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RISC V déménage en Suisse pour échapper à la guerre commerciale sino-américaine

Après le précédent de la suspension de la licence ARM de Huawei par l’administration Trump, la fondation qui gère l’architecture processeur open source RISC V a décidé de se domicilier en Suisse.

La fondation qui est en charge du développement et de la diffusion de l’architecture RISC V quitte les États-Unis, et c’est une délocalisation importante.
Open source et gratuite, cette architecture, qui a le soutien de nombreux géants du secteur IT, mais aussi d’universités dans le monde entier, tire ici les conséquences de l’instabilité de la gouvernance américaine.

Ainsi, quand le gouvernement de Donald Trump a décidé de « punir » Huawei au printemps dernier, le monde entier a réalisé une chose : les technologies fondamentales sont aux mains des Américains… même celles qui ne semblent pas être américaines !
Au printemps dernier, des entreprises américaines, comme Google ou Microsoft, ont ainsi été obligées de couper les ponts avec Huawei. Mais outre ces fleurons nationaux, l’anglais ARM qui vend la licence du même nom aux concepteurs de puces a été contraint de faire de même, sous le prétexte que certaines technologies embarquées dans l’architecture ARM sont sous brevet américain.

Fuir la dépendance américaine

C’est pour éviter cette dépendance non seulement aux technologies, mais surtout au pouvoir de véto du gouvernement américain que la fondation RISC V a décidé de déplacer son siège et ses activités en Suisse, un pays dont le nom même est synonyme de neutralité. 

Bien qu’en développement actif depuis des années, l’architecture RISC V a connu les feux de la rampe car elle semblait (et semble toujours) être la seule porte de sortie pour Huawei en cas de privation définitive de l’architecture ARM.
Quoi que loin d’être aussi mature et puissante qu’ARM, RISC V offre cependant l’avantage de l’ouverture et d’un développement collégial – quand les contraintes de licence et l’opacité d’ARM sont parfois un frein son adoption.

Si vous n’avez jamais entendu parler de RISC V, il faut savoir que la fondation compte plus de 300 membres, autant des Américains, comme Qualcomm, Google ou Nvidia, que des Chinois, comme Huawei, Alibaba ou Orion. On retrouve aussi les Français de Thales, les Allemands d’Infineon, les Coréens, de Samsung, etc.
Une « confédération » internationale inquiète des dérives des comportements du gouvernement américain tant du point de vue business, que du point de vue de la recherche.

Car dans le milieu des semi-conducteurs, les industriels ont un grand besoin des universités et de leurs thésards et autres chercheurs. Peu importe la région du monde dont ils sont issus. Or, l’administration Trump a non seulement bloqué l’accès au territoire américain aux ressortissants de plusieurs pays musulmans en 2017 (ordre exécutif 13769 invalidé deux mois après sa promulgation), mais en plus de nombreux chercheurs ont été bloqués aux frontières ces dernières années.

La direction très internationale de la fondation RISC V a donc décidé que sa domiciliation dans l’état américain du Delaware pouvait sérieusement empêcher son développement, cela alors même que des entreprises comme Western Digital (WD) commencent à intégrer des puces dans des produits commerciaux grand public – des contrôleurs de disque dur dans le cas de WD.

La fondation RISC V sera donc bientôt une fondation helvétique, un comble pour une technologie née dans les laboratoires de l’université californienne de Berkeley (San Francisco) et qui a bénéficié de fonds du Darpa, le programme de recherche du département américain de la défense.

Source : Reuters

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