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Project Atlas : BitTorrent veut rétribuer le partage grâce à sa cryptomonnaie

Le nouveau propriétaire de BitTorrent veut récompenser avec sa cryptomonnaie ceux qui partagent les fichiers. Ce système inciterait les utilisateurs à laisser plus longtemps les fichiers disponibles, à une vitesse de téléchargement plus élevée.

Comment rendre BitTorrent plus fiable et plus rapide ? A cette question, son nouveau propriétaire tente de trouver une réponse avec le Project Atlas. Tron, qui utilise la blockchain pour ses propres cryptomonnaies Tronix (TRX), veut créer un écosystème de partage où les seeders, c’est-à-dire ceux qui partagent des fichiers complets aux peers qui les téléchargent, sont récompensés. Une récompense liée non seulement au temps de partage mais également à la bande passante allouée.

Tous les utilisateurs de BitTorrent le savent : pour que le fichier en question reste disponible, il faut que les seeders prolongent le partage du fichier, aussi bien en temps qu’en pourcentage de leur bande passante. Sauf que cela prend donc de l’espace disque et une partie du débit de leur connexion Internet.

Partager un fichier plus longtemps pour plus de monde

Un effort que tout le monde n’est pas prêt à faire. Pour les motiver, le Project Atlas prévoit donc de rétribuer avec des tokens les seeders au prorata de ce qu’ils partagent. Point important, les seeders ne mineraient absolument rien, ce sont les tokens disponibles sur le marché qui leur seraient distribués. Aucune ressource de calcul de leur machine ne serait ainsi mobilisée.

Autre point essentiel, cette devise n’aurait aucune valeur monétaire, elle ne servirait, dans un premier temps tout au moins, qu’à inciter au partage. Ainsi, un seeder pourrait donner des tokens à d’autres utilisateurs pour qu’ils partagent davantage un fichier. De même un peer pourrait verser des tokens à un seeder pour plus de bande passante et un téléchargement plus rapide.

Bien entendu, de nombreuses questions se posent à l’heure actuelle et il faudra attendre que BitTorrent précise ses plans dans les semaines à venir. Ainsi, ces tokens pourront-ils être, malgré tout, utilisés pour acheter des contenus ? Ce système qui utilise la blockchain n’est-il pas plutôt pensé pour la distribution de contenus légaux alors que les torrent demeurent très liés au piratage ? Pour l’heure, ce fonctionnement par token s’active sous forme d’un module complémentaire au client Torrent, mais remplacera-t-il à termes le système classique ? Des débuts de réponse ont été fournis dans une brève vidéo par Justin Knoll, en charge du projet Atlas au sein de BitTorrent. Pour le reste, il faudra être plus patient.

Devenir une plate-forme de distribution décentralisée légale

En cherchant à rendre les échanges de fichiers par BitTorrent plus fiables, Tron espère avoir son rôle à jouer dans la distribution de contenus par architecture décentralisée. Une quête que Bram Cohen, fondateur de BitTorrent, qui a désormais quitté la société, a longtemps tenté de mener à bien, en vain. Justin Sun, le fondateur de Tron et propriétaire désormais de BitTorrent, poursuit cette même ambition. Il est possible que la conjonction de l’application de la blockchain et du protocole P2P qui sous-tend BitTorrent soit la solution.
Ce système de “rétribution”, d’encouragement en tout cas, pourrait par exemple être adopté par des artistes indépendants pour diffuser leurs œuvres sans avoir à passer par des plates-formes telles que Spotify, Apple Music ou Netflix.

En septembre 2014, le chanteur de Radiohead Thom Yorke avait distribué un album en exclusivité sur BitTorrent. Son prix d’achat était libre, mais les 4,4 millions de téléchargement de Tomorrow’s Modern Boxes auraient potentiellement pu lui rapporter la somme maximum de 20 millions de dollars. Reste maintenant à Tron à prouver que son nouveau système peut être tout aussi profitable pour motiver les seeders.

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Jean-Sébastien Zanchi, avec Pierre Fontaine