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Bruno Vanryb, pdg de BVRP : “75 % du capital a changé de main”

Secoué par les marchés, BVRP reste sûr de son potentiel de croissance.

Créé en 1984, l’éditeur et distributeur de logiciels de communication BVRP Software a été l’une des success stories historiques de la net économie et du Nouveau Marché, avant de perdre 90 % depuis le 1er janvier. Le groupe essuie une perte annuelle de 1,8 million d’euros (11,8 millions de francs), et un CA en hausse de 8,7 %, à 35,7 millions d’euros. Bruno Vanryb expose son plan de redressement et livre son analyse de l’instabilité des marchés.Le marché n’attendait plus de bénéfice, mais la perte annoncée est plus importante que prévu…C’est que j’ai choisi de réagir très fortement, afin que ce résultat reste un épiphénomène dans la vie de la société. Je ne ferai pas de langue de bois : la crise nous a surpris, notamment au dernier trimestre. Lorsque tous vos clients sont touchés en même temps, vous vous retrouvez dans une spirale négative. Mais les provisions pour restructurations de la société sont aussi très importantes et expliquent une grosse partie de la perte. Surtout, notre stratégie de redressement est cohérente. Nous nous sommes renforcés dans la distribution et les services. Notre présence américaine (50 % des ventes logicielles) est très prometteuse à terme.Craignez-vous néanmoins la réaction des marchés ?Franchement, je n’ai pas de pronostic. Le cours de BVRP est monté à 90 euros, puis il a dégringolé jusqu’à 2,33 euros, avant de remonter récemment vers les 7-8 euros. Cette déconfiture est tellement déconnectée de la réalité ! Je joue le jeu, je continue à pratiquer la transparence, mais tout est possible. Les mêmes analystes nous ont plébiscités à 23 euros, puis ont conseillé de vendre à 2,3… Et 75 % du capital de la société a changé de main depuis l’été : c’est proprement hallucinant. Heureusement, avec 17 ans d’expérience de management, j’en ai vu d’autres.Vos prévisions 2002 sont très prudentes. Cela risque de décevoir encore.Chat échaudé craint l’eau froide. BVRP a été connu pendant cinq ans, sur le Nouveau Marché, pour toujours tenir ses prévisions. Nous sommes passés à côté une fois, et nous avons été sanctionnés comme si nous étions une de ces sociétés introduites à la va-vite, sans aucune chance de survie. C’est ce qui m’étonne le plus. Croyez-moi, je ne vais pas de sitôt reconduire des prévisions optimistes ! Nous anticipons néanmoins un résultat supérieur à l’équilibre. Si la reprise est au rendez-vous, nous pourrions sortir quelque 2 millions d’euros de bénéfice. Le PER (price earning ratio) de BVRP s’établirait dans ce cas à environ 12,5. Ce qui n’est pas cher pour une entreprise qui aurait fait 34 % de croissance profitable.La croissance externe reste-t-elle de mise ?Nous venons de faire d’importantes acquisitions. Nous pourrions poursuivre cette stratégie, mais il s’agit de la financer. Notre trésorerie est bonne et nous disposons d’obligations convertibles, mais cela ne nous donne pas un levier important. Et l’on ne peut pas diluer nos actionnaires à ce point. Il est donc préférable de reporter un peu les projets. L’objectif de BVRP reste la croissance, mais je vais privilégier la rentabilité de la croissance. Cela, le marché finira bien par le reconnaître.Ne craignez-vous pas, à l’inverse, que BVRP soit devenue une cible ?Il est certain que la capitalisation est ridicule (moins de 30 millions d’euros). Mais le paradoxe veut que l’on constate peu dOPA hostiles lorsque les marchés sont baissiers.

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Jean-Michel Cedro