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Très haut débit : un rapport sénatorial tire la sonnette d’alarme

Selon les sénateurs Pierre Hérisson et Yves Rome, le déploiement du très haut débit ne se fait pas de manière suffisamment coordonnée pour assurer l’égalité territoriale. Ils estiment que l’Etat doit prendre les choses en main.

Alors que le gouvernement démarre aujourd’hui un séminaire sur l’économie numérique, deux sénateurs ont jeté, hier, un pavé dans la mare du déploiement du très haut débit (THD). Dans un rapport de 200 pages présenté à la presse, les sénateurs Pierre Hérisson (UMP) et Yves Rome (PS) exhorte l’Etat à prendre davantage de responsabilités. « Il faut une arrivée en force de l’Etat sur un réseau d’infrastructures qui est en train de prendre plus d’importance que les routes », ont-ils déclaré.

En particulier, ils jugent que « les structures de marché sont insuffisamment coordonnées » pour relever le défi d’ « une innovation radicale » comme le THD. Le rapport prône entre autres un relèvement des tarifs d’abonnement à internet pour faciliter les investissements, alors que « la France a le coût le plus bas du monde ». Surtout, l’Etat doit exercer effectivement « ses responsabilités de régulateur et de financeur pour assurer l’égalité territoriale ». Pour le sénateur Hérisson, « il ne faudrait pas se retrouver dans la situation où les collectivités locales, qui ont développé des compétences avérées en matière numérique, font les investissements à la place des opérateurs ».

La France est à la traîne en Europe

Jean-Marc Ayrault et François Hollande ont annoncé il y a une semaine un plan d’investissements publics et privés de « vingt milliards d’euros » afin que 100% de la population puisse être couverte en très haut débit d’ici dix ans, conformément à l’engagement de la campagne présidentielle numéro 4. Alors même que l’Europe est à la traîne, avec seulement 4% des abonnés dans le monde au THD, « la France se classerait 23e sur 27 » dans l’Union européenne pour le taux de pénétration du très haut débit, selon les deux parlementaires. Cette performance médiocre est corroborée par une étude récente du consortium industriel FTTH Council Europe, qui classe la France en 18ème position dans l’Europe au niveau du déploiement de la fibre optique.

Si l’accessibilité au THD progresse avec les investissements de l’opérateur historique France Telecom-Orange, « elle ne concerne vraiment que les zones très denses », avec 1,6 million de lignes installées jusque dans les immeubles des zones très denses, pour 360.000 « logements éligibles » dans les autres zones. Le retard pris tient pour partie à la coexistence de deux technologies, celle du fil de cuivre, dont « l’extinction devrait être programmée » et celle de la fibre optique, selon le rapport.

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Gilbert Kallenborn, avec AFP