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Chronique de la mort annoncée du Minitel le 30 juin 2012

Le célèbre service télématique français sera fermé le 30 juin 2012. Après 30 ans de service, le Minitel a participé au « rayonnement technologique de la France à l’étranger » et préparé le terrain d’Internet, estime France Télécom.

Le 30 juin 2012, France Télécom mettra fin définitivement à son service Minitel, trente ans après sa mise en service. Internet aura eu raison du célèbre service télématique français, qui a équipé jusqu’à neuf millions de foyers à son apogée au début des années 2000.

Pourquoi le 30 juin 2012 ? Il s’agit en fait de la date d’arrêt de commercialisation de l’offre X25 d’Orange Business Services. Elle intègre notamment le support de l’infrastructure du réseau télétel utilisé pour le Minitel, mais aussi des services de monétique et d’échange de données entre entreprises.

« Cette offre [X25, ndlr], lancée en 1976, sera arrêtée pour des questions d’obsolescence du support dont le maintien opérationnel ne peut plus être assuré », explique une porte-parole d’Orange. Initialement, cette offre devait d’ailleurs disparaître en septembre 2011. L’opérateur historique a cependant accordé un délai supplémentaire pour ses clients n’ayant pas encore bouclé leur migration vers de nouvelles solutions en IP.

La fin du Minitel n’est donc qu’un dommage collatéral de l’arrêt de l’offre X25. Mais de toute façon son avenir était scellé. « Le Minitel réalise encore du chiffre d’affaires, mais en nette décroissance. Il est donc logique qu’il se dirige vers sa belle mort », poursuit-on chez Orange.

Encore 1880 services actifs

En 1996, le Minitel proposait 25 000 services dont le plus populaire était l’annuaire 3611. Ils généraient alors près d’un milliard d’euros de revenus sur un parc installé de 6,5 millions de terminaux. Fin 2010, derniers chiffres disponibles, le nombre de services est descendu à 1 880 et le chiffre d’affaires à 30 millions d’euros. Quant au parc, il avoisine les 810 000 terminaux ainsi que 950 000 logiciels d’émulation sur ordinateur.

Mais seul un petit nombre de ces terminaux sont encore actifs. Selon une estimation datant de 2007, environ 25 % des terminaux et émulateurs enregistraient alors au moins une connexion mensuelle. Bon nombre de services populaires ont aujourd’hui disparu dont la réservation de billets SNCF ou Air France, ainsi que la consultation des résultats du baccalauréat. Mais l’annuaire (3611), le plus utilisé d’entre tous, est toujours actif, ayant obtenu un sursis en 2009. Subsistent également d’autres services pratiques comme le 3615 Météo ou le 3617 Argus, qui représentent au total 37 % des connexions. Ont également survécu des services pour les professionnels tels que le 3623 Medit ou le 3617 Verif qui représentent 27 % des usages, ainsi que des services bancaires (23 %) et des jeux (13 %).

Le Minitel aura fait des émules

Pour France Télécom, le Minitel aura préparé le terrain d’Internet tant du côté des consommateurs que des éditeurs. Rappelons ainsi que son modèle économique est basé sur un reversement de 85 % des revenus aux éditeurs. Ce qui a permis à bon nombre d’acteurs de réaliser d’importants bénéfices.

Des sites Internet populaires, comme Meetic ou Boursedesvols.com, ont été lancés par d’anciens acteurs des services télématiques. Xavier Niel, patron de Free, débuta sa carrière professionnelle dans les années 80 avec des services de Minitel rose.

« Le Minitel fait partie du patrimoine national et a participé au rayonnement technologique de la France à l’étranger  », conclut-on chez FT. Même s’il ne s’est jamais exporté, le Minitel aura en effet inspiré des services à l’international. Ce fut notamment le cas de l’opérateur téléphonique japonais NTT DoCoMo qui s’est inspiré directement du modèle économique du Minitel pour son iMode, un des premiers services d’accès à Internet sur mobile. L’iMode fut d’ailleurs ensuite déployé en France par Bouygues Telecom au début des années 2000 sous licence NTT DoCoMo.

Voir ici une vidéo présentant le Minitel en 1982 sur le site de l’Ina. Voir aussi celle ci-dessous, qui montre des utilisateurs rennais mécontents en 1984 :

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Christophe Guillemin