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Xbox One vs PlayStation 4, petit match next gen en quatre manches

La guerre des consoles de nouvelle génération commence aujourd’hui et pour dix ans environ. Si un avis arrêté serait une hérésie, nous avons listé nos impressions après une semaine passée en leur compagnie. Petit verdict.

29 novembre 2013. Le jour où la guerre des consoles de huitième génération a officiellement commencé en France. La Xbox One a pris ses marques depuis la semaine dernière. La PlayStation 4 a désormais rejoint les étalages des magasins. Ces deux sœurs ennemies devraient continuer leur course bien au-delà du sapin de Noël 2013.

Une guerre au long cours

La guerre entre PlayStation et Xbox commence en 2001. Depuis chaque lignée a séduit ses fidèles, qui ne se posent pas la question et adoptent la nouvelle génération de leur écurie, par affinité, certitude ou habitude. Bien entendu, on trouve les agnostiques qui picorent dans l’un et l’autre des univers sans distinction. Et, enfin, les indécis, ceux qui veulent dresser une liste des plus et des moins. Existe également une dernière catégorie, celle qui regroupe les quelques feu follets qui, sur un coup de tête, un coup de coeur, choisissent un camp.
Toutefois, quelle que soit la catégorie à laquelle on appartient, les premiers temps sont synonymes de choix, rares sont ceux qui auront les deux consoles d’ici la fin d’année.

Voilà pourquoi nous vous proposons un match en quatre points principaux, conscient qu’il s’agit ici plus d’un baromètre que d’un test tant il est difficile de juger une console au début de sa vie alors que tout est à faire. A commencer par le catalogue de jeux et la communauté de joueurs. Cette confrontation, empreinte de subjectivité, pourrait ainsi aboutir à un tout autre jugement d’ici quelques mois. Mais nous sommes le 29 novembre et la bataille commence…

La manette : controller freaks

Si ces fans des DualShock ne seront évidemment pas d’accord, la manette de la Xbox 360 a toutefois eu la réputation d’être plus précise et adaptée à un plus grand nombre de genres de jeux vidéo, notamment parce que ses sticks étaient plus précis et ses gâchettes mieux disposées et conçues. Grâce à leur légère courbure, entre autres.

Avec la Xbox One, Microsoft conserve l’essentiel et améliore par touche. Avec une mention très spéciale pour les gâchettes vibrantes qui changent totalement le ressenti en jeu. D’une certaine manière, elles contribuent même à être plus précis, quand on prend une trajectoire par exemple, et renforce également l’immersion. Que ce soit dans Forza 5 ou Call of Duty : Ghosts. Quand la manette de la console de Microsoft vibre, ça se sent et c’est tant mieux !
Même s’ils sont renforcés, les moteurs de la DualShock 4 paraissent en regard un peu timides, discrets en tout cas. Mais tous les défauts qu’on pouvait opposer à la manette de la PlayStation 3 ont été corrigés par Sony. Tout en conservant la disposition centrale de ses sticks, désormais plus enfoncés, plus résistants et plus précis, la DualShock 4 rallonge ses poignées, s’alourdit un peu pour mieux tenir en main. Et, enfin, Les gâchettes R2/L2 sont légèrement courbes.
L’avantage du confort semble toutefois encore revenir à la manette de la Xbox One, bien que la force de l’habitude y soit sans doute pour beaucoup.

Côté autonomie, les deux manettes s’en sortent bien. La DualShock 4 a l’avantage d’intégrer une batterie rechargeable, avec un câble microUSB standard, tandis que la Xbox One a opté pour des piles, qui en une semaine de maltraitance intensive ne nous ont pas lâché. On ne pourra toutefois que recommander d’acheter rapidement un bloc batterie, rechargeable.

