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Un support universel menacé par la diversité

Avec 30 millions de foyers équipés de lecteurs de DVD en 4 ans, les qualités de ce support numérique semblent faire l’unanimité. Mais le passage à la version réinscriptible relance la guerre des formats.

Shrek, le film de synthèse réalisé par Dreamworks, vient d’exploser le record de ventes de DVD (Digital Versatile Disc) : 5,5 millions de disques ont changé de main le mois de sa commercialisation. L’intérêt de l’?”uvre n’explique pas à lui seul cet engouement. Le succès tient aussi aux caractéristiques du support d’enregistrement ?” à la qualité de l’image et du son, notamment ?” et aux prix abordables des lecteurs. Ainsi, aux États-Unis, selon l’organisme professionnel DVD Entertainment Group, les ventes de lecteurs DVD ont doublé entre 2000 et 2001, pour atteindre 16,7 millions d’unités. En France, l’institut d’études GFK estime que 12 % des ménages sont équipés de lecteurs de salon. L’arrivée sur le marché des lecteurs-enregistreurs devrait augmenter la pénétration du support. En France, le produit Philips est disponible depuis septembre et d’autres se sont engouffrés dans la brèche, comme Panasonic. Si les prix tournent autour de 2 000 euros (environ 13 000 francs), nul doute qu’ils vont chuter aussi vertigineusement que ceux des simples lecteurs de DVD. CD ou DVD sont basés sur le même principe : le stockage optique. Une source de lumière laser est utilisée pour lire ou écrire les données. Un support composé de plusieurs couches de matériaux, dont une pellicule réfléchissante (aluminium, argent ou or) et une couche d’enregistrement en polycarbonate. Les données, exprimées en mode binaire, sont décrites par des creux (et, bien sûr, des ” pleins “) qui seront détectés par le laser de lecture.Le Français MPO, installé près du Mans, a développé au début des années 1980 son propre procédé. “C’était un réel pari, mais les licences Philips et autres nous paraissaient hors de prix”, explique le PDG, Loïc de Poix. Sa technique est celle du pressage. Les informations sont gravées sur une résine photosensible grâce à un laser. Comme en photographie, cette couche est ensuite révélée : les parties insolées se désagrègent, laissant place à des creux. Après divers traitements, ce disque formera la matrice (ou master) à partir de laquelle toute la série sera produite. Le polycarbonate, à l’origine sous forme de grains, est fondu puis moulé sur cette matrice pour former le disque final. Une couche d’aluminium est ensuite déposée sur ce support quasiment transparent. C’est elle qui permettra la lecture par réflexion du laser sur la couche d’information. Enfin, une pellicule protectrice de vernis est déposée sur le disque.Fabriqués à la maison, sur un ordinateur ou un graveur de salon, les disques ne sont pas obtenus par moulage. Comme dans le cas du master utilisé en pressage, le disque vierge comporte une couche photosensible. Une strate que le laser ?” celui-là même qui assurera la lecture, réglé à une puissance plus forte ?” brûle pour réaliser les creux nécessaires. Dans le cas des disques réenregistrables, ces modifications doivent être réversibles. “Ce qui signifie que la gravure est plus superficielle que pour les disques à usage unique”, précise Pascal Petitpas, responsable des nouvelles technologies chez Panasonic. Au risque de nuire à la qualité de l’enregistrement.

La petite longueur d’onde des DVD

Si, dans tous les cas, ces gravures sont réalisés sur des sillons, pour les DVD, les pistes d’enregistrement sont deux fois plus rapprochées, et la taille des creux moitié moins grande. Une densité supérieure obtenue grâce à un rayon laser d’une longueur d’onde plus courte. Il est ainsi possible de stocker davantage de données sur un DVD que sur un CD. Mieux, il est désormais possible d’inscrire des données sur deux couches ?” l’une translucide, l’autre opaque ?” sur les deux faces du disque. Aujourd’hui seuls les DVD double face simple couche, qui contiennent 9,4 gigaoctets (Go) d’informations, sont produits en masse. La prochaine génération, d’une capacité de 17 Go, n’est pas loin.Seule ombre au tableau, l’entente sur un format au sein du DVD forum a volé en éclat pour les générations réinscriptibles du support. Certes, le principe d’écriture ?” le changement de phase ?” reste le même. Le matériau utilisé peut connaître deux états physiques (cristallin ou amorphe, représentant ainsi le “0” et le “1” nécessaires au codage des données), selon la température à laquelle le soumet le laser. Mais l’application de cette technologie est différente selon les acteurs, organisés en trois pôles autour de trois formats. Le DVD-RAM est soutenu par Panasonic, Hitachi, Matsushita et Toshiba ;le DVD+RW par Sony, Hewlett-Packard et Philips, et le DVD-RW par Pioneer. Si tous les acteurs déplorent cette incompatibilité, qui nuit surtout au consommateur, chacun campe sur ses positions et rêve d’imposer son format.Parallèlement, la recherche avance. L’enjeu : graver toujours plus d’informations sur une même surface. Chez Sony, on parle du laser bleu qui permettrait, grâce à une longueur d’onde plus courte, de passer la barre des 20 Go. De leur côté, Matsuhita et Hitachi visent les 100 Go avec leur laser violet.

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Agathe Remoué