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Les 15 dates qui ont fait le Web

Pour fêter dignement les 30 ans de l’invention bouleversante de Tim Berners-Lee, 01net.com vous propose un voyage dans l’histoire du Web.

Le World Wide Web, cette invention géniale de Tim Berners-Lee, a transfiguré Internet. A tel point qu’il en est devenu pour certains un synonyme. Et pourtant, le Web n’est qu’une des nombreuses applications qui fonctionne sur ce bon vieux protocole TCP/IP. Mais c’est incontestablement celle qui, avec l’e-mail, a été la plus massivement adoptée par le grand public tant elle est simple d’utilisation. Impossible de faire ici le tour des technos, sites et services qui ont marqué sa (déjà) longue histoire. Mais en voici tout de même les principaux moments forts.

12 Mars 1989 : première version du Web

« Vague, mais prometteur ». Voilà comment Mike Sendall, à l’époque chef de Tim Berners Lee au CERN, avait commenté le document que l’informaticien britannique a posé sur son bureau. Un draft de quelques pages, sobrement appelé « gestion de l’information : une proposition » dans lequel TBL imagine une réorganisation des bases de données du prestigieux centre de recherche nucléaire. Il propose un système d’information distribué et d’utiliser des technologies de consultation non linéaires, notamment l’hypertexte, pour lier les innombrables documents scientifiques du réseau du CERN entre eux. Sans même s’en rendre compte, il vient de poser les bases d’une des plus grandes révolutions technologiques du siècle. 

20 décembre 1990 : le premier site

Le tout premier site et le tout premier serveur Web voient le jour sur l’ordinateur NeXT que Sendall a offert à TBL. Le site, qui n’est consultable que sur le réseau interne du CERN, est affiché sur un outil baptisé « navigateur » que TBL nomme WorldWideWeb. Son adresse : info.cern.ch. Tim Berners-Lee, qui travaille désormais avec le belge Robert Caillau, a durant l’année défini les bases de la technologie : ses deux protocoles de base, le HTTP (pour localiser et lier les documents) et le HTML (pour créer les pages). La révolution commence maintenant. 

6 Aout 1991 : le Web s’ouvre à tous

Tim Berners-Lee annonce le projet sur le groupe alt.hypertext de Usenet –les forums primordiaux d’Internet, où les pionniers échangent déjà depuis 1979 ! Son message commence ainsi : « Le projet World Wide Web fusionne les techniques d’extraction d’information et d’hypertexte pour créer un système d’information global, simple mais puissant. ». Quelques lignes plus loin, TBL écrit « essayez-le » en fournissant l’adresse pour télécharger un navigateur et l’URL d’un site d’essai.  C’est la première fois que des utilisateurs d’Internet peuvent l’utiliser en dehors du CERN. On peut encore consulter ce message historique dans les archives de Google Groups

30 avril 1993 : une techno désormais publique

Quelques mois après le lancement du navigateur Mosaic, qui fait exploser l’intérêt pour le WWW, le Cern fait passer son projet dans le domaine public et publie son code source. Désormais accessible à tous et gratuit, le Web voit très vite son usage exploser sur Internet. En un an seulement, on passe de quelques 500 serveurs Web à 10 000 à la fin 1994 ! Le lancement de Netscape, le premier navigateur réellement grand public, participera aussi largement à sa démocratisation.

Janvier 1994 : Yahoo!

Le nombre de sites explose, à tel point qu’il devient très difficile pour l’internaute béotien de s’y retrouver. Deux étudiants de Stanford, Jerry Yang et David Filo, décident de créer un gigantesque annuaire de sites, classés de façon thématique. D’abord baptisé Jerry’s guide to the World Wide Web, le site est très vite rebaptisé Yahoo! Il va vite devenir le portail numéro 1 de la Toile dans la seconde partie des années 90. 

