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Kim Dotcom : « Je ne suis pas le roi des pirates »

Dès sa sortie de prison, le fondateur de Megaupload a donné sa première interview à une télévision néo-zélandaise. Kim Dotcom se défend d’être un pirate et se réfugie derrière le fait qu’« on ne peut pas tout contrôler ».

Deux mois après le début de l’affaire Megaupload, et près de deux semaines après sa libération sous caution, Kim Dotcom, le fondateur de Megaupload, a donné sa première interview en exclusivité pour 3news, une chaîne de télévision néo-zélandaise. Le millionnaire revient sur ses « deux mois de cauchemar ». Encore marqué par sa chute, Kim Dotcom donne ses premières impressions : « C’est un peu comme un cauchemar. Inattendu, horrible pour ma famille. Ma femme, qui est enceinte de jumeaux, fait des cauchemars et n’a pas le moral et, vous le savez bien sûr, je suis confronté à une situation très intéressante. »

L’arrêt de Megaupload était inattendu

Interloqué, l’interviewer de la TV lui demande : « Vous dites que c’était inattendu (…) Vous ne pensiez vraiment pas que ça pouvait arriver (…) à un moment donné ? » Kim Dotcom répond : « Notre société a sept ans (…) Nous n’avons jamais été poursuivis par une compagnie de cinéma ou une société de contenus. Nous avons dépensé des millions de dollars en conseils juridiques (…) on nous a toujours dit que nous étions protégés par le DMCA [Digital Millennium Copyright Act, NDLR] qui, aux Etats-Unis, protège les fournisseurs de contenus des actions de leurs utilisateurs, donc c’était complètement inattendu. »

800 transferts de fichiers par seconde !

Le fondateur de Megaupload se réfugie dans une défense classique : « Tout le monde sait qu’Internet est utilisé pour des pratiques légales et illégales. Tous les services de contenus (…) YouTube, Google, tout le monde est dans le même bateau. » Il précise l’impossible tâche de tout surveiller : « Nous avions une bande passante de 1,5 téraoctet ! Environ 800 transferts de fichiers par seconde, 24h/24, 365 jours par an », soit 70 millions de transferts par an. « Nous sommes une petite société. Vous ne pouviez pas vous attendre à ce que nous fassions la police avec ce volume de trafic. »

15 millions de liens illégaux supprimés par an sur Megaupload

« De plus, la loi américaine, l’Electronic Communication Privacy Act, nous interdit d’analyser les comptes de chaque utilisateur. » Par ailleurs, « Nous fournissons un formulaire aux ayants droit pour qu’ils suppriment des liens illégaux. » Ajoutant : « Nous parlons de 180 partenaires, incluant les principaux studios de cinéma, Microsoft et tous les grands producteurs de contenus. » Ce système automatique était bien utilisé puisqu’« ils ont supprimé plus de 15 millions de liens par an ».

Comme un agneau sacrificiel

Concernant l’acte d’accusation du FBI portant sur 500 millions de dollars de droits, Kim Dotcom dit que « C’est n’importe quoi. Si vous regardez ce qui a été dit à la cour, ces 500 millions qu’on me réclame ne concernent que les fichiers musicaux sur une période de deux semaines. Ils parlent actuellement de 13milliards de dollars pour un an de musique téléchargée. Quand on sait que toute l’industrie musicale américaine représente moins de 20 milliards par an… C’est complètement irréaliste. »

Le FBI est « comme une arme de destruction massive en Iraq »

« Le FBI a dit que Megaupload était un cas sans précédent, mais leur intervention est comme une arme de destruction massive en Iraq : un montage de toute pièce et des mensonges. Il existe une centaine d’autres sociétés qui offrent les mêmes services que nous, MediaFire qui est aux Etats-Unis, RapidShare, FileServe, FileSonic, même Microsoft avec SkyDrive et Google avec son futur Drive. Pourquoi il ne leur est rien arrivé ? »

« Je suis une cible facile, je ne suis pas Google »

« Ma flamboyance, mon passé de hacker…Vous savez, je ne suis pas américain, je vis quelque part en Nouvelle-Zélande, j’ai des chiffres drôles sur les plaques d’immatriculation de mes voitures… Je suis une cible facile. Je ne suis pas Google, je n’ai pas 50 milliards de dollars sur mon compte et actuellement je n’ai pas un centime en banque. Tous mes avocats travaillent sans que je les paie. Ils font leur boulot parce qu’ils voient quelque chose d’injuste, de déraisonnable, quelque chose qui n’est pas la justice. »

Et de conclure l’interview : « Je vais me battre. Je ne suis pas un criminel, je n’ai rien fait de mal. Donc je vais me battre. C’est tout ce que je peux faire. » Libéré sous caution, Kim Schmidt, alias Kim Dotcom, attend la décision de justice sur son éventuelle extradition vers les Etats-Unis. Il sera fixé sur son sort en août prochain.

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Alexandre Salque