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HP retrouve la santé financière à coups de coupes

Le constructeur a présenté ses chiffres 2005. La généralisation des profits sest faite au détriment de la R&D et des emplois.

Quelle ironie. C’est en novembre 2005, soit huit mois après
le départ de Carly Fiorina, que HP a fini par atteindre le seuil de rentabilité promis après sa fusion avec Compaq. Il aura fallu une valse de PDG, des lignes de produits supprimées,
des plans sociaux à répétition, des grèves et la faillite du club utilisateurs pour finalement toucher l’objectif. Avec deux ans de retard.Le constructeur vient de présenter en fanfare ses résultats annuels. Il a de quoi pavoiser. Ceux-ci dépassent les attentes des analystes. Et pour une fois, ce n’est pas grâce aux imprimantes, mais aux PC et aux serveurs. La
division micro, longtemps anémique, a doublé ses profits et affiche désormais une marge opérationnelle de 2,8 % ?” Carly Fiorina visait 3 % dès 2003.Même tendance côté serveurs, où la division, longtemps déficitaire, quadruple ses bénéfices. La marge opérationnelle atteint désormais 9,1 %, à un cheveu des projections promises en 2003. Contrairement à ses concurrents Dell ou
Lexmark, toutes ses divisions sont en croissance. Et la division logicielle sort du rouge pour la première fois.

La R&D sacrifiée

HP serait-il revenu en ordre de marche ? Pas vraiment. Ces performances financières masquent une réalité technique, stratégique et sociale moins glorieuse. L’amélioration de la marge est avant tout le résultat d’une
réduction drastique des coûts. La R&D souffre.Toutes les branches mortes ou trop vertes ont été coupées : fini
la revente d’iPod, les appareils photo au Japon, le projet de téléphone, ou encore
Trucluster pour HP-UX. Même le célèbre Tablet PC mi-ardoise, mi-PC portable vient d’être sacrifié sur l’autel de la rentabilité. Les employés aussi paient leur tribut.
Tous sont sous pression : sur les 14 500 licenciements annoncés cet été, 4 700 ont déjà été réalisés.

Les serveurs x86 toujours rentables

Quand on n’a pas d’idée pour gagner plus, on peut toujours dépenser moins. Alors, HP va poursuivre sa réduction des coûts. Le nombre des suppressions de postes vient ainsi d’être revu à la hausse : il y en aura
800 de plus pour un total de 15 300.Car le bénéfice stagne. Même si l’on exclut la provision de 1,1 milliard pour restructuration, le bénéfice 2005 reste inférieur à celui de l’an dernier. La faute à la division imprimantes, vache à lait du groupe, dont
la rentabilité a baissé sous la pression de Dell et de Lexmark. Elle n’a rapporté ‘ que ‘ 3,4 milliards de dollars, contre 3,8 milliards l’année précédente.Or, ni la division micro et ses 657 millions de bénéfices ni les 800 millions engrangés sur les serveurs ne sont prêts à prendre le relais. Le passage au tout-Itanium avec la gamme Integrity n’a pas l’air de
porter ses fruits. Heureusement que HP reste performant sur les serveurs x86…Au final, réduire les coûts est une chose. Mais HP ne pourra faire l’économie d’une stratégie offensive à long terme. Mark Hurd, le nouveau PDG, devrait l’annoncer le mois prochain. On est impatient de
l’entendre. Mais seuls les financiers sont invités. A croire que HP ne pense plus qu’à ses investisseurs.

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Anicet Mbida avec Xavier Biseul