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Louise Guerre, présidente du centre des jeunes dirigeants : “Les dirigeants, un frein pour la révolution technologique”

À travers son association, Louise Guerre cherche à convaincre les jeunes chefs d’entreprise de l’impact des technologies de l’information dans leur stratégie globale.

Lors du colloque intitulé “Dans 10 ans l’entreprise… Qu’aurons-nous fait des nouvelles technologies ?” organisé le 19 octobre, le CJD (Centre des jeunes dirigeants d’entreprise) présente les résultats de “Performances 2000”, une étude sur l’impact des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) en matière de management et d’organisation. Louise Guerre, présidente du CJD, nous en livre les principales conclusions et formule des propositions pour la société de l’information.Quand et pourquoi avez-vous mis en ?”uvre l’étude intitulée ” Performances 2000″ ?Nous voulions mesurer la nature et l’ampleur de la révolution apportée par les nouvelles technologies en fonction d’éléments concrets et palpables. L’année dernière, nous avons suivi 140 entreprises ayant un projet dans les nouvelles technologies. Et six délégués régionaux ont été dépêchés pour conseiller les entreprises, mais aussi pour remonter les informations sur les impacts du projet, le comportement des dirigeants et des salariés, ou encore les difficultés rencontrées par les entreprises.Quelles conclusions en avez-vous tiré ?Notre premier constat est que la mise en ?”uvre des nouvelles technologies est encore jugée non prioritaire par beaucoup d’entreprises. Certains dirigeants mettent en place un site internet, voire un projet de knowledge management, mais avec une vision purement technicienne de la chose. Ils font appel à un sous-traitant ou embauchent un informaticien qui prend sous sa coupe le projet, là où l’ensemble du personnel devrait être formé aux impacts des NTIC sur leur métier. Ils ne considèrent pas les nouvelles technologies comme faisant partie de la stratégie globale de l’entreprise et donc comme de leur ressort direct. Les dirigeants restent le principal frein à la prise en compte de la révolution technologique.Que comptez-vous faire pour convaincre les patrons de s’intéresser davantage aux NTIC ?Tout d’abord leur faire comprendre que les aléas de la nouvelle économie ne doivent pas occulter les changements majeurs induits par les NTIC. L’expérimentation “Performances 2000” montre qu’un projet accompagné par le dirigeant et défini par des objectifs stratégiques, est une source de performance. J’aime à citer ce fabricant de palettes en bois qui, sous la contrainte de son principal donneur d’ordres, désireux de ne passer ses commandes que sur le net, a dû se mettre à l’e-commerce. Il n’était pas partant pour le faire, mais aujourd’hui, il ne regrette pas. Grâce au web, il a gagné de nouveaux clients. C’est par ce type d’exemple que nous convaincrons nos membres. Nous allons donc mettre sur notre intranet les 140 cas d’entreprises, qui seront autant de modèles pour nos adhérents encore sceptiques vis-à-vis des NTIC. Nous allons aussi formuler des propositions auprès des ministères compétents pour trouver une solution aux difficultés exogènes rencontrées par les entreprises.Quelles sont ces difficultés, et en quoi vont consister vos propositions ?Les entreprises se plaignent du coût prohibitif de tout conseil et/ou embauche dans le secteur des nouvelles technologies. La plupart ne peuvent se permettre de payer un consultant 1 500 euros (près de 10 000 francs) la journée ou de recruter un informaticien à 45 000 euros annuels. Nous allons donc proposer au ministère de l’Éducation nationale de créer des formations courtes aux NTIC, de type BEP ou BTS, pour que les entreprises puissent bénéficier de compétences plus abordables.N’avez-vous pas embrassé un peu tard la thématique des nouvelles technologies, laissant à d’autres, l’association Croissance Plus notamment, la charge de prendre sous son aile des start-up que vous auriez pu légitimement accueillir au CJD ?Mais nous en avons accueilli ! Nous comptons des dirigeants de start-up parmi nos différents membres, start-up qui ont d’ailleurs mieux résisté aux turbulences de la conjoncture que bien d’autres. Contrairement à Croissance Plus, nous n’avons pas abordé les nouvelles technologies sous l’angle d’un marché à conquérir et d’un chiffre d’affaires à faire doubler tous les ans. Nous avons eu la volonté de mesurer les impacts managériaux et organisationnels des NTIC, qui concernent les dirigeants de tous les secteurs d’activité et de toute taille d’entreprise.

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Sophie Janvier-Godat