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Lars Godell, analyste chez Forrester Research : ” Le statut de pure player est un handicap “

Très critique à l’égard de la stratégie de Vodafone, Lars Godell, spécialiste du secteur télécoms, reconnaît quand même à l’opérateur des atouts. Répertoire.

En quoi diriez-vous que Vodafone s’est distingué de ses compétiteurs ? C’est tout d’abord une question d’échelle et d’accès. Vodafone a su créer une politique marketing uniforme dans tous les pays dans lesquels il est entré. En termes de publicité, cela signifie qu’il peut lancer des campagnes génériques tout en étant reconnu aux quatre coins du monde. De surcroît, cet opérateur dispose aussi de capacités d’achat de terminaux mobiles bien plus élevées que ses compétiteurs, mais aussi de capacités de traitement importantes. Cela lui permet notamment d’offrir à ses clients des compétences élargies en terme de services mobiles. Beaucoup d’analystes financiers pensent que la situation de pure-player propre à Vodafone est clairement un avantage. Les suivez-vous dans ce raisonnement ? Je pense au contraire que c’est un obstacle. Lorsqu’un client se rend chez un opérateur, il a envie de trouver un service complet, allant des lignes fixes aux mobiles. Dans ce marché hautement compétitif, si vous n’êtes pas capable de gérer à la fois des réseaux fixes et mobiles, vous n’êtes pas considéré comme un prestataire sérieux. Mais c’est aussi un problème technologique : le fait d’être un pure-player vous prive des avantages liés à la convergence entre lignes fixes et mobiles, où vous disposez de technologies mais aussi de réseaux différents, sans parler des services qui sont construits autour de ces technologies. Vodafone, privé de réseau fixe, va donc devoir repenser toute sa stratégie en matière d’outsourcing pour l’ensemble de ses opérations de réseau. Clairement, je pense que sa stratégie consistera à continuer à externaliser ce type d’opérations vers des concurrents beaucoup plus spécialisés. Autre implication : Vodafone va devoir trouver des partenaires locaux pour vendre à la fois des services fixes et mobiles. Il serait en effet peu réaliste pour cet opérateur de construire des réseaux fixes dans les pays où il est implanté : trop de temps, trop d’argent. Est-ce à dire que vous remettez en question le succès, pourtant incontestable, de cet opérateur ? À ma connaissance, la stratégie de pénétration des marchés de cet opérateur n’a pas souffert d’échec jusqu’à présent. Mais je pense que Vodafone a échoué dans l’une de ses missions majeures en tant qu’entreprise cotée : celle d’apporter de la valeur à ses actionnaires.

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Propos recueillis par SSA, à Londres