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Jeux vidéo : pourquoi Qualcomm va mettre à jour les pilotes graphiques des smartphones

Face à l’importance que revêtent les performances gaming des terminaux, Qualcomm va mettre en place un système de drivers additionnels spécifiques aux jeux qui s’exécutent par-dessus le driver système.

Pour la première fois de leur histoire, les smartphones vont permettre la mise à jour des pilotes graphiques. Enfin, pas tous les smartphones : la première génération de puces qui va profiter de cette fonction sera la plate-forme Snapdragon 865, récemment annoncée par Qualcomm. Alors que le gaming pèse de plus en plus sur le segment mobile, le champion des puces tout-en-un pour smartphones (SoC) veut permettre aux smartphones équipés de ses puces d’afficher les meilleures performances dans les jeux.

Stimuler Android… et contrer Apple

Si Qualcomm s’enorgueillit de proposer le « GPU le plus puissant des smartphones », dans les faits, les benchmarks donnent plutôt Apple vainqueur dans ce domaine. « La force d’Apple est de profiter de sa haute intégration. Ils ont la maîtrise du driver, ne proposent qu’une seule API graphique, etc. De leur côté, les acteurs d’Android intègrent nos pilotes à leur façon, à des moments différents et la plate-forme propose plusieurs API graphiques. »

C’est une fois encore cette « fragmentation » d’Android qui diluerait les performances matérielles. « Quand un constructeur lance un téléphone, il récupère nos drivers à un instant ”t” et ne les met que rarement à jour, car il lui faut les qualifier avec son matériel. Au mieux, les grands noms de la téléphonie mettent les drivers graphiques à jour une fois par an lors des mises à jour majeures d’Android, alors que nous améliorons les drivers en permanence ! », explique Salman Saeed, responsable produit chez Qualcomm.

C’est ici que les drivers « game specific » de Qualcomm entrent en scène…

Des drivers spécifiques aux jeux

Un smartphone n’est pas un PC : l’utilisateur n’a que très peu d’accès au système d’exploitation et n’en a aucun sur les composants (mise à jour impossible, etc.). De plus, un smartphone est bien plus critique qu’un PC de joueur, il est inconcevable qu’un mauvais pilote logiciel le fasse planter. Or, « Il ne s’agit pas de mises à jour du driver système, mais d’un système de drivers spécifiques aux jeux », explique Salman Saeed. Des équipes de Qualcomm vont ainsi travailler de concert avec les studios publiant les jeux les plus importants pour produire des pilotes optimisés pour chaque titre et chaque smartphone (ou presque).

Privé de la possibilité de mettre à jour ses drivers bas niveau aussi vite qu’Apple, Qualcomm se concentre sur l’optimisation des jeux au cas par cas. Il n’y aura donc pas d’amélioration de performances « cœur » de driver, mais des mises à jour sur les titres les plus joués – dommage pour les jeux indépendants et les petits éditeurs.

Driver mis à jour par le biais d’une app

Comment ces pilotes seront-ils mis à jour ? « Par le biais d’une application Android qui sera disponible sur le Play Store », détaille Mr Saeed. Une fois celle-ci installée, c’est elle qui recevra les pilotes et qui jouera l’interface entre les drivers système et le jeu. « Et comme pour les pilotes PC actuels, si le driver spécifique ne s’initialise pas correctement, le driver système pourra toujours exécuter le jeu », assure-t-il.

Loin d’être limité à la série « 8xx » à laquelle appartient le Snapdragon 865, « ce système de mise à jour touchera à terme les Snapdragon des séries 8xx, 6xx et éventuellement 4xx », nous explique-t-on. Quant à la série 2xx, à laquelle appartient le Snapdragon 215 récemment annoncé « il n’y a que très peu de chances que le jeu en vaille la chandelle ». Logique, vu le peu de marges de manœuvre des terminaux d’entrée de gamme que ce genre de puce propulse.

Les grandes ambitions de Qualcomm dans le gaming

Qualcomm nourrit de grandes ambitions dans le jeu vidéo mobile et met en place toutes les briques nécessaires à sa réussite. Cela va des drivers spécifiques aux jeux, en passant par des processeurs « G » dédiés aux terminaux de jeux comme le Snapdragon 765G, ou encore un système de certification et des partenariats avec des joueurs professionnels.

En pleine explosion notamment en Asie, le gaming mobile représente une niche à valeur ajoutée sur laquelle Qualcomm entend mettre la main avant la compétition. Car outre la puissance de l’intégration matériel/logiciel d’Apple, le reste de l’industrie des SoC se met en ordre de bataille pour gonfler les performances 3D des puces.

Cela va de Samsung qui a passé un contrat avec AMD pour intégrer l’architecture RDNA dans ses futurs Exynos haut de gamme (ce qu’avait fait Qualcomm en 2009 !), à Huawei dont la prochaine puce haut de gamme pourrait intégrer la toute dernière architecture 3D d’Imagination, l’entreprise qui a fourni Apple en GPU pendant des années (lire notre article “Samsung et Huawei préparent des processeurs mobiles en 5 nm pour concurrencer Qualcomm”).

Comme le PC, le smartphone est le terrain d’une âpre bataille en termes de performances graphiques. Un « combat » qui va profiter non seulement aux joueurs, mais aussi à tous les autres utilisateurs puisque la puissance des GPU est utile dans de très nombreux domaines – décodage vidéo, calcul IA, etc. Il reste à savoir si les utilisateurs sont réellement prêts à mettre plus d’argent dans des terminaux toujours plus performants.

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