Passer au contenu

Euroland : une économie pénalisée par les contraintes

Si le PIB de la zone euro a renoué avec la croissance au premier et au deuxième trimestre 2002, cette progression a été tirée par le commerce extérieur, en ligne avec la reprise américaine.

En réponse à une question posée à Wim Duisenberg lors de la conférence de presse du 12 septembre 2002 sur ses sujets de préoccupations, le président de la Banque centrale européenne (BCE) a déclaré : “Je suis préoccupé autant par les craintes inflationnistes que par celles concernant la croissance…”L’activité économique ralentit en Europe. Le tassement aux États-Unis affecte les secteurs exportateurs : ceux-ci trouvaient dans le dynamisme de la demande intérieure américaine un soutien à l’activité et compensaient partiellement la faiblesse de la demande interne. Les inondations en Europe Centrale et dans le Sud de la France fragilisent encore la croissance de la zone. La croissance devrait rester faible en 2002 (1 %), avant de retourner progressivement sur sa tendance au cours de l’année 2003 (3 %). La faible compétitivité due à la rigidité du marché de l’emploi, les salaires élevés et l’essoufflement de l’activité continueront à peser sur la croissance. La compétitivité est affectée aussi par l’appréciation de l’euro.De plus, l’économie européenne est confrontée à une triple contrainte, monétaire, budgétaire et extérieure. La politique monétaire est encadrée par des statuts stricts (ceux de la Réserve fédérale américaine intègrent des objectifs d’emploi et de croissance). Les deux principaux piliers sont la masse monétaire M3 qui mesure les liquidités susceptibles, dans le futur, d’alimenter la hausse des prix, et l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui mesure l’inflation actuelle des prix à la consommation. Les deux indices étant au-dessus des objectifs de la BCE, celle-ci a adopté une politique jugée trop restrictive.

Les critères de convergence contestés

La contrainte budgétaire : selon les critères de convergence du traité de Maastricht, le déficit ne doit pas dépasser 3 % du PIB. Devenue pacte de stabilité et de croissance, cette contrainte, désormais très contestée, est contre-productive pour plusieurs raisons : le Pacte impose quasiment des restrictions budgétaires en période de ralentissement économique et de hausse du chômage (ce qui se produit actuellement dans la zone euro) ; il peut pousser les gouvernements à trop durcir la politique budgétaire en période de croissance, afin de disposer de marges de man?”uvre en période de ralentissement ; les investissements publics risquent de servir de variable d’ajustement pour réduire les déficits ; or, la baisse régulière des investissements publics en Europe depuis les années quatre-vingt a eu une incidence négative sur la productivité. Cela influe indirectement sur la politique monétaire de la BCE : cette dernière a tendance à ne pas assouplir sa politique monétaire si elle juge les gouvernements trop laxistes en matière de politique budgétaire.La contrainte extérieure : la dynamique européenne reste dépendante de l’environnement international. Lorsqu’il est moins porteur, l’activité européenne s’infléchit. Il existe un temps de latence entre la reprise américaine, sa diffusion dans l’économie mondiale et la croissance des exportations européennes. Depuis le point bas des importations américaines en décembre 2001, celles-ci ont progressé de près de 15 % en valeur à fin juin 2002. Sur la même période, les exportations de la zone euro nont progressé que de 3 %. Si le PIB de la zone euro a renoué avec la croissance aux premier (+0,3 %) et deuxième trimestres 2002 (+0,3 %) après avoir reculé sur les trois derniers mois de 2001 (-0,2 %), cette progression a été tirée par le commerce extérieur, en ligne avec la reprise américaine, alors que la demande intérieure demeurait atone (-0,9 % en un an) et que les stocks contribuaient négativement à la croissance.* Chef économiste, Global Equities

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Jean-François Virolle*