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Le lobby politique de Mark Zuckerberg perd quelques amis

Lancé il y a un mois, «Fwd.us» suscite une vive polémique dans la Silicon Valley. Certains dénoncent les méthodes employées pour obtenir une réforme de l’immigration.

En créant son lobby politique, Mark Zuckerberg ne pensait certainement pas s’attirer les foudres de la Silicon Valley. C’est pourtant bien ce qui se passe. Critiques publiques, départs de membres, appels au boycott de Facebook : la polémique enfle de jour en jour.

Tout commence le 12 avril dernier avec le lancement de «Fwd.us», un groupe de pression fondé à l’initiative du jeune patron de Facebook. Son premier objectif est de militer pour une réforme du système d’immigration. Le sujet est capital pour l’industrie de la high-tech américaine qui aimerait pouvoir embaucher davantage d’ingénieurs étrangers pour satisfaire son énorme besoin de main-d’œuvre hautement qualifiée.

De nombreuses personnalités sont ainsi directement impliquées ou soutiennent ce projet. On retrouve par exemple Bill Gates, Eric Schmidt, président de Google, Marissa Mayer, patronne de Yahoo, ou encore Steve Ballmer, PDG de Microsoft. Si l’objectif de «Fwd.us» fait l’unanimité dans la Silicon Valley, les méthodes employées divisent.

Pour obtenir gain de cause au Congrès, une dizaine d’élus républicains ou démocrates passent dans des spots de publicités à la télévision pour soutenir le projet de Fwd.us. Ces campagnes ne mentionnent pas les enjeux du débat sur l’immigration. Au contraire, elles visent à défendre l’action et les positions de ces parlementaires dont la réélection pourrait être menacée en 2014.

Exemples : ces publicités attaquent Obamacare, la réforme du système de santé, mesure phare du premier mandat de Barack Obama. Elles vantent en revanche les mérites de l’oléoduc géant KeyStone XL, dont la construction est toujours bloquée. Elles plaident aussi pour les forages pétroliers dans une réserve naturelle en Alaska.

“La Fwd.us va prostituer [nos] valeurs pour quelques ingénieurs”

Dans une Silicon Valley majoritairement démocrate et progressiste, cette realpolitik ne plaît guère. Les critiques s’accumulent publiquement. Evan Williams, l’un des fondateurs de Twitter, dénonce ainsi des « méthodes douteuses ». Vinod Khosla, ancien PDG de Sun Microsystems, se demande si « Fwd.us va prostituer la destruction climatique et autres valeurs pour obtenir quelques ingénieurs de plus et une réforme de l’immigration ? »

Plusieurs groupes d’activistes américains ont par ailleurs lancé un boycott de Facebook, mettant un terme à leurs campagnes publicitaires sur le réseau social.

Ce week-end, la polémique a pris une nouvelle tournure avec l’annonce des deux départs : David Sacks, directeur général de Yammer, réseau social d’entreprise racheté l’an passé par Microsoft, et surtout Elon Musk, le médiatique patron de Tesla, constructeur de voitures électriques.

« Nous avons bien conscience que tout le monde ne sera pas toujours ravi de notre stratégie », répond une porte-parole du groupe de pression, qui souligne que de nombreuses personnalités continuent de soutenir Fwd.us. Et puis, d’autres secteurs d’activité n’ont pas vraiment de complexes pour adopter des stratégies similaires. « Le vote de la loi vaut bien cela », explique, au New York Times, un soutien du lobby.

Lire aussi :
BlueSeed, le bateau qui fait prendre le large à la Silicon Valley, paru le 09/05/2012.

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Jérôme Marin (correspondant 01net à San Francisco)