Mais le concours ne s’arrête pas là. Car, Sony a glissé deux autres nouveautés et innovations dans sa manette. Le pavé tactile, d’une part, et la barre lumineuse, d’autre part. On a déjà dit tout le bien qu’on pensait du pavé tactile, même si son implémentation dans les jeux, Killzone notamment, n’est pas toujours facile à appréhender les premiers temps. Son revêtement parsemé de petits trous permet de savoir qu’on a les doigts au bon endroit sans avoir à baisser les yeux, et c’est loin d’être un détail.
La barre lumineuse permet, elle, de jolis petits effets d’ambiance dans certains titres, mais ne prend évidemment tout son sens qu’avec la PlayStation Camera, que nous n’avons pas testée.
Ce que nous avons pu tester en revanche, c’est la deuxième manette de la Xbox One, le fameux, Kinect 2. Si DualShock 4 et PS Camera forme un couple de temps à autre, Kinect est de tous les combats. Pour l’instant, les jeux développés spécialement pour la Xbox One (Dead Rising 3, Ryse et Forza Motorsport 5) l’utilisent avec prudence, du bout des doigts.
En revanche, on s’amuse à commander sa console vocalement, même si avouons-le un niveau de bruit ambiant trop important lui fait souvent perdre ses moyens et que les mots clés compris par la console limitent un peu la liberté de l’utilisateur.
Quoi qu’il en soit, d’un point de vue technique et du potentiel, Kinect 2 enterre allègrement sa concurrente, la PlayStation Camera, donnant ainsi un avantage à l’équipe Xbox pour ce qui est du contrôleur.

Tarifs
DualShock 4 PlayStation 4 : 60 euros
Manette Xbox One : 60 euros
PlayStation Camera : 50 euros
Kinect 2 : vendu obligatoirement avec la Xbox One

Avantage : Xbox One

Xbox One et PlayStation 4 abordent l’exercice du design de manière très différente. La Xbox One se fait monolithique, et ne peut s’installer qu’à plat, comme un bon vieux magnétoscope dont elle emprunte le volume et la forme. La PlayStation tout en arêtes et ruptures fait preuve d’un certain caractère tout en sachant se faire oublier si on le souhaite. La bande lumineuse devenue célèbre avec le Blue Light of Death n’est pas gênante en définitive.
Un défaut toutefois, la partie gauche laquée du boîtier à tendance à non seulement prendre rapidement les traces de doigts mais également à se rayer très facilement. Mieux vaut éviter de trop la transporter dans un sac sans protection. C’est d’ailleurs cette partie qu’on fait coulisser sans encombre pour changer le disque dur de la console si on le souhaite. Les seules contraintes sont d’opter pour un disque 2,5 pouces d’une capacité supérieure ou égale à 160 Go. Un disque SSD pouvant par exemple réduire considérablement les temps de chargement. L’opération est un peu moins aisée sur la Xbox One et annule surtout la garantie… Il faudra espérer que le disque de 500 Go, tournant à 5400 tours/minute, comme celui de la PlayStation 4, tiendra le coup.

Avantage : PlayStation 4

Media center et plus…

Les deux consoles proposent également un lecteur Blu-ray, Microsoft ayant fait le deuil de son goût pour le DVD uniquement ou le HD DVD, en option. En façade, on trouve également deux ports USB 3.0 sur la PS4, la Xbox One les place à l’arrière et en ajoute un sur le côté.
Par ailleurs, la PlayStation 4 offre une connectique physique un peu moins riche que celle de la Xbox One, mais assure en revanche la compatibilité avec le Bluetooth, ce que ne permet pas la console de Microsoft. La Xbox One, elle, propose une sortie et une entrée HDMI. Un petit plus justifié par ses ambitions de mediacenter télévisuel.
Car, en plus des Blu-ray et de la VOD/SVOD, arguments qu’elle partage avec sa rivale, la Xbox One est capable de « centraliser » le flux télévisé issu de votre box… Enfin, pour l’instant, seul Orange offre une véritable intégration, SFR devrait suivre. Par ailleurs, des applications de catchup TV sont disponibles sur les consoles pour pouvoir regarder la télévision sans passer par le câble ou votre box. Il suffit d’une connexion à Internet. C’est là qu’on voit que la Xbox One est un hub, qui centralise, mais n’est en aucun cas un remplaçant des offres de contenus « classiques ».

