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Li-Fi, la technologie réseau sans fil par la lumière décolle enfin

Dans les avions, les trains ou les bus, les premières solutions de connectivité sans fil par la lumière commencent tout juste à être industrialisées. Signify, le leader mondial de l’éclairage, en fait l’une de ses priorités.

Le Li-Fi, cela fait dix ans qu’on en parle et qu’on ne voit pas grand-chose émerger. Pourtant, depuis 2018, cette technologie capable de transmettre des données sans fil grâce aux clignotements des LED connaît enfin une accélération. Après les pionnières françaises comme Oledcomm et Lucibel ou l’écossaise pureLiFi qui se démènent depuis plusieurs années pour faire émerger le Li-Fi, de gros acteurs internationaux commencent à miser dessus.

Une solution commercialisée dans les avions en 2020

« Ce qui change la donne, c’est l’arrivée de Philips Lithing [aujourd’hui rebaptisé Signify]. Comme c’est le leader de l’éclairage dans le monde, cela crée l’impulsion », nous explique Serge Bérenger, vice-président de l’innovation chez Latécoère, un fournisseur de connectivité dans l’aéronautique.

Cette société française vient de conclure un contrat de deux ans avec Signify. Les deux partenaires lanceront au mois d’octobre 2020 une solution ciblant les compagnies aériennes et les avionneurs, de manière à équiper les vols commerciaux. Un système équivalent est actuellement développé par Signify en coopération avec l’Italien Ellamp Spa dans les bus. Les trains devraient suivre.

Le Li-Fi dans l'avion.
01net.com – Le Li-Fi dans l’avion.

Les atouts du Li-Fi sont nombreux : la stabilité de son spectre optique assure une meilleure qualité de service que le Wi-Fi qui reste hyper sensible aux interférences. Il est aussi plus sûr puisque les données ne peuvent être interceptées que très localement et sont inatteignables derrière un mur ou un rideau. Enfin, comme il utilise la lumière, il est moins sujet à polémique que les technologies d’ondes radio accusées par certaines associations d’avoir des impacts sur la santé.

Des débits impressionnants

Conscient de ce potentiel, Signify a racheté il y a deux ans la start-up normande Luciom, spécialisée dans le Li-Fi. Ce qui lui permet aujourd’hui de maîtriser cette technologie de bout en bout : modem, émetteurs-récepteurs et modules à insérer dans les terminaux des utilisateurs. Il a même créé au mois de juin dernier une marque dédiée qu’il a baptisé Trulifi.
Plusieurs produits sont déjà commercialisés dont des solutions machine to machine avec des faisceaux de lumière colorés pour l’industrie ou des hôpitaux avec des pics théoriques à 250 Mbit/s.

Une autre version utilise l’éclairage des pièces pour faire fonctionner le Li-Fi dans des bureaux de type open space ou des lieux publics. Mais le produit qui possède le plus de potentiel pour le grand public, c’est le Trulifi 6002. Dissocié des luminaires, il est 100% infrarouge, bidirectionnel et permet d’atteindre 150 Mbit/s de débit symétrique. Il cible les transports et les hôtels.

« Comme tous les autres systèmes de communication, le débit en Li-Fi dépend de plusieurs paramètres comme le type de modulation, le rapport Signal/Bruit, la distance et la couverture à atteindre, la puissance d’émission ainsi que la sensibilité de réception … », nous indique Michel Germe, le fondateur de Luciom devenu responsable des systèmes Li-Fi de Signify.

Pour atteindre les pics théoriques annoncés, l’entreprise joue sur plusieurs tableaux.

« C’est le fruit d’une longue expertise à la fois dans les systèmes de communications ainsi que d’un savoir-faire en terme d’optique (LED, Photodiode, optique) », complète-t-il.

Michel Germe, le responsable des systèmes Li-Fi de Signify.
01net.com – Michel Germe, le responsable des systèmes Li-Fi de Signify.

Aurons-nous un jour du Li-Fi à la maison ?

Pour le moment, les solutions commercialisées ne ciblent que le BtB. Car les constructeurs ne semblent pas pressés de rendre leurs smartphones, PC ou routeurs grands publics compatibles avec le Li-Fi. 
Aucun d’eux ne nous a annoncé mettre le Li-Fi dans sa feuille de route, même ceux qui l’expérimentent comme Samsung.

Pourtant, un premier standard a été défini en début d’année par l’UIT (Union Internationale des Télécommunications). L’IEEE, qui avait déjà publié un protocole de communication, a aussi lancé un groupe de travail sur les communications par la lumière qui devrait aboutir à une nouvelle norme d’ici 2021. Y figurent des acteurs comme Broadcom, Huawei, Intel, Cisco, Ericsson, Apple, Sony ou Panasonic. Mais aussi des opérateurs comme Deutsche Telekom ou Orange. Ce dernier semble particulièrement motivé.

« Nous travaillons sur cette technologie depuis trois ans, ainsi qu’avec un écosystème de start-up, grands groupes et autres opérateurs très dynamiques sur le sujet », nous a déclaré un porte-parole d’Orange.

L’opérateur historique a même déposé plusieurs brevets et est membre de la Light Communications Alliance, une alliance d’industriels réunissant opérateurs, fabricants d’éclairage et équipementiers autour des technologies de communication optique sans fil.
L’opérateur britannique Vodafone aussi semble soucieux de ne pas rater le coche. Il vient de s’associer le mois dernier avec Signify pour mener des expérimentations et prouver que le Li-Fi pourrait devenir un complément sérieux de la 5G.

Cette technologie serait capable de prendre le relai du réseau radio à l’intérieur des bâtiments, les capacités de propagation des bandes de fréquences 5G étant faibles. Nous verrons ainsi peut-être un jour des box qui embarqueront directement des émetteurs récepteurs Li-Fi pour nous connecter à Internet par la lumière à la maison.

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Amélie Charnay