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Les Etats-Unis reconnaissent mener des cyberattaques contre la Russie en soutien à l’Ukraine

Le directeur de la NSA a confirmé – grande première – que les Etats-Unis mènent des cyberattaques contre la Russie dans le cadre de leur soutien à l’Ukraine. Un effort qui illustre la stratégie de hunt forward mise en place depuis 2018.

Alors que l’invasion et la guerre en Ukraine durent depuis le 24 février dernier, les Etats-Unis, l’OTAN, et même l’Union européenne prennent toutes les précautions possibles pour que leurs actions soient perçues comme des soutiens, et non des actes de guerre.

Aussi est-il surprenant d’apprendre de la bouche du général américain Paul Nakasone, également directeur de la National Security Agency (NSA), que son pays mène des cyberopérations offensives en soutien de l’Ukraine, sans doute contre la Russie.

Des opérations sous le contrôle de la Maison Blanche

« Nous avons mené une série d’opérations de toute sorte, offensives, défensives, et d’espionnage », a-t-il indiqué à Sky News lors de la conférence CyCon, hébergée à Tallinn, en Estonie, par le Centre d’excellence de cyberdéfense coopérative de l’OTAN.

Le général n’a pas donné davantage de détails sur la teneur des activités des cyberforces américaines, se contentant de préciser : « mon travail est de fournir une série d’options au secrétaire de la défense et au président, et c’est ce que je fais. »

Il a toutefois pris la peine de préciser que ces actions s’inscrivaient toujours dans le respect des lois, étaient supervisées par des civils et encadrées par des décisions prises par le Département américain de la défense. Une manière de rappeler que les actions menées par la Russie ne sont pas toujours dans la légalité, elles.

La « chasse proactive » est ouverte

La NSA depuis 2018 développe en effet une stratégie de détection et de communication sur les méthodes russes, notamment de désinformation.

« Nous avons eu la possibilité de commencer à parler de ce que les Russes faisaient, particulièrement dans le cadre de nos élections de mi-mandat », rappelle-t-il. « Notre capacité à partager l’information, à s’assurer qu’elle est fiable et qu’elle peut être fournie au bon moment et pousse à l’action à grande échelle est très, très efficace au cours de cette crise », précise-t-il, en référence à la guerre en Ukraine.

Avant de saluer la résilience des Ukrainiens dans le domaine des cyberattaques.

« Nous l’avons constaté dans le cadre des attaques de leurs systèmes de satellite, les attaques wiper qui sont en cours, les attaques pour interrompre le fonctionnement de leur gouvernement. […] Je pense que leur résilience est peut-être ce qu’il y a de plus intriguant pour nous tous ».

Mais le patron de la NSA explique également que ses équipes continuent de mener sa stratégie « Hunt forward », qu’on pourrait traduire par « chasse proactive ». Elle vise à protéger les Etats-Unis et leurs alliés contre les attaques de la Russie, à les anticiper dans la mesure du possible. Le simple fait de « voir les adversaires et d’exposer leurs outils » est une victoire pour le général, et ce pour une très bonne raison.

« Si vous êtes un adversaire, et que vous avez dépensé beaucoup d’argent dans un outil, et que vous espérez l’utiliser sans hésitation dans un nombre d’intrusions différentes, tout à coup, il est dévoilé. Il est désormais identifié sur un large panel de réseaux », et perd donc une grand part de son intérêt.

Pour étayer cette « chasse », la NSA a déployé des spécialistes dans seize pays alliés, où ils travaillent – toujours à l’invitation et l’initiative du pays hôte – avec les experts locaux. Les informations trouvées sont évidemment partagées avec les dirigeants alliés. D’ailleurs, des « chasseurs » de la NSA étaient présents en Ukraine en décembre 2021, à l’invitation du gouvernement ukrainien. Ils y sont restés pendant presque 90 jours, et se sont retirés en février avant l’invasion pour des raisons diplomatiques et de sécurité. Mais visiblement la NSA continue à œuvrer, d’un peu plus loin.

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Source : Sky News


Pierre FONTAINE