Avantage : Xbox One

Puissance brute et interface

Côté configuration, la PS4 prend la main sur sa concurrente. En plus d’être plus compacte, tout en intégrant son alimentation, la console de Sony affiche une configuration proche de celle de la Xbox One, mais légèrement plus puissante grâce notamment au choix d’une mémoire plus performante. Elle embarque 8 Go de GDDR5, là où Microsoft a opté pour de la DDR3 moins efficace mais plus courante dans les architectures PC classiques.

Car, si les puces x86-64 bits (APU =CPU + GPU) ont été adaptées et modifiées à la demande pour les deux fabricants par AMD, Microsoft a fait un choix, lié à son histoire, celui du PC, celui de l’OS. En fait, ce sont trois OS qui tournent sur la Xbox One en permanence, là où la PS4 va au plus simple. Un OS pour unir les deux autres, l’un pour la partie TV/média, l’autre pour le jeu évidemment et cette interface très Windows 8.
Pas déplaisante et assez facile à appréhender pour qui connaît son pendant PC, elle est beaucoup plus colorée et contrastée que celle de la PlayStation 4.

Pour autant, l’interface de la console de Sony est très plaisante et finalement plus simple. Elle se compose de deux axes horizontaux. Sur l’un tous les éléments de réglages et de configuration, sur l’autre, les jeux installés. Une fois un jeu sélectionné, une petite mosaïque d’images et de texte donnent des informations contextuelles sur le jeu, vos liens sociaux, etc.
Seul défaut, les vignettes correspondant aux titres s’alignent à l’infini et même avec le catalogue réduit des premiers temps il faut scroller latéralement longuement pour retrouver un titre.

Avantage :
PlayStation 4

Qui dit nouvelle génération implique évidemment nouvelle prise de repères de la part des développeurs qui doivent prendre la mesure de nouveaux outils et de nouvelles spécifications.

Mais cette génération est un peu différente. Et la façon dont elle s’est ouverte aux développeurs indépendants est une bonne illustration de cette différence, cette guerre pour séduire ceux qui développeront les titres qui feront leur succès. Après avoir pris du retard sur la PlayStation 4, qui d’emblée a facilité la vie des petits développeurs, Microsoft a mis les bouchées doubles. Là où les développeurs, même indépendants, auront besoin d’une PlayStation 4 debug pour développer des titres, chaque Xbox One peut servir de console debug. Autrement dit, au lieu de payer plusieurs milliers d’euros, un petit studio pourra tester et développer son jeu avec une console « commerciale ». On sait qu’un titre comme Minecraft peut peser lourdement en faveur d’une console.
La PlayStation 4 a ResoGun, un titre indépendant addictif et splendide. La tendance indépendante prendra-t-elle de l’ampleur sur Xbox One ? On ne peut que l’espérer.

Avantage : PlayStation 4

L’avenir se lit dans le nuage ?

Aussi puissantes soient-elles, les Xbox One et PlayStation 4 sont techniquement d’ores et déjà datées, comparées avec des PC, par exemple. Mais chaque camp compte bien sur le cloud pour insuffler de l’énergie sur le long terme à son poulain.
Microsoft mise sur son savoir-faire dans le domaine des serveurs pour vanter le Xbox Live Compute, qui devrait permettre très rapidement de déporter en ligne une partie des calculs nécessaires au bon fonctionnement de l’IA, de l’affichage ou de la récurrence d’un univers. La Xbox One serait alors autant un terminal connectée qu’une plate-forme locale. Le potentiel est en tout cas énorme.
De son côté, Sony a racheté Gaikai, un des précurseurs du cloud gaming, pour environ 300 millions d’euros. La société nippone n’a pas donné beaucoup d’informations sur ses plans futurs. La rétrocompatibilité de la PlayStation 4 avec les catalogues PS3 et précédents pourrait toutefois être assurée par ce biais. Le service devrait être lancé en début d’année 2014 aux Etats-Unis et arriver en Europe au mois d’avril, selon certaines indiscrétions.

