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Vers un inventaire des nanotechnologies dans les produits de consommation

Le débat public sur les nanotechnologies préconise leur recensement. Près de 500 articles contenant des nanomatériaux sont déjà sur le marché.

Alors que la consultation sur les nanotechnologies a particulièrement été houleuse – plusieurs réunions ont dû être annulées -, la Commission nationale du débat public (CNDP) chargée d’organiser ces discussions vient de rendre ses conclusions.

Organisées du 15 octobre 2009 au 23 février 2010, ces consultations ont permis à tout un chacun de faire valoir son point de vue sur ces technologies nouvelles. Chercheurs, associations de consommateurs et syndicalistes ont exprimé leurs aspirations et leurs réserves sur les nanotechnologies.

Alors que le consensus a été difficile à trouver, tous souhaitent une meilleure communication dans ce domaine auprès du grand public. D’autant qu’on trouve ces nanomatériaux dans plus de 500 produits (cosmétique, dentifrice, crème solaire, emballage alimentaire etc.).

Un étiquetage clair

« Les représentants des ministères ont reconnu eux-mêmes leur impossibilité d’établir aujourd’hui un inventaire des nanomatériaux, des produits contenant des nanoparticules actuellement commercialisés en France et la nécessité d’une obligation de déclaration », note le rapport de la CNDP.

L’association des Amis de la terre estime que leur présence dans certains cosmétiques présente des risques pour la santé. Ce serait le cas du dioxyde de titane, dans les crèmes solaires. Participant au débat public, l’association remet en cause l’efficacité de la peau comme barrière naturelle et estime que le dioxyde de titane est « photo dépendant toxique [toxique lorsqu’il est exposé à la lumière, NDLR]  et qu’il peut provoquer des cancers de la peau et du colon ».

Un avis écarté par l’un des chercheurs de LVMH, qui assure que le produit ne pénètre pas la peau, que celle-ci soit saine ou altérée.

Des études sur les risques sanitaires

La CNDP rapporte également des avis divergents en matière de toxicologie. Certains chercheurs laissent entendre que les nanotubes de carbone pourraient être aussi nocifs que l’amiante. D’autres l’affirment. En matière de santé, le compte rendu rappelle que « l’effet possible de très faibles doses sur la longue durée reste aujourd’hui inconnue. Il est improbable que des études épidémiologiques y apportent des réponses avant des décennies ».

Si tous affirment à ce jour qu’il n’y a pas de nanotechnologies dans les produits alimentaires, Marie-Christine Favrot, de l’Agence française de la sécurité sanitaire des aliments (Afssa), reconnaît que la prudence est nécessaire : « le problème des nanos est que l’on ne connaît pas leur toxicité et en particulier par voie orale ».

Aussi, plus globalement, les participants au débat ont-ils demandé l’instauration d’une gouvernance des nanotechnologies sous la forme d’une instance nationale consultative. Une sorte d’autorité de surveillance semblable à celle qui existe dans le nucléaire. Reste à savoir quel écho donneront les pouvoirs publics à ce rapport.

Le gouvernement fera t-il mentir les détracteurs des nanotechnologies qui ont refusé de participer à un débat où tout serait joué d’avance. « L’engagement de doubler leur budget et de faire des nanotechnologies une des priorités de la recherche française » a été décidé avant la consultation publique, rappelle l’association Fondation Sciences Citoyennes.

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Hélène Puel