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Nikon arrête définitivement les reflex (et ce n’est pas la fin du monde)

Le constructeur japonais Nikon a officiellement mis un terme à 23 ans de reflex numériques. Et, incidemment, à 63 ans d’aventure reflex. L’avènement des hybrides a bien eu lieu, les reflex font officiellement partie du passé… mais ceux qui sont là continueront à faire de belles images.

Chez Nikon, les reflex argentiques auront tenu plus longtemps que les numériques ! Alors que le Nikon F6, dernier boîtier argentique de la marque, a cessé d’être produit en 2020, c’est en ce mois de juillet 2022 que le groupe japonais annonce la fin du développement et de la production de reflex numériques.

Le Nikon D1 fut le premier reflex numérique de Nikon. / Nikon
Le Nikon D1 fut le premier reflex numérique de Nikon. / Nikon

Entamée en 1999 avec le Nikon D1, l’histoire des reflex numériques de Nikon aura donc duré 23 ans, contre 61 ans pour les ancêtres argentiques. Canon a, pour sa part, déjà indiqué que son reflex professionnel, le 1DX Mark III, serait le dernier de la série. Sa plus grande puissance industrielle pourrait lui permettre de continuer à produire des boîtiers reflex grand public, mais guère plus longtemps que Nikon. Car le vent technologique a tourné.

Des reflex dépassés par les hybrides

Certains amoureux de Nikon vont réagir avec émotion. La réalité est que cette décision était prévisible – si Nikon n’était pas un groupe japonais, mais coréen, américain ou chinois, ça ferait bien plus longtemps que la gamme reflex serait morte ! –  à cause des volumes de vente, mais aussi de la supériorité des hybrides sur l’écrasante majorité des points techniques.

Le niveau de performances des hybrides - ici le Z9 - a largement dépassé celui des reflex. / Nikon
Le niveau de performances des hybrides – ici le Z9 – a largement dépassé celui des reflex. / Nikon

Du côté des ventes, la photo est revenue aux petits volumes des années 80, s’est recentrée sur un marché de passionnés et de pros. Garder deux lignes de développement et de production n’a pas de sens financièrement, car il est plus dur d’absorber les coûts.

Côté technologique, les douze années d’évolution des hybrides (depuis le Sony NEX 5 en 2010) leur ont permis de gommer toutes leurs faiblesses, de rattraper tout leur retard. Et de largement dominer les reflex dans beaucoup de domaines – suivi du sujet, autofocus continu, rafale, vidéo, compacité, etc. Il reste encore aux reflex une moindre consommation énergétique et une visée que certains préfèrent pour des raisons d’habitude. Côté technique cependant, la messe est dite.

Le support technique continuera (un temps)

Le D600 démonté par iFixit. /iFixit
Le D600 démonté par iFixit. /iFixit

Si vous êtes détenteur d’un reflex Nikon, les garanties de vos produits sont encore valables. Et ce jusqu’à ce que les stocks de boîtiers soient écoulés – soit deux ans après la date d’achat. Il reste encore des volumes de boîtiers en circulation, ils vont être écoulés doucement. Derrière l’acte d’achat, les circuits de réparation vont se maintenir un moment, grâce aux volumes de boîtiers déjà installés. À terme, d’ici à une ou deux décennies, suivant le chemin de l’argentique, seuls quelques rares artisans passionnés sauront réparer les vieux boîtiers.

Cette disparition sera peut-être plus lente au Japon, où le niveau de service de la marque est rien de moins que phénoménale. Dans les centres de réparation nippons, des employés en gants blancs prennent en charge les vieux compacts comme les bridges comme s’il s’agissait de trésors anciens (ah, le service client japonais !). Pour le reste du monde, le circuit des réparations et des pièces de rechange suivra le cours de l’histoire des appareils du passé. Mais passé et dépassé ne veut pas dire inutile. Loin de là.

L’occasion, la seconde (longue) vie des reflex

La fin de la production ne veut pas dire la fin des usages. Les reflex Nikon sont ceux qui offrent le plus ancien et l’un des plus larges parcs optiques du monde – la monture F date de 1959 ! Si quelques modèles mythiques ou rares vont peut-être prendre de la valeur (non, ne me parlez pas du Nikon Df !), les gros volumes de vente de certains boîtiers grand public (séries D3000/D5000) font que leurs prix devraient rapidement fondre. De quoi devenir d’excellents candidats pour des photographes peu fortunés, ayant besoin de second, voire troisième boîtier, pour les écoles, etc. Avec au bout, avec de bonnes optiques, la qualité « reflex » (mais moins cher).

Et avec un renouvellement de nombreux boîtiers, notamment dans le haut de gamme, les nombreux D800/D810/D850/D4/D5 remplacés par les Z7/Z7 II et autre Z9 pourront faire abaisser le tarif du full frame pour de nombreux utilisateurs. Qui peuvent à juste titre être effrayés par les prix de plus en plus élevés des boîtiers modernes. Vu leur robustesse, les reflex Nikon, qui sont aujourd’hui officiellement des outils du passé, ont le potentiel de ravir des millions de faiseurs d’image pendant des années.

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Source : ArsTechnica


Adrian BRANCO