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5G : la France est-elle en train de rater le coche ?

Alors que des lancements commerciaux sont prévus dès cette année aux Etats-Unis, les opérateurs français ne feraient pas preuve d’une assez forte mobilisation pour accélérer la venue du futur standard de téléphonie mobile, selon le gendarme des télécoms.

La 5G est déjà une réalité. Certes, la normalisation du futur standard de téléphonie mobile ne s’achèvera qu’au mois d’août 2019. Mais on connaît déjà les trois bandes de fréquences qui seront retenues en Europe (26 GHz, 700 MHz et 3,5 GHz) et le deuxième volet des spécifications permettant de faire fonctionner un vrai cœur de réseau 5G va être publié dans les jours qui viennent par le groupement du 3GPP.
Les premiers routeurs devraient être lancés avant la fin de l’année, tandis que les smartphones 5G ready – compatibles uniquement avec des moyennes fréquences – seront présentés au Mobile World Congress 2019 pour une commercialisation au second semestre. Il n’y a donc plus une minute à perdre pour se préparer. C’est là que le bât blesse.

https://twitter.com/sorianotech/status/1004768603852460033

En Europe, l’observatoire 5G de la Commission européenne a dressé la liste de 80 grandes villes qui vont accueillir des réseaux pré-5G. Au 15 mai, on en comptait 17 (Amsterdam, Barcelone, Berlin, Londres, Milan, Stockholm, etc …) mais aucune française. Ce que déplore le président de l’Arcep Sébastien Soriano. Il a exprimé sa « très vive inquiétude » lors d’une conférence sur le sujet la semaine dernière à l’Ecole d’ingénieurs du numérique.
« Quand je voyage à l’étranger, je constate la très forte mobilisation des opérateurs télécoms pour mener des expérimentations, ce qui n’est pas le cas dans notre pays », a-t-il témoigné.
Orange, Bouygues Telecom et SFR* ont procédé à des tests en laboratoire depuis l’année dernière dans diverses configurations. SFR est le seul à avoir respecté dernièrement les spécifications du premier standard 3GPP publié en décembre dernier. Ils s’apprêtent tous, au second semestre de cette année, à pratiquer des expérimentations en extérieur. Free se montre plutôt en retrait et continue de travailler dans le plus grand secret.

Peu d’infrastructures et d’acteurs industriels candidats

Sébastien Soriano a fait part, en outre, de sa déception face à la teneur des candidatures déposées au guichet « pilotes 5G » de l’Arcep. Ce dernier va permettre d’attribuer du spectre pour des tests grandeur nature. Mais il n’aurait enregistré à ce jour que quinze demandes émanant « à 80% d’opérateurs télécoms ».
On sait déjà en effet que Bouygues Telecom se trouve dans les starting blocks à Bordeaux, Orange à Lille et Douai. SFR se prépare lui sur son site de Quadrans à Paris. Sébastien Soriano attendait pourtant aussi des acteurs de l’industrie, de l’énergie, ou encore des infrastructures comme des ports ou des hôpitaux qui visiblement ne sont pas au rendez-vous. Car l’idée reste d’inventer de nouveaux usages et de nouveaux modèles économiques allant de la voiture connectée à l’usine du futur pilotée à distance. « Il ne faudrait pas reproduire les mêmes erreurs qu’avec la 4G. Certains pensent que si Spotify est aujourd’hui la seule plate-forme européenne à pouvoir rivaliser avec les américaines, c’est parce que la Suède était une pionnière en matière de 4G », avance encore le président de l’Arcep.

Les Etats-Unis vont lancer des services dès cette année

Ericsson dévoile aujourd’hui dans son dernier rapport sur la mobilité que les plus gros opérateurs aux Etats-Unis (AT&T, Verizon, T-Mobile/Sprint) vont lancer des services commerciaux pré-5G entre la fin de l’année et mi-2019. Ils seront suivis par la Corée du Sud, le Japon et la Chine. Les réseaux seront déployés en priorité dans les zones urbaines de forte densité pour un haut débit mobile amélioré et un accès fixe sans fil palliatif à la fibre.
En France, nos opérateurs pourront ouvrir commercialement leurs sites pilotes dès 2019 mais la grande attribution des fréquences s’étendra de mi-2019 à mi-2020 et les lancements nationaux des réseaux 5G ne sont attendus que pour 2020.

Ericsson prévoit aussi qu’un milliard de terminaux seront connectés en 5G en 2023, soit 12% du nombre total d’abonnements. Ils cumuleront alors 20% du trafic mobile de data. Mais à cette date, seule 20% de la population mondiale sera couverte en 5G.

*01net.com est édité par une filiale de NextRadioTV, elle-même propriété à 100% de SFR Médias.

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Amélie Charnay