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5. Des écrans et des PC sensitifs

Interfaces, mémoire, stockage : à quoi pourrait ressembler l’ordinateur que nous utiliserons en 2010 ?

Ecran en 3D ou plus d’écran du tout

C’est l’une des premières et des plus impressionnantes scènes de Minority Report. Sur son écran de contrôle, Tom Cruise capte les signes précurseurs, les précogs, que lui envoient des extralucides capables
de prévoir les meurtres et autres crimes. L’écran en question est un vrai bijou de technologie puisque Tom Cruise peut y ‘ saisir ‘ des images, les sélectionner, y effectuer un zoom simplement à l’aide
de sa main. De la science fiction ? Pas tout à fait. Fraunhofer HHI expérimente déjà un écran presque similaire à celui de Tom. La bête occupe pour l’instant l’espace de trois écrans traditionnels. A gauche et à droite, deux écrans 2D
classiques. Au centre, l’écran 3D de 30 pouces. Et, derrière, deux projecteurs qui affichent ?” en stéréoscopie ?” une image sur l’écran 3D. Une lentille placée sur celui-ci concentre les deux images pour n’en former qu’une seule. D’un
simple geste de la main, on peut déplacer un objet de l’écran 2D vers l’écran 3D sur lequel on peut ensuite le faire pivoter, zoomer. Et contrairement à Tom Cruise, qui s’équipe de gants un peu bizarres, pas besoin d’accessoires sur les
mimines : les mouvements de la main sont suivis à l’aide d’un réseau de neuf caméras incrustées dans le bureau. Enfin, six jeux de diodes placées à côté des caméras illuminent la main par le dessous, apportant une touche de science-fiction à la
scène… Mais les interfaces de communication du futur ne seront pas toutes basées sur un écran, quelles que soient sa technologie et sa forme. Pour présenter une image à un utilisateur, les chercheurs travaillent ainsi à améliorer les
techniques de projection rétinienne. Dans ce cas, un laser dessine directement l’image sur l’?”il. Du coup, plus besoin d’écran !

L’ordinateur qui devine les émotions

Si l’utilisateur peut voir ce que l’ordinateur affiche, l’ordinateur pourra aussi bientôt voir l’utilisateur. Nouse, développé par l’Institut de technologie de l’information du Conseil national de recherches du Canada, permet
d’utiliser son nez comme une souris. La technique, appelée Perceptual Vision Systems (PVS), est basée sur une webcam détectant les mouvements de la tête. Plus qu’un simple mouvement, l’ordinateur pourrait aussi connaître l’état d’esprit de la
personne qu’il a en face de lui. Le laboratoire français Heudiasyc développe des méthodes d’analyse de visages et de reconnaissance des formes à partir des six expressions de base : joie, colère, peur, dégoût, surprise et tristesse. Une
modélisation statistique basée sur une quarantaine de paramètres permet de déterminer l’émotion exprimée par le visage. Mais barbes, lunettes et maquillage perturbent la reconnaissance, tout comme les images mal éclairées. Plus ambitieux, le projet
européen IPCA, coordonné par l’Institut Fraunhofer en Allemagne, s’est fixé pour objectif de permettre à des personnes handicapées moteur d’utiliser un ordinateur. Pour cela, des capteurs sont placés sur l’un des muscles que l’utilisateur parvient à
contrôler. Il lui suffit alors de le contracter pour envoyer des ordres au PC. Un capteur d’inertie (de gravité) peut être attaché au poignet ou à la tête pour effectuer des mouvements plus complexes et un capteur mesurant la conductivité de la peau
détecte les évolutions de l’état émotionnel de l’utilisateur.

Les disques durs carburent au laser

Au-delà des interfaces, ce sont certains des composants du PC que les chercheurs songent à revoir entièrement. Et notamment le disque dur. Les modèles actuels emploient des têtes magnétiques pour lire et écrire des données
numériques sur des plateaux rotatifs. Pour stocker toujours plus d’informations sur des disques dont la taille reste constante (voire diminue), les fabricants augmentent la densité de stockage, c’est-à-dire le nombre de bits de données stockés sur
un centimètre carré. Pour cela, ils réduisent la taille des particules magnétiques servant à représenter les 0 et les 1. Mais, au rythme actuel, la taille des particules magnétiques va devenir tellement réduite qu’elles pourraient devenir instables
et entraîner la perte des données stockées. La solution consiste à changer le type de particules utilisées sur les plateaux mais les têtes magnétiques actuelles sont incapables d’écrire des données sur d’autres types de particules. Le HAMR (Heat
assisted magnetic recorded, enregistrement magnétique assisté par la chaleur), développé notamment dans les labos de Seagate, consiste à chauffer le support à l’aide d’un faisceau laser, à l’endroit précis où les bits de données sont enregistrés.
Une fois chauffé, le support est plus facile à magnétiser, et le refroidissement rapide qui s’ensuit permet de stabiliser les données écrites.La mémoire aussi devra évoluer. Aujourd’hui, la DRam se présente sous la forme d’une grille très fine de fils entrecroisés. A chaque intersection est stocké un bit d’information, un 0 ou un 1 selon le potentiel électrique
présent. La mémoire est donc volatile et nécessite une alimentation continue en courant électrique pour conserver ses données. Pour la remplacer, les industriels parient sur la MRam (Magnetoresistive Ram). Celle-ci repose toujours sur une grille de
fils entrecroisés ; mais à chaque croisement est placé un bipôle constitué d’empilements de métaux ferromagnétiques. Chaque bipôle est polarisé par les courants qui circulent dans les fils de la grille pour stocker un 0 ou un 1, grâce à une
propriété essentielle de la matière, découverte dans les années 1980 : l’effet tunnel. Celui-ci repose sur la possibilité qu’un courant électrique circule entre deux couches métalliques séparées par un isolant, comme si les électrons passaient
à travers un ‘ tunnel invisible ‘. Une autre candidate à la succession de la DRam est aussi en cours d’élaboration : la NRam, ou NanoRam. Elle est basée sur l’utilisation de nanotubes de carbone
(voir pages précédentes).

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Alain Steinmann