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Marché du jeu vidéo : « l’ubiquité est la prochaine révolution »

Le marché jeu vidéo va croissant mais s’avère surtout extrêmement changeant. Donnant plus de place aux free to play, aux jeux mobiles et à une expérience de jeu omniprésente et trans-plate-forme.

54 milliards d’euros, c’est ce que devrait générer le marché mondial des jeux vidéo en 2013, avant d’atteindre les 82 milliards d’euros en 2017. Deux chiffres, issus de la dernière étude de l’IDATE consacrée au marché vidéoludique, et qui donnent une idée du potentiel économique de ce secteur qui devrait afficher 11% de croissance par an dans les prochaines années.

Transition

Pour autant, ces chiffres impressionnants ne peuvent pas, à eux seuls, donner la mesure du changement en profondeur que connaît ce domaine. Ne serait-ce que parce que les « acteurs traditionnels affichent des performances financières en demi teintes par rapport aux acteurs du jeu nomade et en ligne », nous explique Laurent Michaud, responsable de la practice Digital Home & Entertainment, qui a dirigé la dernière étude sur le marché mondial du jeu vidéo au sein de l’IDATE. La période prospectée, 2013-2017, est avant tout une zone transitoire, amorcée depuis quelques années. On pourrait pourtant la croire classique.

Elle sera en effet marquée par la montée en puissance des deux nouvelles consoles de salon, sorties à la fin du mois de novembre dernier. Une croissance qui durera, jusqu’en 2016, avant de céder la place à une décroissance progressive à partir de 2017, selon les chiffres de l’étude de l’IDATE.

Pourtant, ces nouvelles consoles s’inscrivent dans la tendance à la dématérialisation des jeux vidéo et dans la montée en puissance des free to play (F2P), ces jeux gratuits à l’accès mais qui sont perclus de possibilité de micropaiements.

Une expérience omniprésente

Mais si la dématérialisation et le F2P sont bien installés et s’inscrivent dans une tendance de fond assez ancrée, la nouveauté du jeu vidéo en cours d’établissement, c’est l’ubiquité, non pas d’un même jeu, mais d’une « expérience ». Les éditeurs « ne procurent plus un jeu mais une expérience », nous indiquait Laurent Michaud. Ainsi, les éditeurs doivent savoir décliner sur plusieurs écrans, plusieurs plates-formes, un jeu, un univers, chacun interagissant à un niveau ou un autre avec les autres.

Pour Laurent Michaud, ceux qui ne sauront pas sauter ce pas auront des problèmes. Il décerne même un rapide satisfecit à Ubisoft, qui, selon lui, se démarque actuellement grâce à cette capacité créatrice. « Il est le meilleur sur le second screen », justifie-t-il. A comprendre que le jeu s’étend sur l’écran d’une tablette ou d’un smartphone quand on s’éloigne du téléviseur.
« Il faut créer des passerelles, l’expérience ne prend plus fin quand on éteint son écran principal », commente Laurent Michaud. Ainsi, on déclenche des frappes aériennes dans tel niveau d’un FPS depuis sa tablette, donne un coup de main à ses amis depuis un smartphone, etc. Le jeu est présent sous différentes formes partout,  tout le temps, même en situation de mobilité.

Le cloud et ses limites

Sony avec sa PlayStation Vita ou Nvidia avec sa Shield encouragent les développeurs à travailler l’ubiquité, nous explique Laurent Michaud. Mais la prochaine étape ira encore plus loin.

Grâce au cloud, le jeu « doit devenir agnostique du terminal », prévoit-il, lui qui s’enthousiasme du potentiel d’appareils comme les Google Glass dans le domaine des jeux vidéo.

A termes, prophétise-t-il, on achètera une licence à un éditeur, le droit de jouer sur plusieurs plates-formes. En définitive, « tout ce qui pourra être déporté dans le cloud le sera », continue-t-il, mais il est difficile d’imaginer que les joueurs de console, qui veulent de la HD et pour la génération suivante de l’UltraHD, accepteront une dégradation de la qualité vidéo, que ce soit parce que tout ou partie de la puissance de calcul graphique est dans les nuages. Surtout que Laurent Michaud pense que le jeu vidéo et la télévision connectée représente une « convergence naturelle » et qu’ils vont former un couple incontournable dans les années à venir. La qualité graphique devra donc être au rendez-vous.

L’avenir du jeu vidéo est protéiforme et adaptée à chaque instant de nos vies. Mélange d’univers étendu, de communauté et de connexion permanente, le jeu vidéo de demain semble toujours en évolution et reposer de plus en plus sur l’asymétrique gameplay. Une vision du jeu vidéo, où l’éditeur propose différentes expériences selon le moyen utilisé pour jouer. Une vision dont Nintendo défend les prémices avec sa Wii U et le Wii U Gamepad, sans grand succès jusqu’à présent, avance-t-on. « Le souci de la Wii U, ce n’est pas la technologie, c’est sa commercialisation », rétorque Laurent Michaud. Une autre manière de dire que l’innovation seule ne suffit pas et que les bons jeux restent essentiels…

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Pierre Fontaine