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Communications par satellite : turbulences en vue !

Les opérateurs doivent trouver des relais de croisssance. Le marché des télécommunications par satellite régresse et ses marges sont devenues très faibles.

Les opérateurs de satellite viennent de connaître deux transformations majeures. Le monde des communications par satellite était relativement simple jusqu’en l’an 2000. Intelsat, opérateur public, avait une position largement dominante pour les télécommunications au niveau mondial. Son principal concurrent privé, PanAmSat (PAS), racheté par Hughes, ne le menaçait pas trop vivement. En Europe, SES Astra (privé) et Eutelsat (public) concentraient l’essentiel des chaînes de télévision et vivaient dans un confortable duopole. Aux États-Unis enfin, la télévision par satellite avait permis à deux opérateurs, DirecTV (également filiale de Hughes) et Echostar, de constituer en cinq ans un autre duopole.Les marges étaient importantes (en 2000, la marge d’Ebitda d’Intelsat a été de 86 % !) ; les barrières à l’entrée élevées (les positions orbitales sont gérées par les États) ; le chiffre d’affaires croissait, tiré par le développement des chaînes de télévision ; les revenus étaient récurrents. Enfin, des services, notamment de télécommunications mobiles, allaient être créés en utilisant des constellations de satellites en orbite basse.En 2000, première alerte : les services développés sur les constellations de satellites ne rencontrent pas ?” c’est un euphémisme ?” le succès escompté. Iridium, filiale de Motorola, fait faillite ; Craig McCaw, associé à Boeing et à Microsoft range prudemment son projet Teledesic. Alcatel s’interroge sur Skybridge. Globalstar réduit ses ambitions. Le monde des communications par satellite est jeune (SES Astra a commencé ses activités en 1989, Eutelsat en 1985) ; il n’a connu jusque-là que des succès commerciaux et ce premier échec intrigue. On l’attribue principalement à une mauvaise analyse marketing.

La course à la consolidation commence

En 2001, seconde alerte, moins spectaculaire, mais tout aussi importante. Premier acte : au printemps, l’opérateur européen SES Astra fusionne avec l’américain GE Americom et devient le second opérateur mondial (derrière Intelsat mais devant PanAmSat). Second acte : début juillet, Eutelsat abandonne son statut d’“organisation internationale gouvernementale” (IGO) et est privatisé ; mi-juillet, Intelsat est, à son tour, privatisé.En quatre mois, tout a changé dans le monde des satellites géostationnaires.La course à la consolidation est lancée. Trois opérateurs se disputent désormais la place de leader mondial : Intelsat, SES Global et PAS. Y a-t-il place pour trois, sachant que le marché des télécommunications internationales par satellite décroît car il est fortement concurrencé par les réseaux de fibre optique.Eutelsat et Intelsat, récemment privatisés, vont adopter, à marche forcée, les logiques du secteur privé. Ces deux opérateurs prévoient d’être mis en bourse en 2002.Enfin, tous les opérateurs doivent désormais trouver des relais de croissance. Le marché des télécommunications par satellite est en régression et ses marges sont désormais très faibles ; le marché de la télévision par satellite croît moins que durant la décennie 1990 (les pays occidentaux semblent avoir fait le plein des chaînes thématiques numériques…) ; enfin, les services d’internet par satellite croissent moins vite que prévu.Au total, il semble que l’on puisse s’attendre aujourd’hui à la mise en ?”uvre d’une stratégie qui s’établirait sur trois axes.Tout d’abord, les opérateurs de satellite devront créer de la valeur pour les actionnaires et vont donc très probablement adopter des stratégies beaucoup plus offensives.Ensuite, la consolidation du marché a été lancée avec la création de SES Global ; le mouvement devrait se poursuivre à un rythme très soutenu en 2002 : il est vital datteindre une certaine “masse critique” .Enfin, les opérateurs de satellite devront prouver, en particulier en mettant en ?”uvre des solutions techniques originales, que leurs infrastructures sont bien adaptées aux services à large bande et en particulier à internet.Le monde confortable des communications par satellites est bien entré dans une phase de turbulences fortes.* Directeur média et télécoms BNP Paribas

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Philippe-Olivier Rousseau*