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Google rend Android compatible avec les processeurs RISC-V… et prépare l’après ARM ?

Si la quasi-totalité des appareils Android fonctionne avec des puces ARM, la communauté open source a tellement travaillé sur RISC-V que Google a rendu compatible sa version AOSP (Android Open Source Project) compatible avec ces nouvelles puces. Et prépare ainsi le futur.

Dans le monde d’Android, il n’y en a que pour les puces ARM. Mais cet état de fait pourrait changer encore plus rapidement que prévu. Lors du RISC-V Summit qui s’est tenu à San José en Californie, le système d’exploitation de Google y a franchi une grande étape : la prise en charge dans Android AOSP des puces basées sur le jeu d’instructions RISC-V.

C’est Lars Bergstrom, le directeur de l’ingénierie et responsable des langages de programmation chez Google, qui a officialisé la prise en charge par la version open source d’Android (Android Open Source Project ou AOSP) des puces RISC-V. Une prise en charge fondamentale, mais cependant incomplète : outre les années d’optimisations dont les puces ARM ont bénéficié, il manque aussi et surtout l’environnement d’exécution des applications (Android Runtime ou ART). En clair, si le système Android prend officiellement en charge les puces et cartes de développement RISC V, il n’en va pas de même des applications. Il faudra encore le développement ou l’adaptation de nombreux outils logiciels – notamment des compilateurs et des drivers – pour qu’un écosystème complet d’app puisse voir le jour. Mais cette annonce montre bien que la « révolution RISC-V » est en route.

Tout le monde pousse RISC-V

Les premières adaptations d’Android AOSP capables de fonctionner avec des puces RISC-V, on les doit à Alibaba. Très en pointe dans la maîtrise de ces puces pour des raisons de souveraineté (c’est une fondation suisse qui gère cette architecture ouverte, et non pas une entreprise privée occidentale comme pour ARM et x86), le Chinois a sa propre unité de développement de semi-conducteurs. Une équipe appelée « T-Head » et qui conçoit ses propres cœurs RISC-V ainsi que ses propres puces. Alibaba n’est pas seule qui travaille à la popularisation de RISC-V. Il y a aussi la chaîne de production de puces qui répond présent, du géant Intel qui a annoncé prendre en charge la gravure des puces avec son programme de fonderie ouverte, en passant par TSMC et SiFive qui ont déjà validé le procédé de production en 5 nm. Il y a aussi des acteurs gouvernementaux comme la NASA et l’ESA, qui ont adopté ces cœurs pour leurs processeurs spatiaux du futur.

A lire aussi : Pourquoi la NASA et l’ESA parient sur RISC V pour leurs futures puces de l’espace (sept. 2022)

Si toute l’industrie du matériel se met en branle autour de RISC-V, le monde du logiciel n’est pas en reste. Car l’annonce de Google n’est pas isolée. La prise en charge de RISC-V se renforce de mois en mois chez Linux, un système qui est à la source du noyau Android. Alors qu’aucune distribution ne faisait fonctionner correctement un système sous RISC-V il y a seulement deux ans, l’écosystème dispose déjà de drivers graphiques pour certains GPU. Il devrait même profiter d’un GPU dédié d’ici à quelques mois.

Android oui, mais…

Une carte de développement RISC-V sous Android avec une interface tactile… façon smartphone. / CNLinux

Loin d’être un feu de paille, la montée en puissance de RISC-V ressemble plutôt à une lame de fond. Elle pourrait se terminer en raz de marée si les acteurs traditionnels ne prennent pas la vague au bon moment. D’Alibaba à SiFive, de plus en plus d’entreprise développent des cœurs CPU « customs ». Des startups comme Ventana Microsystems préparent déjà des puces de supercalculateurs gravées en 5 nm et embarquant 192 cœurs ! Même Qualcomm, géant américain qui conçoit une grande majorité des SoC de nos smartphones, a introduit des coeurs RISC-V pour certains microcontrôleurs intégrés à ces puces, depuis le Snapdragon 865, en 2019.

A lire aussi : Le premier processeur RISC-V pour PC arrive et se pose en alternative à ARM (sept. 2020)

De là à prédire l’arrivée de puces RISC-V dans nos smartphones d’ici à trois ans, il n’y a qu’un pas… qu’il serait hasardeux de faire. D’une part, il ne faut pas cantonner Android à une vision mobile : le système d’exploitation de Google peut être utilisé pour faire fonctionner quantité d’autres appareils. D’autre part, la fragmentation du monde Android, causée par la multitude de vendeurs et de fournisseurs de puces ARM, a longtemps nuit à la stabilité de l’écosystème. Nul doute que les pontes d’Android seront très (très !) vigilants avant de valider la moindre puce pour les versions d’Android intégrant les Google Mobile Services.

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Source : RISC-V Foundation (via Twitter)


Adrian BRANCO
Votre opinion
  1. Bonjour,

    Les CPU Risc-V sont une solution élégantes, que la Chine souhaite utiliser pour contourner les restrictions d’export de technologie imposé par les US. Étant donné la capacité de production de la Chine, une guerre commerciale USA-Chine est en préparation et l’adoption dans les mobiles sera le résultat le plus flagrant.
    Dans le monde ARM, chaque élément du CPU est breveté et de lourdes taxes sont à donner aux créateurs de l’element correspondant. Dans les puces Risc-V, on prend le même chemin, avec seul le cœur de base libre de droit. Dommage !

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