Le Forum de l’ADSL, qui s’est tenu à San Francisco en septembre dernier, a bien reflété la situation explosive du marché. Cet événement a fourni des indications sur son évolution à court terme. Selon les continents, la situation apparaît très contrastée.
L’Europe, en attente d’une législation favorable
Ainsi, l’Asie, qui a la particularité d’avoir investi très tôt dans cette technologie, se présente comme le leader des services multimédias innovants. Les Etats-Unis, eux, connaissent une croissance régulière de l’ADSL, qui se caractérise par un taux de pénétration fort, obtenu en quelques années. Mais, la technologie concurrente ?” le câble ?”, omniprésente aux Etats-Unis, semble limiter l’arrivée massive de l’ADSL. En 2001, le nombre de modems ADSL devrait être supérieur à celui des modems-câble. Enfin, si 1999 a été, pour l’Europe, l’année des tests, l’an 2000 devrait consacrer les déploiements à buts commerciaux, à condition que les politiques de régulation des gouvernements de chaque pays soient favorables. La croissance phénoménale d’Internet est le carburant de l’ADSL. Avec un trafic qui augmente de 400 % par an, il devient urgent pour les opérateurs de trouver la technique autorisant le redimensionnement de leurs réseaux. L’ADSL, qui opère dans la plage de débits 640 kbit/s-8 Mbit/s, semble être le chaînon manquant, entre le RNIS (64 kbit/s-2 Mbit/s) et l’ATM (34 Mbit/s-155 Mbit/s). Il est donc possible de prévoir une architecture de réseaux dans laquelle le protocole IP, encapsulé dans des cellules ATM soit transporté sur de l’ADSL. L’application que chaque opérateur souhaite développer est l’Internet rapide. Passer du world wide wait à un véritable World Wide Web est la motivation première des utilisateurs. D’ailleurs, peu d’applications utilisant du multimédia semblent avoir été envisagées. En Suède, Telia a tenté d’innover avec le Media On Demand. Ce dernier offre un bouquet de services (radio, musique, et nouvelles en coopération avec le journal local de Sundvall), mais n’obtient pas encore un retour très enthousiaste des utilisateurs. Et, bien que ce type de services semble être l’avenir de l’ADSL, il paraît encore manquer de maturité technique.
Un modèle encore à construire
Pourtant, l’ADSL Lite fonctionne, lui, sans difficulté particulière. Telecom Italia a clairement fait part des résultats positifs de tests effectués en grandeur nature en Lite, et considère que cette technologie est désormais mature. Son intérêt réside dans le fait qu’il y a, d’une part, interopérabilité des différents constructeurs ADSL, et, d’autre part, une grande facilité d’installation. Ces facteurs conjugués sont des gages de déploiements pour des marchés de masse. L’enjeu à court terme pour l’opérateur étant d’arriver le plus vite possible chez le client. C’est, en effet, celui qui sera présent le premier qui aura toutes les chances de conserver le client. Malheureusement, si la technique est prête, le frein majeur à toute expansion de l’ADSL a pour cause la politique de dérégulation mise en ?”uvre. Pour ne parler que de la France, la situation évolue difficilement. Alors que, il y a quelques semaines, Christian Pierret, secrétaire d’Etat à l’Industrie, plaidait en faveur d’un dégroupage ADSL pour le début 2000, il n’évoque plus, à présent, que la possibilité d’utiliser le réseau de France Télécom par le biais d’un mécanisme de circuit virtuel permanent. Néanmoins, Cegetel (groupe Vivendi) se prépare activement, puisque, associé à AOL France, à Monaco Télécom et à Alcatel, l’opérateur se lance dans une expérimentation technique et commerciale à Monaco. Cinq cents clients, particuliers et professionnels, testeront d’abord l’Internet rapide. Peu à peu, des services comme la vidéo à la demande, la visioconférence ou la voix sur ADSL enrichiront cette offre. Les ressources éditoriales des différentes filiales du groupe Vivendi permettront de fournir une solution originale en termes de contenu. Le rôle des différents intervenants sur un tel marché n’est pas encore entièrement défini.
Les rôles de chacun restent à définir
l semblerait que nous passions d’un modèle où l’opérateur est omniprésent à un modèle où entrent en jeu deux intervenants : l’IAP (Internet access provider, ou fournisseur d’accès à Internet) et l’ISP (Internet service provider, ou fournisseur de services Internet). Le premier possède, installe, met à jour et gère les équipements d’accès. C’est un grossiste qui revend ses infrastructures d’accès au second, qui fournit le contenu. Les constructeurs de PC entendent bien être partie prenante. Lorsqu’on sait qu’aux Etats-Unis la première motivation d’achat d’un PC est la connexion à Internet, il est aisé de comprendre l’intérêt pour les constructeurs d’adjoindre en standard des cartes ADSL internes. Les canaux de distribution de l’informatique classique auront un rôle capital à jouer dans la diffusion de l’ADSL. Les acteurs se positionnent, souhaitant chacun se tailler la part du lion. Enfin, les avancées technologiques et les perspectives n’ont pas été oubliées. Il est évident que les systèmes ADSL évolueront vers plus de densité, de plus hauts débits et une diminution de la consommation d’énergie. Mais on peut envisager, d’ici à quelques mois, l’adjonction d’une fonction de passerelles VoDSL (Voice over DSL). Cela permettra de découpler le coût du service voix de celui de la ligne de cuivre, et on passera alors d’un raccordement par maison à une connexion par téléphone. Dans un second temps, un concentrateur de voix (voice hub) autorisera la connexion de deux téléphones et d’un PC. Assisterons-nous à un décollage effectif de l’ADSL en Europe dans les six prochains mois ? Les opérateurs, tels de modernes alchimistes, auront-ils les moyens de transformer le cuivre en or ? .
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