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Annette Roux, présidente de Bénéteau : ” Internet va nous permettre de fluidifier le marché du neuf “

À l’heure du salon nautique, le numéro un mondial du bateau de plaisance mise sur le réseau pour coller au plus près à la demande de ses clients.

Le Nouvel Hebdo : Compte tenu du ralentissement économique actuel, pensez-vous connaître dans l’année à venir le rythme de croissance de votre dernier exercice, soit 27 % ?Annette Roux : Malgré les événements du 11 septembre aux États-Unis, 2001 restera une bonne année pour l’ensemble des industries nautiques. Reste que notre activité ne progressera pas en 2002 à un rythme aussi rapide que celui de l’exercice en cours. Nous tablons tout de même sur une croissance d’au moins 10 %, car les salons d’automne se sont bien passés. Mais c’est le salon de Paris [du 1er au 10 décembre, porte de Versailles, NDLR] qui nous donnera la visibilité qui nous manque actuellement. Notre carnet de commandes représente pour le moment 65 % du chiffre d’affaires total de l’an passé. Quoi qu’il arrive, nous poursuivrons notre politique d’investissements, de l’ordre de 38 millions d’euros [250 millions de francs, NDLR] par an.Leader mondial en forte croissance, vous restez coté au second marché. N’est-ce pas une contradiction ?Nous attendons la nouvelle nomenclature d’Euronext. Par définition, nous serons sur le segment “Prime Economy”
[qui doit regrouper les valeurs de l’économie traditionnelle, NDLR], même si les bateaux que nous fabriquons regorgent de nouvelles technologies. À l’occasion de la mise en place de cette nouvelle typologie des marchés, un changement n’est pas exclu. Pour le moment, nous attendons un peu de voir ce que font les autres entreprises cotées.Pouvez-vous nous parler de la filiale EYB (European Yacht Brokerage) que vous avez créée en 1999 ?Il s’agit en fait d’une Bourse électronique du marché d’occasion de la navigation de plaisance. Cette entreprise utilise la technologie internet afin de commercialiser la première flotte européenne de bateaux d’occasion de nos principales marques : Bénéteau, Jeanneau, Lagoon et Wauquiez. Nous sommes équipés pour communiquer avec tous les concessionnaires et plaisanciers d’Europe. À ce jour, nous comptons plus de 126 adhérents en Europe, dont 57 en France, et 69 à l’étranger. EYB enregistre plus de 35 000 visites et plus de 300 000 pages vues par mois. Près de 5 500 personnes à la recherche d’un bateau sont aujourd’hui abonnées à la liste de diffusion EYB et ce, à l’échelle européenne. C’est tout de même plus facile que de passer ses week-ends de port en port. Et puis il faut savoir qu’en France, deux clients sur trois achètent un bateau d’occasion.Quel est l’impact de votre filiale internet sur le marché du neuf ?Les marchés du neuf et de l’occasion sont étroitement liés. 75 % des acheteurs de bateaux neufs possédaient un bateau précédemment. Quand un distributeur vend un bateau neuf, une fois sur deux, il doit proposer une reprise de l’ancien bateau, ce qui lui pose souvent des problèmes. Notre plate-forme permet de fluidifier le marché de l’occasion, car une reprise peut intéresser un concessionnaire mais pas un autre. Notre banque de données multimarques au niveau européen, actualisée quotidiennement et lisible par tous, recense près de 1 600 bateaux en ligne avec descriptif et photos. Les prix proposés oscillent entre 4 000 et 4 millions d’euros, voire davantage. Au 28 novembre 2001, EYB recensait 2 600 références de ventes. Nous sommes devenus une cote de référence à l’échelle du Vieux Continent. Sur cette plateforme, la durée moyenne de mise en vente est de 4,24 mois pour la France et de 4,6 pour les pays étrangers. Et depuis cet automne, nous sommes annonceurs sur les sites web des principales revues nautiques européennes, sous forme de bandeaux.Cette expérience va-t-elle être mise à profit pour satisfaire au mieux la demande finale sur le marché du bateau de plaisance neuf ?Oui. Nous travaillons sur un gros chantier, qui devra aboutir avant deux ans. Déjà, l’intranet nous a permis de mieux connaître, via nos distributeurs, les besoins de nos clients. Le retour d’informations nous a permis de mieux cerner les désirs des consommateurs alors que l’architecture navale est en pleine révolution, grâce à l’électronique embarquée à bord et aux matériaux composites. Mais aujourd’hui, il nous faut aller plus loin.Pourra-t-on, demain, choisir en ligne un voilier entièrement personnalisé ?C’est notre objectif. Le bateau, c’est avant tout du rêve. Chaque client a ses marottes et, pour un modèle donné, il existe une kyrielle d’options, de la couleur des voiles à celle des coussins de la cabine. Aujourd’hui, Bénéteau propose 36 modèles, voile et moteur confondus, ce qui représente plus de 100 versions différentes. Mais en aucun cas, il ne s’agit pour nous de court-circuiter notre réseau de distribution. Au contraire, cet outil lui sera fort précieux, car il permettra de répondre aux objectifs du client final de la prise de commande à la mise à l’eau. Cette plate-forme pourrait nous permettre d’optimiser la gestion de nos stocks. Éternel problème pour une industrie par définition saisonnière. À notre connaissance, ce projet n’a pas d’équivalent en Europe.

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Jean-Pierre Savalle