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Les entreprises chouchoutent leurs spécialistes Internet

Création d’une filiale Internet ou rémunération individualisée : les entreprises traditionnelles appliquent toutes les recettes pour satisfaire leurs spécialistes ” on line “.

Les ” click and mortar ” s’organisent… Ces sociétés traditionnelles qui veulent, elles aussi, vendre sur Internet, comptent bien damer le pion aux start up. Pour cela, il leur faut des compétences nouvelles – de type Java, XML, WAP, etc. -, mais rares. Déjà rompues aux tensions sur le marché de l’emploi informatique, certaines revoient donc leurs grilles de salaires à la hausse, ou bien passent à l’individualisation des rémunérations. “Les grilles de salaires constituent un système trop rigide, confirme Frédéric Goux, l’un des responsables des ressources humaines du Crédit Lyonnais. Chez nous, les salaires sont individualisés. Et nous comparons deux fois par an leur niveau à celui du marché grâce à l’étude du cabinet Oberthur Consultants, qui croise fonction, âge, ancienneté et formation initiale. Depuis un an, c’est à peu près notre seul outil. Cependant, ce type d’études ne prend pas encore en compte les métiers nés d’Internet. Pour ces derniers, nous sommes, comme tout le monde, dans le flou : le marché est trop jeune, et les métiers pas assez structurés.”

Même dans ce contexte, une remise à niveau régulière des salaires s’avère cependant nécessaire. “Si les entreprises traditionnelles payent leurs spécialistes Internet moins cher que le marché, prévient en effet Guillaume Leneveu, responsable de la division systèmes d’informations du cabinet de recrutement Robert Half France, pour les garder, elles ont intérêt à leur proposer des projets très intéressants.” D’autant qu’elles doivent se battre contre les jeunes pousses. “Une start up a proposé 350 000 francs à l’un de mes ingénieurs on line de vingt-huit ans, relate ainsi le DRH d’un grand compte. Il n’en gagnait que 250 000 francs chez nous ! Mais, plus que le salaire, c’est l’aventure qui l’a séduit. Et je n’ai rien pu faire, sauf lui souhaiter bonne chance.”

Des astuces pour fidéliser sans trop surpayer

De plus, les sociétés traditionnelles ont un souci que les start up ne connaissent pas. Elles doivent gérer la cohabitation entre les informaticiens qui s’occupent de leur système d’information et les nouveaux, affectés aux activités on line, souvent jeunes diplômés et très bien payés. “Les entreprises sont obligées de tenir compte de la cohérence interne, souligne Guillaume Leneveu. Si l’on ne veut pas créer de révolution dans l’équipe, il y a forcément un niveau de salaire à ne pas dépasser. La variation du montant fixe est donc plus ou moins limitée. La solution consiste alors à jouer sur la partie variable, ou encore sur les primes.”


“La question aujourd’hui, c’est de savoir comment réussir à fidéliser ces profils sans trop les surpayer “, ajoute néanmoins Jean-Christophe Chamayou, directeur associé du cabinet de recrutement Kernlight Consulting. Pour cela, des recettes déjà éprouvées, comme les stock options, l’épargne salariale, les plans d’actionnariat, la participation ou l’intéressement existent. Mais, de plus en plus, les sociétés introduisent aussi une partie variable, indexée sur les objectifs. Même si, selon un consultant, “il s’agit d’une note à la tête du client “, puisque, souvent, elle ne repose que sur des critères subjectifs. “Nous entamons également des réflexions sur les avantages en nature, reconnaît, de son côté, Frédéric Goux. Car la demande du marché est forte.” Une autre façon de limiter l’inflation des salaires : proposer des cycles de formation et, surtout, des projets intéressants avec une polyvalence accrue.
Solution plus radicale, les entreprises choisissent de plus en plus couramment de filialiser leur activité Internet pour fidéliser les informaticiens tout en évitant l’inflation. Un moyen d’acquérir l’image – souvent plus valorisante – d’une start up et de balayer les problèmes de cohabitation entre informaticiens. La SNCF avec Voyages-sncf. com, M6 avec M6 web, Carrefour avec Ooshop, et Canal + avec Numedia ont tous choisi cette voie. “Créer une filiale permet de rehausser les salaires par rapport au service informatique interne afin d’attirer les profils adéquats “, explique Jean-Christophe Chamayou. “Si les sociétés n’ont pas de grille de salaires différente, ajoute même Michel Bré, directeur général de Nouvelles Frontières On Line, elles n’arriveront pas à recruter, et leurs informaticiens Internet se feront débaucher.”

Certains poussent le principe encore plus loin. “Nous utilisons de plus en plus de prestataires extérieurs, explique ainsi Stéphane Denis, responsable technique Web de Numedia. Nous avons de nombreux projets, et nous ne souhaitons pas exploser en termes d’effectifs.” Travel on Web, site Internet de la société Carlson Wagonlit, sous-traite, quant à lui, la conception, l’hébergement et la maintenance. Autant de bonnes façons d’évacuer la question de la rémunération…

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Claire Chevrier