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Amazon accusé d’avoir pisté les gilets jaunes

Gilets jaunes, associations environnementales ou syndicats, tous les mouvements de contestation sociale sont surveillés par le géant du e-commerce. Des entrepôts auraient même été infiltrés par des détectives privés.

Rien n’échappe à Amazon. De la plus anodine distribution de tracts aux grands mouvements sociaux, la société surveillerait tout ce qui serait susceptible de menacer ses intérêts. Le tout dans la plus stricte illégalité, d’après le site américain Motherboard qui a encore déterré des rapports internes à l’entreprise. 

Les itinéraires des “gilets jaunes” anticipés

Amazon scruterait ce qui se passe à l’extérieur de ses murs : les actions des syndicats, celles des associations environnementales, et même les mouvements sociaux qui ne sont pas dirigés contre ses activités comme les gilets jaunes en France. Motherboard révèle que la société aurait dépêché spécialement des analystes dans notre pays pour déterminer à l’avance où se tiendraient les manifestations des «  activistes gilets jaunes » comme elle les appelle.

Même chose pour les rassemblements anti-Black Friday, qui mobilisent de petits groupes chaque année en Europe. Amazon tenterait d’évaluer chaque fois le nombre de participants à l’avance en fouillant sur les réseaux sociaux. Le géant du e-commerce concède juste avoir une équipe d’analystes chargée de préparer la société à des événements externes pouvant l’affecter.

Une agence de détectives privés pas anodine

Concernant ses collaborateurs, Amazon épierait et consignerait le moindre signe de contestation de ses salariés en Europe. La France, l’Italie, l’Allemagne, la Pologne et l’Autriche seraient particulièrement ciblés. Pour mener à bien ces opérations de surveillance, Amazon ferait parfois appel à Pinkerton, une célèbre agence américaine de détectives privés fondée en 1850 qui a aidé à mater des manifestations d’ouvriers et à intimider les travailleurs des aciéries aux Etats-Unis au XIXe siècle. Dans la droite lignée de cette « tradition », certains espions de Pinkerton auraient temporairement infiltré des entrepôts en Pologne ou surveillé des grèves en Virginie-Occidentale en 2018. Amazon reconnaît travailler avec Pinkerton mais affirme qu’il ne s’agit que de garantir la sécurité des expéditions qui ont le plus de valeur.

Plusieurs députés européens ont déjà écrit à Jeff Bezos au mois d’octobre dernier pour protester contre la publication de deux offres d’emploi d’analystes en renseignement qui auraient été chargés de surveiller différentes  « menaces » dont le syndicalisme. Amazon semble avoir violé le RGPD et la charte sociale européenne qui garantit notamment le droit de se syndiquer. Reste à savoir si des poursuites seront engagées.
Source : Motherboard

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Amélie CHARNAY