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L’Open Source, un choix gagnant pour les éditeurs de logiciels.

Nouvelle grande tendance de ce début d’année 2001 : l'” abandonware “, ou la mise en Open Source, par les éditeurs de logiciels, de tout ou partie de leurs produits. Derniers en date à se plier à la tendance : Progress, Ilog, Prolifics et… SAP.

Oui, même un grand acteur comme SAP a compris qu’il avait beaucoup à gagner avec l’Open Source ! Et, en l’occurrence, c’est son SGBDR qu’il a choisi de proposer à la communauté des développeurs. Mais revenons sur ce cas précis, et examinons-en les motivations…Courant 1998, SAP songe à proposer en standard un SGBDR pour son ERP. Les spéculations et rumeurs vont bon train sur le choix du SGBDR que l’éditeur pourrait racheter. Sybase et Informix sont les plus souvent cités. Finalement, SAP se contente de passer un accord avec Software AG (entre compatriotes, on se comprend !) autour du SGBD Adabas. A travers cet accord, SAP obtient le droit de développer et de revendre sa propre version d’Adabas, renommée SAPdb pour l’occasion. Cependant, les retombées de cet accord n’apparaissent pas immédiatement.Dans un marché dominé par Oracle et DB2, d’IBM, la crédibilité d’un nouvel acteur ne s’acquiert pas facilement. Et SAP ne pousse pas beaucoup SAPdb. Les observateurs commencent à oublier l’existence du produit… Bref, un coup pour rien et retour à la case départ pour SAP dans le domaine des SGBD… Jusqu’au mois d’octobre 2000, lorsque SAP annonce que SAPdb devient un produit Open Source !Par ce changement d’attitude, SAP vise deux objectifs. Le premier, rendre populaire (et crédible) un produit complet dans un secteur où la concurrence n’est pas encore très forte. En effet, le rayon SGBDR n’est pas encore très encombré dans l’entrepôt de l’Open Source. Le leader de la catégorie est actuellement le projet MySql, suivi par PostgreSQL. MySql peut faire sourire au premier abord, mais il faut se méfier des projets qui n’ont l’air de rien et qui deviennent des standards, simplement parce qu’ils sont adoptés largement (c’est ainsi que Linux a atteint son statut actuel). A coté de ces deux projets connus et soutenus (par Greatbridge, Abriasoft, etc., tous spécialistes du support et de l’édition de distribution), on peut citer quelques outsiders comme Interbase, dont Borland ne sait que faire depuis des années. Bref, la place de ” Linux des SGBDR ” est encore à prendre, et SAP s’est positionné dans ce but.Deuxième objectif : partager les frais d’évolution de SAPdb avec la communauté des développeurs. Si SAPdb devient populaire, alors il y aura plus d’efforts déployés dans son évolution, ce qui répartira les frais et contribuera à sa montée en puissance (sans doute verra-t-on même apparaître une offre tierce, comme elle se développe actuellement autour de MySql…). D’une pierre, deux coups. Si SAPdb devient le SGBDR de référence grâce au levier de l’Open Source, alors la question de la crédibilité sera levée, et SAP pourra le pousser face à Oracle. Voilà pourquoi SAP a tout intérêt à échanger quelques maigres revenus de licences autour de SAPdb, en contrepartie d’une vraie popularité qui entraînera crédibilité et notoriété.Cependant, même sur ce terrain, SAP devra affronter la concurrence. Depuis quelques mois, IBM proclame qu’il contribue largement au développement et à l’évolution de MySql (encore lui). En effet, le calcul d’IBM est le suivant : en déversant dans MySql de larges portions de codes de son propre SGBD DB2, IBM veut influencer les fondements de MySql. Dans le but de rendre les API et la structure de stockage de MySQL compatibles (si ce n’est identiques) à celle de DB2. Ainsi, les utilisateurs de MySql qui veulent monter en gamme (suite à un accroissement des besoins ou pour supporter la montée en charge) vont se tourner plus naturellement vers DB2 que vers Oracle. CQFD.Bref, les éditeurs de logiciels les plus malins sont en train de comprendre que lOpen Source est un levier et non une menace. A qui le tour ?

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Alain Lefebvre, vice-président du groupe SQLI