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RISC-V, le rival d’ARM, va se doter de son premier GPU (et c’est loin d’être un détail)

Spécialistes des puces graphiques basse consommation, les Grecs de Think Silicon ont développé le premier GPU compatible RISC-V. Un bloc technologique nécessaire au développement de puces de plus en plus ouvertes, et de plus en plus spécialisées, et plus efficaces énergétiquement.

Le monde des puces RISC-V va recevoir son premier GPU, et cette annonce pourrait accélérer encore plus le développement de cette architecture ouverte qui a le vent en poupe. Car le monde de l’électronique a soif d’ouverture et de choix. Les deux puces présentées par les Grecs de Think Silicon ne vont pas chambouler votre quotidien, où AMD, Nvidia et Intel d’un côté, et ARM et ses disciples (Apple, Qualcomm, etc.) règnent en maîtres. Mais elles devraient servir de catalyseur pour le développement de SoC de plus en plus complexes. Car si des entreprises comme Si-Five commencent à développer des blocs CPU de plus en plus puissants à même de commencer à concurrencer les cœurs ARM les moins puissants, la partie graphique est pour l’heure un désert. Si la fondation RISC-V a posé les jeux d’instructions fondamentaux, il faut que des acteurs s’emparent de ces informations pour concevoir des puces complexes – autant en matière de design, que de production ou de développement de drivers et outils logiciels.

Think Silicon Neox

C’est là que l’entreprise grecque de Think Silicon, propriété du géant américain Applied Materials, entre en scène. Spécialiste des architectures graphiques 2D/3D à très faible consommation, Think Silicon lance son premier (et le premier de l’histoire) GPU 3D conçu sur les instructions RISC-V, le Neox. Une architecture qui se décline en deux modèles différents : Neox G pour les applications graphiques, et Neox A pour les tâches touchant à l’IA (deep learning) pour lesquelles les capacités de calcul parallèle des GPU sont très adaptées.

Point de cartes graphique pour jouer à Doom Eternals ou de gros GPU pour les centres de données, le savoir-faire de Think Silicon est dans l’embarqué, la basse consommation et les puces custom. Et ça tombe bien, c’est justement dans ces domaines que RISC-V est en train de percer – si vous avez un disque dur de la marque Seagate, le contrôleur maison est déjà en RISC-V.

Les puces Neox pourront intégrer de 4 à 64 cœurs graphiques capables de développer jusqu'à 410 Gflops.
Les puces Neox pourront intégrer de 4 à 64 cœurs graphiques capables de développer jusqu’à 410 Gflops.

Quelles seront les applications des GPU Neox de Think Silicon ? Les communications autour des premiers clients devraient nous donner une idée, mais il est assez évident que dans un premier temps les puces seront des composants modestes si on les compare aux smartphones ou aux PC. Logique : RISC-V GPU est un monde encore plus balbutiant que celui de sa partie CPU – les Intel et AMD ne sont pas arrivés à ces niveaux de performances en un jour.

L’industrie a besoin de ces puces ouvertes

RISC-V GPU

Ce qui est certain, c’est que si la proposition technologique de Think Silicon est bonne, l’industrie devrait très bien accueillir ses GPUs. D’une part, car les ingénieurs ne sortent pas de nulle part : l’entreprise grecque existe depuis 15 ans et elle est la propriété de l’Américain Applied Materials, le numéro un mondial des équipements de semi-conducteurs (hors scanners, où ASML règne en maître). Une parentalité business qui est un (gros) gage de sérieux dans cette industrie.

D’autre part parce que l’industrie des puces à un besoin de transparence, notamment pour tirer le meilleur parti énergétique des puces. Avec des coûts de développement parfois de plusieurs milliards de dollars et quelques IP contrôlées par une poignée d’acteurs, l’opacité règne en maître. Ce manque de transparence de blocs technologiques (CPU, GPU, ISP, etc.) est d’ailleurs un point de friction important. Il a incité Apple à se passer de Samsung en tant que fournisseur de SoC après les premières générations d’iPhone. Il motive aujourd’hui de plus en plus d’entreprises à concevoir leurs propres puces. Comme Oppo, qui a développé le MariSilicon X pour « reprendre le contrôle » de la photographie, spécifiquement en matière de gestion des couleurs ou de compression d’image.

Des entreprises importantes dans le milieu comme Ambiq intègrent déjà les technologies graphiques de Think Silicon.

Le côté ouvert de RISC-V n’est pas (encore ?) une arme pour conquérir les très hautes performances, mais sans doute une voie intéressante pour rendre les puces du quotidien – autant dans les réfrigérateurs que les voitures – plus contrôlables et donc plus efficaces. En ces temps d’urgence climatique, chaque Watt compte. Et mine de rien, l’arrivée d’une IP ouverte pour GPU est en ce sens une très bonne nouvelle.

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Source : Tom's Hardware US