Juillet 1995 : Amazon.com

Depuis son garage de Bellevue, dans la banlieue de Seattle, Jeff Bezos lance la librairie en ligne Amazon.com, persuadé que le futur du commerce est sur le Web. Et ça marche : au bout de deux mois, son site lui rapporte quelques 20 000 dollars par semaine. La suite, on la connait… 

16 Aout 1995 : Internet Explorer

Microsoft lance son propre navigateur pour faire concurrence à Netscape, qui fait un carton. Mais le géant du logiciel, qui vient de commercialiser Windows 95, reste assez timoré : Internet Explorer 1 n’est proposé qu’en option avec une galerie de logiciels supplémentaires pour son nouveau système d’exploitation. Le succès incroyable de Windows fera de facto le succès de son navigateur, qui finira par devenir omnipotent… Jusqu’au lancement de Firefox, puis de Chrome. 

1998 : Google

Alors que les internautes ne jurent que par le duo Yahoo / Altavista, deux jeunes ingénieurs de Stanford créent un moteur de recherche révolutionnaire. Contrairement à Altavista, qui classe (mal) les pages Web en fonction des occurences du mot recherché sur la page, Google fonctionne avec un système de réputation de pages et classe ses réponses notamment en fonction du nombre et de la qualité des liens qui pointent vers elle.

Le succès du site, volontairement dépouillé, est immédiat car les résultats de recherche sont tout simplement cent fois plus pertinents que chez la concurrence, rapidement ringardisée. 

15 janvier 2001 : lancement de Wikipedia

L’encyclopédie libre est née d’un échec : celle de Nupedia, un projet proche d’encyclopédie gratuite… Mais dont les articles, écrits par des experts, devaient subir un contrôle scientifique strict avant d’être publiés. Devant le faible nombre d’articles publiés, Larry Sangers, son rédacteur en chef propose à Jimmy Wales, le patron de Nupedia, d’imaginer un tout autre système de validation, qui en passera par une technologie encore peu connue à l’époque, le Wiki, qui permet aux visiteurs d’un site d’en modifier eux-mêmes le contenu. Résultat : Wikipedia est désormais un organe indispensable du Web, avec 500 millions de visiteurs uniques par mois !

9 novembre 2004 : première version stable de Firefox

Ras le bol d’Internet Explorer ! Le Web s’encroûte avec la version 6 du navigateur de Microsoft. Dans ce cadre, le premier navigateur de la fondation Mozilla, bâti sur les ruines de Netscape, va apporter un sacré coup de fouet à la Toile. Firefox est non seulement open source : il est aussi est bien plus rapide, bien plus sûr qu’IE. Et il est également personnalisable grâce à des dizaines de plug-ins. Le Web s’était endormi, il se réveille. Les geeks adoptent en masse ce nouveau logiciel, qui va aider à propulser une nouvelle génération de sites “2.0”. 

4 février 2004 : Thefacebook.com

Le réseau social créé par Mark Zuckerberg est devenu un monstre rassemblant des milliards d’utilisateurs, bien loin du trombinoscope pour étudiants qu’il était au début. A tel point qu’il est désormais devenu la cible de toutes les interrogations concernant la préservation des données personnelles de chacun. D’ailleurs, Tim Berners Lee n’apprécie pas le service, qu’il estime être un “Web dans le Web” qui pourrait finir par fragmenter son invention. 

2005 : YouTube et le Web 2.0

A partir de la seconde partie des années 2000, les internautes vont s’emparer du WWW : ils ne se contentent plus de consommer des contenus, ils en produisent. 2004 : c’est l’émergence du Web 2.0 – un terme désormais passé de mode – et de ses nouveaux services communautaires. Un symbole ? YouTube, évidemment. Le site de partage de vidéos, inauguré le 14 février 2005, révolutionne la consommation de vidéos sur le Web. Google rachète la prometteuse plate-forme un an et demi après son lancement, contre 1,65 milliard de dollars…

11 décembre 2008 : Chrome

L’ogre Google, qui est devenu en quelques années le maître du Web, ne pouvait pas se passer d’un navigateur. En se basant sur le moteur de rendu Webkit – déjà utilisé par Safari d’Apple – il lance son propre browser, fidèle a ses principes : dépouillé et rapide. Chrome connaît un succès fulgurant et taille à la fois des croupières à Firefox et Internet Explorer… A tel point qu’il est désormais le navigateur le plus populaire au monde. 