Avantage : Xbox One

Les deux consoles ont en tout cas fait le choix d’étendre leur univers aux smartphones et tablettes. Microsoft avec sa nouvelle génération de l’application Smartglass et Sony avec la PlayStation App. Les deux permettent d’acheter un jeu à distance et de lancer le téléchargement d’un titre sur la console, si elle n’est pas éteinte, pour que le titre soit jouable à votre arrivée. A noter qu’il est ainsi possible de commencer à jouer alors que le téléchargement ou l’installation ne sont pas finies, comme le fait d’ailleurs Blizzard sur PC. Ce qui est une bonne nouvelle quand on sait qu’un titre pèse généralement une vingtaine ou une trentaine de gigaoctets.
A moyens termes, les développeurs devraient prévoir des fonctionnalités pour que le propriétaire d’une tablette puisse continuer à jouer à son titre préféré d’une autre manière. En commandant des attaques aériennes ou des soutiens dans un FPS, par exemple.

Toutefois, dans la course au second écran, Sony a un avantage, la PlayStation Vita. Si la console n’est pas des plus populaires pour l’instant, elle permet de contrôler sa PlayStation 4 à distance, comme une télécommande, l’ergonomie n’étant alors pas toujours au top. Mais le mieux est certainement de pouvoir l’utiliser comme un écran déporté. Un peu à la manière du Wii U Gamepad en mode sans téléviseur, il est possible de jouer à un jeu qui tourne sur la PS4 sur la console portable de Sony. Il faut évidemment, dans ce cas, être sur un réseau Wi-Fi suffisamment performant pour éviter les lags.

Avantage : PlayStation 4

Jeux, l’essentiel est à venir

Une console sans jeu n’est rien. Les deux fabricants l’ont bien compris qui mettent en avant de nouvelles licences ou des suites à la réputation éprouvée. A ce petit jeu, Microsoft l’emporte, avec trois exclusivités en triple A. Ryse est indéniablement un très bon jeu, même s’il est court, Forza a le charme et l’exigence de cette licence, le tout paré de graphismes éblouissants. En revanche Dead Rising 3 perd un peu de la magie qui a fait le succès de la licence, même s’il est toujours aussi jubilatoire de castagner du zombie à coup de motoculteur.
Pour autant, la PlayStation 4 n’est pas en reste. Son Killzone : Shadow Fall, sans surprise et classique, est plaisant et beau. On n’aura de cesse de répéter tout le plaisir qu’on a à jouer à ResoGun. Ou à voir des enfants s’essayer à Knack, qui n’est pas si facile que cela tout en étant familial.
Mais en définitive, sur la grosse vingtaine de jeux que chaque console propose, l’essentiel est pour l’instant composé de titres tiers, sortis sur les Xbox 360 et PS3, ou sur PC. D’ailleurs, c’est souvent cette dernière version qui sert de base à la version next gen. C’est ainsi le cas de Call of Duty : Ghosts, qui s’avère plus joli (il est en 1080p) sur PS4 que sur Xbox One (720p). Mais cette embellie se paie de quelques ralentissements et chutes de frame rate.

Difficile de choisir la console pour les jeux actuels. Selon les goûts et affinités de chacun on se tournera vers les « exclus » ou titres traditionnellement réservés à l’un ou l’autre des univers. Titanfall pourrait faire pencher la balance du côté de la Xbox One. Mais on pourrait également comprendre ceux qui ont toujours joué à Metal Gear sur une PlayStation et ne l’entendent pas autrement, même si MGS V Ground Zeroes sortira sur les deux consoles.

Avantage : Xbox One

La Xbox One semble avoir plus de potentiel sur le long terme, malgré les limitations que Microsoft a dû mettre en place après les multiples ajustements stratégiques qu’il a dû concéder face au tollé suscité par ses choix et les inquiétudes que laissent toujours planer Kinect. Pour autant, à l’heure actuelle, la PlayStation 4 nous séduit davantage, nous semble davantage un produit « fini ». Son design, sa discrétion, même si elle est un peu plus bruyante que la Xbox One, selon nos mesures (à cause de l’intégration de son alimentation sans doute, qui chauffe plus), et surtout son prix nous font la choisir en cette fin 2013. Mais la donne pourrait changer rapidement, dès le 13 mars prochain, date de lancement attendu pour TitanFall. En définitive, la sortie des deux consoles est une première bataille, mais elle a également remis à zéro les compteurs. Chaque coup compte. Chaque jeu compte. Vivement les dix prochaines années…

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Pierre Fontaine