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La radio numérique, une menace pour les futurs mobiles ?

Le développement annoncé de la radio numérique dans les bandes en modulation d’amplitude (AM) inquiète les opérateurs de réseaux mobiles. Motif : les capacités de messagerie multimédia des techniques DAB ou DRM pourraient faire de l’ombre à l’UMTS.

Une nouvelle radio émet, depuis quelques mois, dans l’éther parisien. Ciel AM est une station particulière, diffusant en ondes moyennes et non dans la bande FM, totalement saturée. Ses initiateurs ne recherchent pas à tout prix la discrétion, mais militent pour que cette gamme d’ondes retrouve une seconde jeunesse grâce au numérique.

Un nouveau confort d’écoute

L’idée n’est pas saugrenue puisque le consortium international Digital Radio Mondiale (DRM) travaille sur ce dossier depuis 1998 et va faire avaliser par l’Union internationale des télécommunications (UIT) les paramètres techniques d’un futur standard. La DRM va ainsi relancer les ondes moyennes (OM ou MW) dans les régions du monde où la bande 88-108 MHz est trop encombrée. Elle va aussi améliorer le confort d’écoute et l’offre de services des stations en grandes ondes (dont France Inter, RTL et Europe 1) et en ondes courtes (radios internationales comme RFI ou Deutsche Welle). La proposition de standard repose sur un multiplex de données transmis selon une modulation COFDM (200 porteuses sur 10 kHz), similaire au DAB (Digital audio broadcasting, l’autre norme de radio numérique déployée dans les bandes L et III) et au DVB-T (Digital video broadcasting, télévision numérique de terre).Deux types de codages ont été retenus : MPeg-4 AAC (16 kbit/s ou plus) et MPeg-4 CELP, à débit moindre et optimisé pour la parole. Standard numérique, DRM peut diffuser des informations multimédias en complément de la musique et de la voix, ce qui ne manque pas de poser quelques questions. Face au décollage laborieux du DAB (seulement 6 zones de diffusion en France), certains imaginent d’exploiter de façon plus systématique son potentiel de transmission de données, et d’étendre ce principe à la DRM, imitant en cela les bouquets radio satellitaires WorldSpace et leur Digital Media Service. Cette perspective ne réjouit pas les opérateurs télécoms mobiles, qui misent justement sur ce marché pour espérer rentabiliser un jour leurs investissements dans le GPRS et, surtout, dans l’UMTS. Les mêmes font d’ailleurs remarquer qu’une telle dérive conduirait forcément les instances de régulation à redéfinir le statut des radiodiffuseurs, et à envisager de leur faire payer l’accès aux fréquences et leur licence d’exploitation.

Renouveler le parc de récepteurs radio

Pour Pierre Vasseur, directeur adjoint des études avancées chez Thomcast (filiale du groupe Thales) et membre du conseil de DRM, le débat n’a pas lieu d’être : “Techniquement, tout est possible, mais la ressource numérique du DRM est limitée. Il faut plutôt voir une complémentarité entre diffusion de données par la radio et terminaux 3G qui offrent une possibilité de voie retour. Porter le débat en termes de concurrence serait néfaste car on ne voit pas les grandes radios publiques internationales qui travaillent à fonds perdus payer en sus des droits de diffusion ou des licences d’exploitation.”Mais, pour faire décoller le marché du multimédia diffusé, il faut renouveler le parc de récepteurs radio. Faute d’appareils, l’usage de la norme Darc est encore confidentiel.

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Philippe Pélaprat