2008 : l’arrivée des applis mobiles, le début de la fin ?

En 2008, Steve Jobs annonce l’App Store, une boutique en ligne pour son iPhone qui bouleverse les règles du jeu. Onze ans plus tard, les smartphones et ces petits programmes sont tellement populaires qu’ils présentent même une menace pour le Web. Car ce n’est plus un navigateur que nous ouvrons pour consulter nos sites préférés, mais des programmes indépendants, qui ont chacun pour objectif de nous garder dans leur giron. La belle idée de l’hypertexte, du surf de lien en lien, tendrait-elle à disparaître au profit de programmes cloisonnés ? 

2010 : l’émergence du HTML5, le futur du Web

25 ans après son invention, le HTML fait une douce révolution, toujours sous l’impulsion de Tim Berners-Lee. Grâce à la cinquième version du standard de balisage des pages Web – et de nombreuses technologies associées – de nouveaux services émergent. Objectif de ce standard : transformer les pages Web, encore trop statiques, en véritables programmes informatiques, qui n’auraient rien à envier aux applications pour smartphones ou aux logiciels que vous installez sur votre ordinateur. Et faire du navigateur l’unique appli dont vous aurez besoin.

Octobre 2013 : Internet Explorer 11, la dernière version du navigateur

La première version stable de cette onzième version marque le début de la fin pour le logiciel de Microsoft. Il sera remplacé par Edge qui sortira deux ans plus tard.

2014 : le milliard de sites dépassés

En 2011, on ne comptait encore que 300 millions de sites environ. Trois ans après, la croissance du Web explose et les sites se multiplient. Au point qu’on dépasse, cette année-là, le milliard de sites Web consultables en ligne !

Mai 2014 : les DRM s’invitent dans les navigateurs

Au cours de l’année 2013, le W3C – organisme de standardisation du Web –a décidé d’intégrer les systèmes de protection des contenus au sein du HTML5. Le sujet fait polémique, ces technologies allant à l’encontre de l’ouverture du Web. Après avoir résisté pendant très longtemps, la fondation Mozilla cède à la pression de ses concurrents et à la volonté de Tim Berners-Lee… qui recommande à contrecœur de les intégrer, sous peine de voir le Web se fractionner. le W3C validera définitivement le standard en 2017.

Janvier 2015 : le projet Spartan, prémisses d’Edge

Intégré d’abord à Windows 10 uniquement, le nouveau navigateur de Microsoft est disponible sur toutes les versions de Windows depuis février 2018. L’éditeur a même profité de cette refonte pour le porter sur iOS et Android.

Décembre 2018 : Chrome étend encore un peu plus son emprise

En abandonnant son propre moteur de rendu pour utiliser celui de Chrome, Edge montre que c’est désormais Google qui domine le Web. Plus facile à maintenir que de créer son propre moteur, Chromium s’impose donc chez Microsoft, au détriment de la diversité. Une situation qui inquiète le patron de Mozilla qui craint que les entreprises ne rendent compatibles leurs sites qu’avec Chromium.

Mars 2019 : plus de 4 milliard d’utilisateurs

Cette année, le nombre d’utilisateurs mensuels du Web franchit la barre des 4,1 milliards. C’est plus de la moitié de l’humanité qui y accède donc chaque mois, laissant donc encore une marge de progression pour le reste de la planète.

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Eric le Bourlout, avec Jean-Sébastien Zanchi