisation de bibliothèques entières…

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Bernard Montelh